J’ai bien lu l’article rédigé par Strider et je ne lui trouve pas les défauts relevés par Yann.
Peut-être parce qu’il ne faut pas lui faire dire ce qui n’est pas son objectif.
Je cite : « un panorama des acteurs qui interviennent dans la protection de la montagne en France. »
ou encore : « Quels sont les acteurs de la protection de la montagne à l’œuvre sur le territoire alpin français ? ».
L’article n’a pas pour objectif de situer où en sont les différents acteurs dans leur démarche vis-à-vis de la protection de la montagne, entre la destruction, l’opposition, l’indifférence, la prise de conscience, la réflexion, l’action non militante, l’action militante …
Une telle analyse critique serait d’ailleurs une étude à mon sens dangereuse, partiale et partielle, certainement contreproductive et très vite obsolète, et en plus de nature à empêcher toute dynamique et évolution des différents acteurs.
Les guides de haute montagne, à titre individuel, et leurs compagnies, bureaux, syndicats sont des acteurs de la protection de la montagne. Certains en sont au stade de l’action militante (dans MW par exemple), d’autres en sont encore au stade de l’indifférence. Mais ce sont des acteurs. Je comprends que Yann est guide et sans doute acteur militant. Son action en tant que guide doit alors dépasser la critique de ses collègues et des compagnies qui commercialisent des pratiques qu’il réprouve, mais au contraire doit consister à favoriser la prise de conscience et la réflexion de ses collègues pour des changements de pratique.
Les sociétés de remontées mécaniques auraient effectivement dû être mentionnées parmi les acteurs de la protection de la montagne. Ne pas les considérer comme tels revient à tirer un trait sur des surfaces considérables de l’espace montagnard. Elles ont un rôle à jouer et elles le jouent parfois. Après tout, le SNTF participait il y a 15 jours à la semaine alpine sur l’innovation dans les Alpes pour le développement durable. Pour glaner de nouvelles idées selon son représentant. C’est peut-être l’amorce d’une prise de conscience. En tous cas, une sacrée évolution et aussi un dialogue constructif entre défenseurs de l’environnement et aménageurs.
Les collectivités locales, Chamonix y compris, sont évidemment des acteurs incontournables de la protection de la montagne. Toutes ne sont pas au même niveau, certaines s’en foutent et laissent faire, d’autres sont beaucoup plus avancées. Elles étaient nombreuses à la semaine alpine et j’ai rencontré plusieurs élus quasi au stade de l’action militante au risque même de brusquer leurs populations.
Les agriculteurs certes, mais de façon plus générale, les populations sont des acteurs de la protection de la montagne. Les alpinistes, individuellement ou représentés par leurs clubs ou fédérations, sont à mettre aussi dans la liste. Mais les populations comme les alpinistes peuvent se situer à des niveaux très variables vis-à-vis de la protection de la montagne.
Parmi les institutionnels, relevant de l’état, l’armée est un acteur important. Même si elle se désengage, elle intervient encore sur des zones suffisamment significatives pour que son rôle, positif ou négatif le plus souvent, ne puisse pas être occulté.
Strider mentionne à juste titre les acteurs économiques et sociaux. Certains en sont au stade du green washing ? Oui et alors, c’est un premier pas qui ne saurait les éliminer et les faire condamner. Cela leur donne une marge de progression. Réduire l’étude de Strider à cette seule mention dans le titre de ce sujet est trop réducteur.
Yann fixe un objectif : « éclairer sur les acteurs réels du développement durable en montagne pour éventuellement favoriser le mouvement. »
C’est aussi un bon objectif qui ne s’oppose pas d’ailleurs à celui de Strider. Il est même plus complet puisqu’il traite du développement durable (DD), dont la protection de la montagne n’est qu’un sous-ensemble. N’oublions pas en effet que le DD repose sur trois piliers d’égale importance : l’environnement, l’économie et le social. Ceci élargit alors considérablement les acteurs, puisqu’il s’agit de tout le monde !
D’où la nécessité de rajouter le terme réel qui signifie sans doute ici acteur militant.
Yann a bien vu la nécessité de créer une dynamique, mais malheureusement ses critiques précédentes qui visent à exclure ceux qui ne sont pas (encore) suffisamment engagés risquent de tuer dans l’œuf tout début de mouvement au lieu de le favoriser.
Je partage donc plutôt une approche plus pragmatique consistant d’abord à inventorier tous les acteurs potentiels ou réels, quel que soit le niveau auquel ils se situent à un instant ‹ t › en évitant de distribuer de bons ou de mauvais points.