La semaine dernière se déroulait les rencontres refuges au cœur des transitions à Briançon.
Durant ces rencontres, j’ai été marqué par une chose en particulier : La volonté de remettre en question l’intérêt général d’abri inscrit à l’article D326-3 du code du tourisme qui dit ceci :
Au titre de sa fonction d’intérêt général d’abri, le refuge dispose en permanence, à l’intérieur, d’un espace ouvert au public.
Lorsque le refuge est gardé, cet espace comprend au moins une salle permettant de consommer ses propres provisions.
Lorsque le refuge n’est pas gardé, cet espace offre également un hébergement sommaire.
Cette remise en question est abordé tout d’abord par le DA du Parc National de la Vanoise en expliquant que pour lui personne ne vient s’abriter dans les refuges et que quand on est blessé on ne vient pas dans le refuge, on reste à sa place et on appelle les secours.
Ensuite, une étude sur le dénombrement et la caractérisation des refuges vient barrer cet article pour définir les refuges qu’ils prennent en compte. En discutant avec l’un des auteurs c’est parce que des propriétaires privés de refuges qui se disent gardiens de refuge mais n’ont pas d’hébergement sommaire à disposition du public en toute circonstance lui ont réclamé d’être considéré dans son étude et qu’il fallait donc ne pas appliquer l’intérêt général. Etude reprise plus tard par un participant à une table ronde pour justifier qu’il faut arrêter avec cet intérêt général d’abri.
Un peu plus tard, un gardien au nom du syndicat vient se plaindre de son métier, du fait qu’il soit un interlocuteur privilégié de la sécurité des montagnards, d’aider aux opérations de secours, de veiller quand des alpinistes sont en perdition, etc… tout cela sans être rémunéré pour cela. Les mêmes qui pour s’attirer la sympathie disent au grand public qu’ils font tout cela. Mais devant un parterre de professionnels se plaignent d’être un maillon de l’intérêt général du refuge. Un peu comme si un restaurateur d’une ville viendrait se plaindre à l’OT pour dire qu’on lui demande ce qui est intéressant de visiter dans la ville alors qu’il n’est pas payé pour cela, sauf que là ben on parle de sauver des vies.
Alors tout cela pour en venir où ?
Souvent on pose la question qu’est-ce qu’un refuge …
Dans la fiche du refuge de la Soula il est écrit :
Totalement fermé hors période de gardiennage (ce ne devrait donc pas s’appeler un refuge).
Que j’aime celui qui a écrit cela ! Et ce devrait être dans toutes les fiches de ces faux refuges, avec même en encart rouge pour alerter sur le fait que malgré sa dénomination commerciale de « refuge » ce bâtiment n’en est pas un et si le responsable d’exploitation n’est pas là alors on trouvera porte close et il ne sera pas possible de s’abriter.
Tout cela pour en venir au respect du mot refuge qui sert à s’abriter, se réfugier.
Beaucoup de refuges ont un peu plus qu’un hébergement sommaire, pour le plus grand bonheur des alpinistes, randonneurs et randonneuses qui viennent dans ces lieux dans les périodes non gardées. Et ce n’est pas parce que des refuges proposent une salle commune, un poêle avec du bois, du gaz, des couchages avec des couvertures etc… que ce doit être forcément cela pour tous. La loi ne parle que d’hébergement sommaire.
Rien n’oblige à ce qu’un bâtiment qui fait de l’hébergement et de la restauration en montagne s’appelle refuge et une seule chose l’oblige à ce qu’il dispose d’un hébergement sommaire quand il n’est pas gardé, qu’il s’appelle refuge.
Pourquoi ces gens ou institutions appellent leurs bâtiments refuge alors qu’ils n’ont pas d’abri et ne sont donc pas des refuges ? Ils peuvent les appeler chalet, auberge, gite ou hôtel que ça ne dérangerait personne, ou alors c’est qu’ils en tirent un bénéfice avec une pratique commerciale trompeuse.
Pratique qui du coup vient biaiser la perception de ce qu’est un refuge. C’est excessivement compliquer de concevoir un bâtiment unique qui puisse être exploité avec un gardien et qui soit utilisable également comme abris quand le gardien n’est pas présent. Cela nécessite une réflexion forte sur le plan d’aménagement, l’optimisation du passage en mode non gardé pour limiter les accès, et c’est beaucoup de contrainte pour éviter les trop fortes dégradations et incivilités etc… qui se répercute sur le refuge en mode gardé. Mais c’est une nécessité pour la sécurité de la communauté montagnarde que de créer ces abris, quand bien même ce ne soit utilisé qu’une seule fois en dix ans… Ce sera cette vie de sauvée.