Posté en tant qu’invité par un inconnu:
"Fizz hurlait en silence, dents serrées, bouche ouverte. Seuls ceux qui ont vu une femme pousser un cri muet dans l’orgasme savent à quel point il est assourdissant. Le sien déchirait la chambre et déchainait ma frénésie.
De temps à autre, elle atteignait des sommets si hauts que, l’ayant perdue de vue, je devais
attendre qu’elle redescende pour renouer le contact. Parfois, elle revenait impatiente de repartir à l’assaut d’un autre pic. Parfois, elle revenait affaiblie et je devais la préparer à nouveau. Je tentais de la suivre, de rester à sa hauteur, mais ce n’etait pas toujours possible.
Il n’ y a pas de doute : dans le sexe, les hommes stationnent au camp de base. Ils peuvent jouir des nombreux plaisirs de la moyenne montagne, mais les sommets vertigineux leur sont refusés. Il leur manque le souffle, l’imagination, l’abandon, l’anatomie. Leur tache consiste à préparer les vrais grimpeurs : les femmes, artistes des hautes cimes. Ces chamois capables de sauter d’arête en arête,
de sommet en sommet, jusqu’à la vastitude de l’éternité.
Depuis des millenaires, les hommes luttent contre cette certitude.[…]. Il n’est pas facile pour un sanglier de vivre parmi les gazelles. Les hommes rusés attendent et jouissent par procuration. Ils inventent pornographie et plaisirs de substitution. Ils encouragent les alpinistes, les admirent de loin, et en tirent du bonheur.
Les hommes stupides mettent les chamois aux fers. Ils serrent les rangs, inventent la religion, la moralité, les lois, érigent des palissades et interdisent les montagnes. Nul n’ ira ou ils ne peuvent aller. Les hauteurs sont perdues à jamais."