Je ne pense pas raisonner correctement à 100%, mais j’essaie le plus possible. Quand je fais une erreur, je fais tout pour ne pas la reproduire. Le but est de s’améliorer non stop.
Mais quand je lis « n’importe qui se serait fait prendre », ça signifie que celui qui dit ça estime que c’est impossible de s’améliorer au delà du niveau de la personne qui s’est fait prendre, et qu’il existe une limite indépassable. Or cette limite aboutit à 30 morts par an en France, dont une bonne part bien avertis sur le risque d’avalanche. Donc si on estime qu’il y a une limite indépassable, c’est qu’on accepte ces 30 morts par an et qu’on n’essaie pas de les diminuer.
Ben désolé, ce n’est pas mon avis. Quand je regarde comment se font prendre ces 30 morts, je ne vois jamais de situation tordue, mais que des situations où le risque est facile à voir, et on pourrait éviter tous ces morts.
Ca signifie pas qu’il y aurait 0 morts pour autant, car il y aurait peut être d’autres types d’accident, dans des situations tordue justement.
Car il y a une interaction entre la prise de risque des pratiquant et les morts. Je constate, mais sans le mesurer précisément (c’était au moins valable pour moi à mes débuts), qu’au cours d’une saison, la prise de risque moyenne parmi les pratiquants augmente progressivement, puis il y a un accident et de nombreuses personnes prennent alors beaucoup moins risque, puis ça augmente progressivement de nouveau, puis un nouvel accident, etc. La prise de risque est en dent de scie, avec des accidents à chaque pointe de dent. La prise de risque s’autorégule de cette façon. Le nb de mort dépend alors de la vitesse d’augmentation de la prise de risque entre chaque accident, et de la réduction de la prise de risque après chaque accident. Ces paramètres dépendent du type de raisonnement fait par les pratiquant pour décider s’ils vont ou non dans (ou sous) une pente. Visiblement, le raisonnement moyen est constant, et aboutit à 30 morts par an de façon assez stable (il y a des variations, mais on a jamais 10 ou 100, c’est toujours autour de 30).
Si les morts étaient cachés, il n’y aurait pas de limite à l’augmentation de la prise de risque, et il y aurait beaucoup plus de morts (mais bon au bout d’un moment ça finirait par se savoir au moins par les potes des victimes de plus en plus nombreuses, et il y aurait une régulation aussi).
Mon idée est de sortir de cette auto régulation débile qui nécessite que certains se sacrifient pour limiter le nb de morts à 30 au lieu de 100 ou 500, tout en aboutissant à un nb de morts beaucoup plus faible (2 ou 3 maxi).
Et pour ça, ben faut augmenter non stop la qualité du raisonnement.
Déjà juste une gestion du risque correcte suffirait. Une bonne gestion du risque est : je ne vais que là où je suis sûr à « 100% » (en fait 99,99%) que ça ne craint pas. Et dans le doute, je n’y vais pas. Bien sûr, pour la plupart des gens, ça implique de renoncer très souvent. Ben oui, et pour renoncer moins souvent, il faut alors augmenter la précision de l’évaluation du risque, permettant d’étendre la zone où l’on estime que ça ne craint pas. Et ça c’est long, ça demande un apprentissage, c’est donc normal de renoncer quand on est débutant alors que d’autres y vont en toute confiance. Par contre une bonne gestion de risque peut s’appliquer immédiatement, que l’on soit débutant ou expert.
Or les raisonnement faits par ceux qui se font prendre se résume tout le temps à « dans le doute, j’y vais ». « Je sais que ça craint, mais pas à 100%, sur un malentendu ça peut passer, je vais tenter le coup. » Pour caricaturer, tant qu’on ne leur a pas prouvé que ça craint à 100%, ils vont tenter le coup. J’ai raisonné de la même façon dans tous les accidents que j’ai eu. Bien sûr, ce n’est pas aussi clair que ça. Mais justement, il faut prendre du recul sur le raisonnement que l’on est en train de faire, pour bien prendre conscience de ce qu’il est. Et si on se rend compte qu’on est en train de raisonner en « dans le doute, j’y vais », on arrête tout et on recommence.