Posté en tant qu’invité par Michel:
Meilleurs voeux à tous pour cette nouvelle année,
j’ai lu les post récents (149!) et un certain nombre d’arguments me surprennent par leur coté péremptoire. Comment le rapport d’une sortie audacieuse par un excellent skieur finit-il par provoquer 150 messages plus ou moins désapprobateurs ? Je précise que je suis un très modeste randonneur qui essaie simplement depuis 30 ans de n’avoir que le meilleur de la randonnée et d’éviter le pire ; pour compléter, je n’ai jamais mis les pieds dans les combes des Aravis.
Mes interrogations tournent autour de deux points :
1/ comment peut-on laisser penser que l’auteur d’une trace, ou d’une description sur Internet, pourrait porter la moindre responsabilité vis-à-vis de ceux qui le suivent
2/ est-il réellement possible de développer une connaissance du manteau neigeux telle qu’il soit possible de détecter les plaques à vent, voire de les déclencher en étant certain de garder la maîtrise des événements.
La première opinion semble portée par Greg, P38, tandis que la seconde est issue des propos de Laurent et de Bubu.
Lorsque Lionel Daudet part pour la face Nord de l’Eiger, il laisse des traces, entre autres médiatiques, il n’est venu à personne l’idée de le suivre. Lorsque Tardivel descend la face Nord du Pecloz, de la Tournette ou celle de la pointe du midi, il laisse aussi des traces y compris sur c2c : les vocations pour le suivre restent peu nombreuses. Si en faisant la trace en randonnée, il fallait penser en plus à tous ceux qui pourraient ultérieurement la suivre, je pense en effet que le terrain de jeu se réduirait rapidement aux pistes des stations. En montagne, alpinisme ou randoski, comme hors piste, chacun est responsable de sa sécurité : invoquer la présence d’une trace ou d’un prédécesseur relève de l’irresponsabilité. Vouloir limiter notre terrain de jeu à des courses sûres pour tous est irréaliste : la montagne doit rester un espace de liberté.
Quant à la prévision de la présence de plaques au mètre près, je reste très dubitatif. Savoir quelle quantité de neige une avalanche va mobiliser est il possible ? Surtout comment peut on laisser penser qu’une plaque partira « en dessous de soi » et que le dessus ne bougera pas ? Dans le premier cas, en effet, on peut admirer du haut le bel aérosol, dans le second, on risque fort de se retrouver dans la neige en mouvement, avec des conséquences imprévisibles. Comment être sur d’éviter les plaques à la montée et d’arriver à les faire partir à la descente ? Les limites du système des chiffres, risque 2, 3, 4 ont bien été montrées, car un risque globalisé dans l’espace est très réducteur en randonnée. Mais comment savoir, alors que le risque est revenu à 2 voire 1, si telle pente à risques recèle encore une épaisseur dangereuse de gobelets dans le fond du manteau ?
Ne perdons pas de vue que si le nombre de victimes d’avalanches durant la descente est très supérieur à celui de ceux qui sont pris à la montée, la situation de montée entraine, il me semble, un bien plus grande vulnérabilité du randonneur en limitant singulièrement ses capacités de fuite, mais il s’agit bien dans tous les cas de situations d’urgence.
Comme en parapente, la compétence permet d’approcher plus près des limites, mais entre compétence et excès de confiance …
Bonnes neiges, bonnes traces et prudence,
Michel,
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Un vaisseau quitte le Vercors : où va t il ? rejoindre au travers le Dauphiné des contrées plus alpines ?[/center]
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