Intempéries du côté de La Bérarde et Saint-Christophe

vu directement non mais le torrent charrier d’un coup des blocs de plusieurs tonnes qui rebondissaient sur les dalles (impressionnant)

Oui mais c’est pas forcément du à une rupture de moraine ça. C’était le sens de ma question.

ou une digue. bref un tas de pierre qui enfermait une réserve d’eau (aérienne ou non). D’un coup ça lâche et ça fait une vague avec de l’eau et des pierres.

Oui ok ça peut être aussi une sorte d’embâcle (faite uniquement de pierres ici vu l’altitude) qui cède d’un coup.

Le glacier existait encore à l’époque :wink:

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Je dis pas le contraire. Bref c’est toi qui as vu tu sais forcément de quoi tu parles. J’essayais juste de comprendre.
Ça doit être impressionnant en tout cas.

En hydraulique torrentielle on distingue deux types de crue :

  • celles avec deux phases (l’une liquide, prédominante, l’autre solide) où les matériaux sont charriés (si le lit n’est pas pavé, il peut être mis en suspension)
  • et les laves torrentielles où les sédiments sont majoritaires et qui constituent une sorte de boue (une seule phase donc). Ces boues sont tellement denses que tu peux même voir des blocs flotter.
    une lave torrentielle

Vu l’altitude des glaciers dans les Alpes, je ne pense pas qu’il faille compter sur la végétation pour stabiliser les dépôts morainiques actuels. On peut trouver des blocs isolés, transportés par des glaciers, très bas en altitude (ceux qui grimpent à Calamès en Ariège passent devant un joli spécimen) mais ils datent des dernières glaciations.

L’alimentation des rivières en sédiments est très importante pour limiter, plus bas dans les vallées, l’abaissement du lit et en conséquence l’érosion des berges qui abritent souvent de nombreux enjeux (exemple le Drac et la RN85 dans le Champsaur).

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Tu mélanges un peu tout là

Un exemple des conséquences quand on fait n’importe quoi dans le lit d’une rivière, en Haute-Savoie : http://academie-salesienne.org/pdf/RVAS/RVAS36.pdf (pages 11 à 19).

C’est l’accumulation de comportements infantiles de ce genre dans le 74 qui m’ont très tôt fait penser que quand même, on ne peut pas nier que les hauts-savoyards sont, disons, un peu plus éloignés de la mer que les autres, contrairement aux savoyards qui sont bien sûr parés de toutes les vertus. :smile:

Pas tout à fait : ce qui pousse les blocs, c’est le débit, selon nature du sol.
Au même endroit, si on augmente brutalement le débit, on va faire bouger des blocs jusqu’à avoir nettoyé.
Une fois que c’est nettoyé les choses peuvent se stabiliser (par exemple dans un canyon)
Le danger, c’est qd on a à la fois bcp de matériaux non stabilisé (facile à faire partir), et une augmentation de débit au delà de l’habituel.

Si un lac glaciaire crève, on peut très bien avoir ce type de phénomène en contrebas du glacier.

D’après un expert en hydraulique torrentielle, c’est un phénomène exceptionnel qui ne serait pas produit depuis 10000 ans. Et le coeur du village de la Bėrarde aurait ėté ėpargnė de crue depuis 1785.

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C’est exactement ce que dit la fin de l’article publié par @Marik73
Je cite :

« Ces phénomènes nouveaux, Vincent Koulinski les observe depuis quelques années. A cause du climat, " il y a un changement de comportement des cours d’eau « .Une évolution qui rend les crues plus difficiles à prévoir. " Quand on étudie les risques naturels, la clé de voûte, c’est de savoir ce qu’il s’est passé avant. » Or, désormais, " des secteurs sont totalement submergés, qui n’étaient pas considérés comme zones inondables dans l’ancien climat". Face à ces nouveaux phénomènes, l’expert se dit « perdu ». " Aujourd’hui, on ne sait pas comment les aborder « . Il prend pour exemple la crue de la Vésubie, en 2020. Pour lui, les aménagements qui avaient jusqu’alors permis de protéger les habitations ne sont plus valables. " Le seul outil durablement efficace que l’on ait, c’est de limiter le changement climatique » , conclut-il. »

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Une autre technique consiste à s’installer en dehors des zones à risque ou supposément à risqe.
(J’aurais pu mettre « supposées » à risque, mais c’est passé de mode. Comme « possible » qui a donné « possiblement » par exemple, mais je m’écarte…)

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En zone de montagne, entre les crues, les avalanche et les éboulements, c’est difficile…

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« C’est vous qui voyez… »

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L’occurence du phénomène est juste exceptionnelle ; on cherchait un peu à remonter aux siècles passés, cela dépassait donc notre imagination et pose vraiment le problème de manière plus globale. Merci pour cet article très instructif sur le fond, et qui rejoint nos observations (j’ai souvent dit suite à cette saison météo hiver + printemps « je n’ai jamais vu ça » ou « on ne peut plus prévoir, il n’y a plus de norme »). Cette catastrophe en est une malheureuse et très triste illustration.

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J’imagine que l’expert n’affirme pas que « c’est un phénomène exceptionnel qui ne se serait pas produit depuis 10000 ans » sans avoir des arguments scientifiques sérieux. Ma question est donc par curiosité: comment font-ils pour dater ces phénomènes ?

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J’imagine qu’il veut dire " au moins 10 000 ans"
Ça veut pas dire qu’il a trouvé qu’un phénomène similaire se serait produit à cette échéance mais qu’il a des billes pour dire qu’en tout cas depuis 10000 ans il n’y en a pas eu

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10.000 ans, c’est la fin de la dernière glaciation. Donc j’imagine que pour un géologue ou un spécialiste de géomorphologie, il lui suffit d’observer ou de recueillir à un endroit donné des roches et matériaux issus de cette période pour savoir qu’il n’y pas eu à cet endroit d’autres apports depuis.

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Bonjour, merci à tous pour vos contribution. Je n’ai pas lu tous les messages, mais un bon nombre d’entre eux. Certains s’interrogeaient sur le fait qu’autrefois la Bérarde était occupée à l’année.

Je confirme ce que d’autres ont dit que la Bérarde et les Etages étaient occupé en permanence jusqu’au début des années 60 (1961 ou 1962 si je me souviens bien pour les Etages).

Depuis, un homme du village, Rémy Turc était revenu y habiter à l’année jusqu’à son décès. Je me souviens bien de lui et de sa mobilette. Plus récemment, le gérant de la créperie hivernait là haut. Aux Etages, depuis quelques années, l’auteur JM Rochette et son épouse vivent à l’année. JM Rochette vient d’ailleurs de publier un livre sur un hiver passé en Haut Vénéon.

Les révisions de feux de 1339 mentionnent des maisons Au Carrelet, au Vallon des Etages, sur le plat ds Etançons, dans la vallée de la Lavey… Plusieurs historiens pensent que ces hameaux étaient à l’époque occupés en permanence. il y a des traces d’habitat encore plus haut en altitude, le site Valloumage y fait allusion. Pendant l’optimum du moyen age, il y avait plus de monde dans ces vallées qu’aujourd’hui.

Sans être originaire de la vallée, ma famille possède un chalet aux Etages. Nous sommes la troisième génération à y monter régulièrement. On connait donc bien le coin. Les anciens se souviennent avec nostalgie des hivers passés là haut. Dans les années 50, le facteur habitait aux Etages. Il descendait tous les jours à ski jusqu’à la Ville (le chef lieu de la commune) pour y récupérer le courrier et le livrer dans les hameaux jusqu’à la Bérarde. Quand les fils téléphoniques avaient été endommagés, il se chargeait des réparations. Son fils a encore une maison dans le hameau et l’accompagnait parfois dans ses tournées. Il y avait une école dans chacun des hameaux, le batiment des Etages existe toujours. Il est conu sous le nom de « Ancienne Ecole ».

Il y a quelques années j’ai rencontré le doyen de la Bérarde (décédé depuis). Il racontait avec nostalgie son enfance dans le hameau et les bagarres organisées avec les enfants des Etages dans les pentes au dessus de la route à mi-chemin.

Dernière petite anecdote. Il existait autrefois une chapelle au bord du Vénéon aux Etages. Elle apparait en ruines sur de vieilles photos. Elle a fini par être emportée par une crue. J’ignore la date mais je dirai fin 19eme siécle ou début 20ème siécle.

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