la descente de l’Aiguille du Midi avec sa vue plongeante sur Chamonix, avec un(e) débutant(e) plus ou moins motivé(e), ça passe ou ça coince définitivement …
j’aurais tendance à plussoyer pour le Tour, en la jouant cool selon la réaction à l’altitude, si je ne me posais deux questions auxquelles tu es seul à pouvoir répondre pour toi-même, niveau de la motivation, niveau physique de l’intéressée !
Cela me rappelle une vieille histoire vécue : une fois au refuge de l’Étendard un jour sans trop de monde mais avec beau temps assuré on était trois cordées : un père de famille qui emmenait son garçon de dix ans au col des Quirlies pour sa première balade sur glacier et son premier 3000, ma douce et moi en partance pour la cime de la Cochette (histoire de changer un peu de l’Étendard) et un couple. Lui alpiniste grand beau viril (mais sans corde !), elle oiseau des Iles antillaise venant pour la première fois en montagne, suivant son nouveau chéri qui tenait absolument à lui montrer son terrain de jeux favori. Absolument terrorisée, encore plus lorsqu’elle s’est rendu compte qu’ils seraient seuls sur la course, et encore plus de voir notre surprise de l’absence de corde (c’était en été … ). Et en plus pas réellement sportive et motivée, son sport c’était la natation ! Elle suivait juste son mec pour lui faire plaisir, c’est tout. Elle a exprimé tout ça à ma douce, qui sait faire parler les gens comme personne, elle n’est pas journaliste par hasard, mieux que le plus habile flic ou juge d’instruction ( )
J’ai parlé au mec entre hommes (!), d’abord que c’était pas raisonnable de partir sans corde surtout seuls sur la course, ensuite et mine de rien que sans expérience de la montagne et de l’altitude il allait la dégoûter. Il a essayé de nous débaucher pour venir avec eux, vu qu’on avait une corde, mais j’ai poliment décliné au motifs qu’on n’avait pas le matériel de sécurité glaciaire, et puis que l’Étendard on connaissait déjà (en fait je n’avais surtout aucune envie de les prendre en charge !!!). Finalement on les a envoyé faire l’aiguille de Laisse, sympathique petite arête au dessus du refuge frôlant les 3000.
Et une autre, quand face à la première pente de la Petite Aiguille Verte, ma douce a décidé qu’elle n’irait pas plus haut ! J’ai pas dramatisé, on est descendu par le glacier en sautant les crevasses, pour elle c’était la première fois, et finalement elle a été très contente de sa journée.
Les histoires de couple en montagne ça me rappelle toujours Nicolas Jaeger (in « Carnets de solitude ») quand il raconte le matin de grand beau temps où sa femme, qui avait déjà fait plusieurs courses avec lui, s’est assise sur son sac en disant « non, je n’irais pas plus loin. J’ai pas envie ». Ben, ils sont redescendus au lieu de monter, et ça ne les a pas empêchés de vivre heureux encore un certain nombre d’années, jusqu’à sa disparition dans la face sud du Lhotsé.
Alors arrangez vous comme vous le pourrez, faites vous plaisir en montagne à deux c’est chouette quand c’est possible, mais n’en faites pas un enjeu car il y a plein d’autres choses dans la vie :rolleyes: