Posté en tant qu’invité par montagnement votre:
pour moi les gens qui vivent à Annecy, Annemasse, Chambé ou Grenoble, et y travaillent au quotidien, n’habitent en aucun cas en montagne, et y travaillent encore moins.
Ce sont des urbains comme les lyonnais ou les toulousains, à la différence qu’ils vont souvent en montagne, pour leur loisir principalement…Les uns vont en « station » dont ils veulent l’accès facile (déneigé etc…) et les remontées-pistes performantes, les autres vont religieusement dans le « sanctuaire » qu’ils aimeraient être un « musée qu’on y touche pas » (je caricature les deux cas, bien entendu)…mais que les deux visions se complètent ou se confrontent, quoiqu’il en soit c’est de l’ordre du récréatif…C’est pas le freeride du WE, ou la rando du dimanche, ou la course de rocher en jour RTT qui va faire vivre et nourrir ces personnes-là…C’est bien la ville où ils ont trouvé leur taf.
D’ailleurs il y a tout un tas de gens à Chambé, Gre etc…qui se fichent de la montagne, vivent un mode de vie urbain, ne font pas de sports et n’éprouvent pas l’appel des cîmes.
J’ai vécu à Chambé au quotidien, et j’ai donc fait parti de ce type de population…et là je vis en montagne au quotidien : ça n’a rien à voir. Vivre en montagne dans un joli cadre c’est très beau, il y a de nombreux avantages, mais c’est aussi beaucoup plus contraignant.
A moins d’être dans une montagne très peuplée assez proche des grandes vallées, avec beaucoup d’infrastructure et de réseaux…Les gens qui vivent sur Mercury, sur Saint Cassin, St Hilaire etc…vivent plus dans un territoire péri-urbain qu’ils vivent réellement en montagne.
Nan vivre en montagne au quotidien, c’est d’avoir des distances partout, avec des routes de montagne longues et sinueuses, et accepter ce que ça implique…et ce, à moins d’être logé dans le même lieu que son lieu de travail, sans bien entendu compter les déplacements pour faire les courses, voir le médecin, vivre un peu du culturel et de l’associatif, car on a en bien tous besoin à un moment ou un autre.
Cet automne, donc hors-saison, la première supérette, la première pharmacie et le premier médecin présent se trouvait 900m plus bas à 23km (soit 26Km A/R), 25-30min de route (soit 1h A/R) avec 25 grands virages en épingle à cheveux, et une centaine de courbes parfois bien délicates (x2 en A/R). Pas de transports en commun sauf en saison et très peu. Et bien sur on consomme beaucoup plus en montagne, qu’en vallée.
En hiver les gens qui vivent en montagne doivent surveiller en permanence l’état des routes. Emprunter au quotidien une route sinueuse et étroite qui varient entre 6 et 15%, qui est souvent enneigée, verglacée, avec plaques de glace, des petites chutes de pierre, des revêtements pourris, avec des affaissements, c’est autre chose que de prendre le tramway de grenoble!!
Remonter là-dedans de nuit sous la tempête de neige, avec des gens bloqués devant, qui sont pas équipés et qui galèrent et te bloquent aussi…et ce quotidiennement. Je connais bon nombre de gens qui ont eu des soucis de bagnole (sortie de virage, un peu de casse etc…) alors qu’ils ont l’habitude…
Du coup, en montagne, on aime la neige les jours de repos, certes, mais au quotidien, chaque chute de neige apporte ses désagréments et ses contraintes !! Et par moment on se dit « fait chier, il va neiger »
En fin de saison d’hiver, tu lorgnes les vallées qui sont dans la belle verdure, et toi ça fait depuis novembre que t’es dans le blanc et t’en as ras le bol de voir que du blanc, du blanc, du blanc…Et il y a encore de la neige de prévu les jours prochains et ça te plombe un peu le moral.
L’été et l’automne du coup, c’est presque perçu comme idyllique à côté…mais pour beaucoup d’employé ça ne fait pas vivre comme la saison d’hiver, la complémentarité est plus que nécessaire.
Par contre on vit dans un cadre fort, on voit au quotidien (quand il faut beau) de superbes paysages, on vit dedans, on est impliqué dedans, et on le voit évoluer…Et les relations relèvent beaucoup moins de l’anonymat qu’en grande ville, c’est vrai, quoique c’est pas forcément facile de s’intégrer, faut faire preuve d’une grande patience en général.
Nan c’est autre chose, autre avantages, autres contraintes…