Guide ou pas guide ??
L’histoire commence au pied de l’aiguille de roc (Envers des aiguilles) au départ de Children of the moon. Superbe voie Piola de 17 longueurs, avec une majorité de 6A. A l’époque, avec mon compagnon de cordée, nous n’avions que 4-5 d’expérience en montagne et nous avions voulu faire appel à un guide pour nous emmener dans un itinéraire un peu plus soutenu et long que les courses que nous faisions habituellement de manière autonome. Pourquoi ? pour progresser tout simplement.
Donc, nous étions tous les 3 au pied de la rimaye occupés à nous équiper quand arrive une cordée. L’un des gars, déconfit de voir des « clients » avec un guide, lance un ironique « ils sont rapides tes clients ? ». Vague réponse de notre guide qui, bien décidé à ne pas laisser sa place, attaque la 1ère longueur.
J’ai droit à un « p’tain, ils ont même pas mis leurs chaussons. pffffff… ». (Ben oui, pour assurer en pente sur de la neige gelée, je trouvais mieux de rester en crampons. je le pense toujours).
J’attaque le départ en second, sour l’oeil excédé de notre gugus qui tapotte sur le rocher en attendant.
Nous avons enchainé toute la voie dans la joie et la bonne humeur .
Pour la petite histoire, le gugus en question, au taquet dans la 1ère longueur, a laché au 1er relai qu’il était « plutôt calcaire bien équipé ». Son pote a tout grimpé en tête ensuite, avant de redescendre à mi-voie.
Ce jour là j’ai eu l’impression d’être un moins que rien parce que nous devions payer pour aller en montagne. Aussi honteux que de payer pour d’autres formes de plaisir !!
J’ai souvent relevé ce comportement de dédain chez les alpinistes, considérant que le client doit être nul, qu’il n’a rien à faire là puisqu’il a besoin d’être assisté d’un guide… D’ailleurs souvent on ne parle pas au client mais directement au guide: « fais gaffe ton client il perd son crampon… » ben oui, le client doit surement être sourd, ou alors il est étranger, ou alors il ne sait pas ce qu’est un crampon…
Pitoyable sentiment de « supériorité ».
Il me semble qu’un guide peut permettre de se perfectionner, de progresser, d’apprendre… Pour ensuite en profiter dans sa pratique autonome.
Et puis surtout: la montagne est à tous et c’est encore un espace de liberté. Les ayatollah de la montagne oublient que l’on va en haut pour ensuite en redescendre: pas de quoi gonfler le poitrail comme des coqs.