Posté en tant qu’invité par strider:
je pense que ce débat objectivité/subjectivité est facile à dépasser sur le topo-guide c2c dans le sens où le distinguo est fait :
Topo : données objectives , relatif à une voie
Compte Rendu : données subjectives , relatif à la course du jour et aux protagonistes
à partir de là, ça semble évident…
Sauf que : en montagne tout est relatif et bien souvent les caractères objectifs et subjectifs sont imbriqués en une réalité complexe…
Sauf que : en montagne tout est évolutif et bien souvent le topo est malmené et doit être réactualisé (heureusement C2C le peut)
Sauf que : un topo a beau être « objectif » et ne pas raconter sa sortie dedans, il garde le style de son auteur…un gars qui écrit bien clairement fera un bon topo…s’il est mal foutu, c’est bien de la faute de son auteur.
etc…etc…
donc faire un topo est une entreprise très imparfaite et « humaine »…le topo parfait n’existe pas, t’auras toujours quelqu’un pour le contester.
après je pense qu’il faut éviter des dérives et ça on en voit à la pelle, comme le dit Bubu.D’ailleurs on peut dire qu’il y a un style et un vocabulaire à la rédaction des topos et que ça s’apprend, un peu comme pour disserter. Quelques dérives fréquentes et pathologiques
-la dérive de l’évidence : rien n’est évident en montagne, quand on te dit une « brèche caractéristique » s’il y en a plusieurs, elle n’est caractéristique que pour celui qui l’a trouvé ainsi, or ce n’est pas évident, comme dit Bubu
solution : préciser si nécessaire par du visuel " accèder à une brèche de 5m de profondeur, à fond plat, la deuxième en partant de la gauche, avec des rochers rouges au centre" et encore la couleur faut se méfier la gars peut être daltionien!!
-la dérive cotationniste : il faut trouver un juste milieu quand on balance des cots et mettre son orgueil dans sa poche…c’est une dérive qui s’enfle dans un contexte d’essor de grandes voies sportives qui bien souvent n’ont pas grand chose à voir avec la montagne…quand tu vois des gars qui sont capables de s’engueuler toute une soirée pour décider c’est D+ ou TD- pour une course, ça frise le ridicule…dans certains topos on trouve plus de cotations que de précisions sur le tracé et l’intérêt de la voie…il ne faut pas faire de la montagne une montagne de cotation, les cots sont une invention urbaine, la Nature n’inscrit pas des cots c’est les hommes qui les inventent, c’est purement artificiel! Les pires déviance du genre 5c+ voire 5++ ou je ne sais quoi de plus crétin…quand en plus le gars qui passe le « dit » pas de 5c+ fait 1m90 et a chopé le baquet salvateur du bout des doigts et qui a le culot de coter pour lui, il y a de quoi rire…
solution : savoir relativiser les cots, notamment les cotations globales qui à la différence du caractère « brut » de l’échelle de Welzenbach, implique un nivellement, donc une relativité au sujet, soulevant des questions de perceptions de soi, d’orgueils, de niveaux etc…Un AD ça veut tout dire et ça veut rien dire.Entre le AD de l’aiguille de la Vanoise et celui des Grandes Jorasses on peut en reparler. Pour relativiser, faut préciser l’altitude, le dénivelée, l’engagement, la période de l’année ciblée du topo afin que de contrebalancer les « mensonges » qui se cachent derrière un cote globale.
-la dérive racontarde : "tourner à gauche sur cette vire où on a rencontré un peu de neige, accéder à une terrasse où on a bu un génépi, puis on est passé par la gauche car y avait trop de neige à droite, ensuite gravir le sommet où on a bouffé le sauss’ "…je caricature à peine…le gars te débale sa vie dans le topo, alors que ça c’est pour le compte rendu et les commentaires
solution : pas de « je » ou de « on » mais faut s’adresser à son auditoire « tourner » ou « tournez » c’est l’auditoire qui compte avant tout c’est lui qui va vivre la course!!!
-la dérive exhaustiviste: avoir le besoin pathologique de préciser au millimètre les passages surtout quand ça se lit bien sur place ou bien que ça passe un peu partout…je suis tombé dans cette dérive une fois, et je recommencerai pas…ça rend le topo indigeste, illisible, le gars se perd dedans et en plus ça limite le plaisir d’essayer de découvrir l’itinéraire par soi-même, pire encore on a l’impression que le topo te prend pour un abruti
solution : quand on voit que c’est vague et que ça passe large suffit de mettre large du genre « accèder à un gendarme plutôt par le versant E » ou encore « progresser au mieux sur les gradins pour atteindre la pente de neige en écharpe à droite » etc…
doit y avoir encore bien d’autres dérives!!!