Grimpo-analyse

Chers amis grimpeurs,
J’ai croisé il y a peu une grimpeuse qui gagne sa vie en enseignant l’escalade. En cherchant à faire progresser les gens, elle doit bien évidemment aborder les problèmes de mental, qui peuvent faire écho à des pb psy. Elle est allé jusqu’à dire que la façon de grimper révélait beaucoup de choses au sujet de celui qui grimpe.
L’idée m’a séduit. Probablement parce que je suis un garçon qui traîne beaucoup de problèmes! :wink: J’adorerai que l’on lise en moi au travers de ma façon de grimper.
Les objections ont surgi dans ma tête: on peut faire montre de courage sur le rocher et être d’une grande lâcheté dans la vie je suppose. J’admets que le manque de confiance en soi, par exemple, puisse imprégner à la fois nos vies et nos voies. Mais, plus généralement, si l’escalade est un exutoire à nos problèmes, il est possible que nous ne soyons pas du tout les mêmes sur le rocher que dans les autres sphères de notre existence.
Qu’en pensez-vous? Nos blocages en escalade disent-ils nos blocages existentiels? Notre rapport au plaisir et au bonheur peut-il se lire dans notre façon de grimper?
Qu’est-ce que l’escalade vous a appris au sujet de vous même? Les tiers qui vous ont parlé de votre façon de grimper vous ont-ils ouvert les yeux sur des facettes de votre personnalité?

Je commence par mon propre cas, et par une anecdote. Je monte les paires dans Chute de chèvre à Saint-Léger, je fais un run et… trois arrêts! Je redescends et je dis au pote avec lequel je grimpais « ouahh, je sais pas si je pourrais jamais enchaîner ce truc ». Il y va et massacre la voie (arrêt à tous les points, il tire au clou dans le crux). Il redescend et là il me dit : « je le sens bien ce truc, je bouge bien dedans, c’est dans mes cordes ». La différence d’attitude m’a sauté aux yeux. J’en suis venu à me demander pourquoi j’avais un regard aussi négatif sur moi-même, aussi peu optimiste. Je me demande si je ne grimpe pas « sandbagged by regrets ». Tiens, ça ferait un chouette nom de voie.

Sujet intéressant… Reste à savoir combien d’années de psychanalyse il me faudra pour être à l’aise au-dessus des points :smiley:
Plus sérieusement, j’ai l’impression d’avoir régressé mentalement dans la grimpe après des périodes difficiles psychologiquement (sans lien avec la grimpe).

Parallèlement j’avais posé la question à des connaissances psychologues sur l’impact de l’état mental pour les joueurs d’échecs. Ils m’ont confirmé que ça pouvait avoir un lien (effet Pygmalion/Golem). J’imagine que ce qui est vrai aux échecs peut aussi fonctionner en escalade.

Les périodes de crise ne sont pas nécessairement accompagnées de régression de niveau. J’ai fait quelques perfs (tout est relatif, pour certains ce seraient des cotations de chauffe) suite à des ruptures amoureuses où tu manges plus et tu te consumes à tous les sens du terme.
Par contre, s’installer dans des moods plus ou moins dépressifs doit pas aider…

Ben c’est normal t’avais perdu du poids

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Je ne saurais pas m’analyser moi-même sur ce plan, mais parmi mes partenaires de grimpe j’ai autant vu des gens qui sont paralysées dans leur grimpe par des problèmes personnels ou traits de caractères que à l’inverse des gens qui se libèrent en falaise, par exemple en étant toujours positifs avant de se lancer dans une voie alors qu’ils sont pleins de doutes et pessimistes dans la vie de tous les jours. Donc je ne suis pas convaincu par cette idée dans le cas général. Par contre quand on a des problèmes personnels qui se reflètent dans la grimpe, je pense que l’escalade peut alors faire partie de la solution, comme occasion de surmonter ses doutes et découvrir d’autres aspects de sa personnalité.

L’impact sur la grimpe doit dépendre de la personnalité et des techniques mises en place pour surmonter le trauma. Personnellement, je n’avais pas vraiment de différence physique (d’ailleurs en course à pieds mes perfo sont restées stables) mais j’arrivais moins à engager.

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Il y a probablement des stéréotypes de grimpeur qui correspondent à des constructions psychiques. Par ex. le mec qui est musclé, bien de sa personne, et qui crie dans les pas durs histoire que tout le monde soit au courant qu’il existe et qu’il est fort. Sa copine est canon, mais c’est à peine s’il quitte des yeux l’écran de son tel quand elle fait un run (il lache un « allez » de temps à autre histoire de). Gros soupçon de narcissisme.

Ou alors MMM (maxi marge man), le mec qui fait un sec chaque fois qu’il commence à peine à sentir ses avant-bras: Control-freak.

Le mec qui insulte la voie. Et pour faire bonne mesure cet enc*** d’équipeur qui a mis le point au mauvais endroit. Carences affectives dans l’enfance?

J’avais été assez marquée par un gars en escalade : au sol, il avait énormément de tics, de façon assez envahissante. Dès qu’il était sur du rocher, on aurait dit un chat, ses gestes étaient hyper précis et souples. Le contraste était sidérant, j’avais vraiment l’impression de deux personnes différentes.

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Après on peut tous dire une connerie un jour comme ça…

C’est gentil de ta part. Pour un peu on l’aurait prise pour une connasse et moi pour un connard.

Effectivement. Cela devient une connerie si on réduit la personne à la façon dont elle grimpe, on tombe encore dans une catégorisation de la personne particulièrement simpliste. Mais ce n’est peut-être pas ce qu’a voulu dire l’amie de @jpm31.
Une personne émotive peut l’être bien sûr au-dessus d’un point. Et ces émotions qu’elle montre en grimpant peuvent la desservir bien sûr mais dans d’autres domaines ces mêmes émotions vont devenir une richesse. Bref, rien de simpliste… ni simple d’ailleurs.

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Oui je pense surtout quon peut apprendre des choses sur les personnes en toute circonstance et pas plus dans leur façon de grimper qu’autre chose. Rien que le comportement en société me semble bien plus révélateur que la manière de grimper.

Disons que là on comprend dans ce qu’elle dit que ce que l’on apprend de la personne ce sont des choses à son insu. Quand on contrôle une situation, on peut en effet cacher plus facilement certaines choses de ce que l’on est ou ressent. Dans le.social par exemple.
Mais l’idée même d’en apprendre sur l’autre quand elle grimpe,.quand elle est dans une situation difficile parfois et d’en déduire certaines choses comme ce qui a été décrit plus haut me déplaît assez. Mais bon c’est moi là. Chacun fait bien comme il l’entend.

Moi aussi un peu. Et me laisse sceptique.
On peut sans doute imaginer des choses mais qui pourront tout aussi bien s’avérer totalement erronées

On ne peut avoir que des intuitions je suppose, aucune certitude. Des hypothèses qui peuvent être étayées ou infirmées par des échanges.

En tout cas on ne se voit pas grimper (à part l’élite filmée à tout bout de champ). L’autre nous voit grimper.

Je pense que oui, notre attitude en escalade peut révéler des facettes de notre personnalité, et en particulier le manque de confiance en soi. C’est en tout cas le cas en ce qui me concerne même si ce n’est pas l’escalade qui me l’a révélé vu que j’ai commencé à grimper tardivement.
Mon attitude typique face à une difficulté en escalade (et que me reprochent souvent mes binômes ou dont ils se moquent) c’est de dire:« je ne vais pas y arriver ». Ce qui ne m’empêche pas d’essayer et d’ailleurs, le plus souvent, j’y arrive quand même, mais c’est une manière d’anticiper l’échec possible, et donc de ne pas être vraiment déçue si cet échec se produit effectivement (et d’être encore plus satisfaite si j’y arrive :wink:).
C’est une attitude (anticiper un échec possible) que j’ai eu dans la vie scolaire et professionnelle (le plus souvent, avant que je ne débute l’escalade) et qui est une façon de surmonter le manque de confiance en moi.

Bref, l’escalade ne m’a rien révélé à ce sujet mais a peut-être révélé ce trait de ma personnalité à d’autres personnes.

Par contre, je n’ai pas remarqué que des difficultés psychologiques aient une influence sur ma façon de grimper ou m’aient fait régresser (contrairement aux blessures physiques, qui elles font beaucoup régresser: je n’ai pas encore récupéré complètement de la dernière :slightly_frowning_face:).

P’tit’ étoile.

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