Posté en tant qu’invité par Tatie:
8h et des broutilles, le soleil vient de montrer son nez, mais nous resterons à l’ombre pour profiter des antres de la goulotte. Dans une vallée étroite du Champsaur, en face du pont d’Archinard, c’est le froid qui mène la danse en cette glacière journée de janvier.
Après un furtif moment de doute, un bref demi-tour et un second coup d’œil cette fois assuré, nous nous garons derrière 2 gars en avance de 5 minutes sur nous : nous ne serons pas les premières cette saison à grimper cette cascade, à quelques minutes près… mais cela veut dire aussi que nous n’aurons pas à tracer le chemin dans la neige vierge pour accéder au pied de notre bon gros glaçon, bah !…
A peine descendues de notre « sacré caisse », un du binôme d’à côté nous salut, puis nous demande très poliment si nous venons faire une balade en raquette. Euh…, non, non… aussitôt il embraye sur : « une balade en ski alors ? » avec un faux air admiratif. Et bien non non, toujours très calmes, nous venons grimper. Alors le voici parti, un peu gêné d’avoir été si maladroit, à nous parler des cascades faciles alentours qu’il connaît comme sa poche, évidemment, et qu’il a répété en solo quand il était dans sa période « j’ai des choses à me prouver ». Oh prouver qu’il grimpe bien il nous l’a montré de suite, de même que la diversité de sa connerie. Car, après nous avoir expliqué qu’il est accompagnateur en montagne (mais qu’il ne bosse pas avec bien qu’il arbore sa veste écussonnée avec un naturel à faire pâlir les plus investis dans le milieu) et que son sujet préféré est les gallinacés (pas de bol, nous connaissons les tétras-lyre et autres lagopèdes ; les poulettes des montagnes, quoi), il nous conseille d’aller faire une « superbe cascade en trop bonne condition qu’il faut faire absolument et qu’on va se régaler tellement c’est mort classe !!!» Naïves, et pas dégonflées par autant de crétinisme alpin, nous y sommes allées à sa cascade, on l’a même rêvé cette escalade, tellement rêvée qu’elle en est restée à ce stade, de rêve amère, parce qu’elle n’était pas formée, donc ingrimpable. Fort heureusement, nous n’avons pas perdu la journée, mais les conditions n’étaient toutefois pas mythiques. Merci qui ? …
Alors je me demande pourquoi les filles sont-elles condamnées à pratiquer des activités physiquement abordables et sécurisantes ? Et pourquoi, en admettant qu’elles puissent pratiquer des sports engagés comme la cascade de glace, les condamne-t-on à être des éternelles débutantes ? … Certes les cordées féminines en glace sont encore peu communes, et bien que le milieu des grimpeurs et alpinistes admettent de plus en plus de nanas comme leurs égales (et même rivales), la bataille contre le machisme et la bêtise misogyne est loin d’être gagnée.