Direction le Jannu est
Himalaya, Karakoram : suivi des expéditions
Une impressionnante tentative en solitaire pour James Price : la traversée intégrale des Batura (pt culminant 7795m) dont 14km au-dessus de 7000.
Un article de Montagnes mag sur le sujet
Quelle expérience à 25 ans!
James Price, 25, has climbed extensively in the Alps, where he has lived since 2020. He has completed the 82 4,000’ers and three of the big North Faces: the Eiger, Grandes Jorasses, and Matterhorn, which he soloed. He has also climbed in South America. This was his fourth visit to Pakistan. Last year, he made solo first ascents of Passu North (6,884m) and opened new routes on Passu Diar (7,295m) and Maidon Sar (6,090m).
Assez hallucinant le niveau d’engagement. Mais les photos des orteils gelés font vraiment mal au ventre. L’alpinisme extrême porte malheureusement bien son nom.
Oui en effet, le niveau d’engagement…
Je suis impressionné de voir que pour 3 semaines d’autonomie son sac de pesait « que » 30kg. Quel niveau de sacrifice doit-on faire sur l’hotel de la légèreté? N’y a-t-il un moment une perte d’efficacité à vouloir tout diminuer(bouffe, equipements chauds, ect…).
Pour exemple la tente qu’il (simond makulu d’assaut monoparoie 1kg) est extrêmement compact et legère dans le sac mais condense enormement et protège moins des mauvaises condi qu’il a pu rencontrer.
S’il avait eu 3 ou 4kg en plus (une tente double paroie+2 cartouches de gaz+un sac de couchage ou doudoune plus chaud+nourriture supplementaire par exemple) cela lui aurait peut-être permis d’eviter ces gelures graves sans pour autant aller moins loin voir même de continuer.
C’est déjà énorme! Même si c’est relativement peu pour 15 jours d’autonomie.
Edit : 3 semaines
Tout dépend. S’il avait tout le matos pour du solo auto-assuré (cordes, protections, dégaines…) alors non 30kg pour 3 semaines c’est pas tant que ça.
Oui c’est très pénible à porter mais si en plus tu as 3 semaines de bouffe alors ça veut dire que un moment ou un autre tu as fait des sacrifices important
Ben oui il a sûrement fait quelques sacrifices; mais en même temps porter plus de 30 kg sur de telles distances est-ce bien raisonnable? (il a pas l’air gros gros)
Après niveau équipement technique je ne sais pas est-ce qu’il avait besoin de matos rocheux? Sans doute un minimum mais peut-être pas tant que ça.
Fut une époque, un peu folle et pas si lointaine, où posséder tous ses orteils faisait de vous la curiosité du camp de base. L’himalayisme moderne propose encore quelques embardées à faire noircir les phalanges mais la raison a semble-t-il pris le pas sur l’engagement à tout va qui régnait sur les plus hauts sommets dans les années 1980. Conjugué aux progrès dans la préparation, l’équipement et les prévisions météo, ce relatif retour à la raison épargne aujourd’hui les orteils mais ampute les récits de ce qui faisait autrefois leur sel
Ça se fait bien. Au pire tu renonces, mais si tu n’as pas assez de matos/nourriture pour tenir la retraite t’es foutu. D’où le terme d’engagement : ça passe ou ça casse. En l’occurrence ses orteils…
Mais peut-être qu’emporter plus n’aurait rien changer qui sait…l’altitude et le froid étant ce qu’ils sont…
Ca te choque cette prose? C’est du Thomas Vennin.
Ben de toute façon pour s’engager dans un tel projet oui… ça engage (surtout seul, sans porteur d’une traite, sans CB) oui forcément faut engager. Qui plus est sur une arête en grande partie non parcourue.
Tu dis que ça a cassé moi je trouve qu’il est revenu vivant certes un peu amoché mais ça a pas l’air de trop l’inquiéter pour la suite.
C’est au contraire le jeu de mots qui m’amuse…
Ah ben oui pas étonnant venant de lui.
Oui tu as raison il s’en sort vivant mais ça reste une amputation à minima d’orteils donc ça reste grave.
Mais comme tu dis l’important c’est comment lui le vit
Lachenal l’avait mal vécu car c’était pas vraiment son choix. En tout cas il était pas seul donc forcément influencé. (Désolé je veux pas rentrer dans ce débat là)
Là il était seul ça doit être plus facile à assumer. Il peut se traiter de con sur son lit d’hôpital mais il a visiblement aimé vivre ça. Et on peut le comprendre.
Tout à fait. C’est la différence entre quelque chose de subit ou désiré. Cela peut nous fait vivre une même situation de manière totalement différente.
Quand nous dormons dehors par -10 nous parlons d’aventure(ou de plan foireux, c’est selon…) mais quand un sdf dort dehors en plein hiver on parle de pauvreté.
Et ceux qui ne sont ni alpiniste ni sdf nous prennent un peu pour des fous à nous infliger de tels souffrances. Sauf que du fait qu’il s’agisse de notre choix, pour nous c’est acceptable. Mais difficile à comprendre de l’extérieur.
C’est tout de même un peu bizarre cette comparaison entre les SDF qui dorment dehors dans la rue et les bivouacs des alpinistes en montagne…
Perso, je n’aime pas trop et je n’y vois aucun rapport de comparaison adéquat…
Et un bivouac en montagne, ce n’est pas de « telles souffrances » comme tu dis, mais un réel plaisir et un vrai bonheur, même par -10 ou -30°C…
Non, pas du tout.
C’est bien plus que ça !
Mais le sujet c’est l’Himalaya et le Karakoram, et là oui il y a de la souffrance auto-infligée et totalement « inutile », payée très cher, et souvent juste pour « faire un 8000 »…
La comparaison avec le sdf est une illustration pour distinguer deux situations où factuellement on dort dehors mais où le contexte change radicalement la description que l’on en fait. Mais a ses limites c’est sûr.
Le « acceptable » ne veux pas dire que c’est juste un moment acceptable sans plus. Mais que nos motivations personnelles rendent ces bivouacs si merveilleux et que pour vivre cela nous devons accepter justement l’effort physique necessaire ainsi que l’exposition à des conditions parfois pas faciles.
Mais d’autres personnes qui n’auraient pas cette même sensibilité à la montagne vivraient, je te le garantis, tes moments merveilleux comme un enfer.
C’est tout le problème des expeditions commerciales : beaucoup de personnes rêvent de vivre l’expérience des 7000 ou 8000m mais refusent d’accepter l’inconfort et les risques auquel s’est exposé par exemple James Price.
Et la seul solution pour arriver à 7000 ou 8000 sans cette acceptation du risque/inconfort c’est d’utiliser une assistance massive autour de soit qui se traduit par les grosses équipes népalaises pour quelques touristes étrangers.
Ce n’est que mon point de vue mais je pense qu’en himalaya sur les 8000 il y a non seulement un problème d’éducation à l’éthique de la pratique de la montagne mais aussi de sensibilité à la montagne.
Je suis d’accord, un bivouac ne se resume pas qu’à de la souffrance mais aussi à tout ce qu’il y a autour et à ce qu’il se passe dans notre tête quand nous entreprennons de gravir une montagne. Si on aime vraiment la montagne alors on ne cherche pas à fuir sa confrontation mais plutôt à vivre avec elle(la montagne). C’est ce qu’a fait James P et ce que refusent de faire beaucoup de participants aux expés commerciales.