Il y a des retours de vacances qui font plus mal que d’autres, imaginez le bénévole du CAF Briançon qui tombe sur cette discussion en rentrant à sa maison.
Je passe sur le fait de se faire traiter de guignols arriérés de l’internet (ok, je ne partirai plus jamais en vacances). Mais, il y a des contres vérités qui font vraiment mal à lire :
-Tout d’abord, le refuge de l’Aigle, vu sous toutes ses coutures présentes et à venir, ne ressemble en rien à un restaurant d’altitude. Je ne pense pas que ce genre de caricature fasse beaucoup avancer le débat, mais je ne pense pas non plus que ce soit le but de la manœuvre.
-Dans le même ordre d’idées, il va falloir m’expliquer quels sont les « gros sous » qui sont derrière notre projet, ceux des gardiens qui sont douillettement logés dans une baraque de chantier à 3400m d’altitude ? Ou bien ce sont les salaires mirobolants qui sont versés à nos employés ? Les prestations princières que touchent les guides ? Avez-vous la moindre idée de ce que gagnent ces gens ? A moins que vous n’ayez en tête les pots de vins faramineux qu’encaissent les bénévoles, ou les élus, comme chacun le sait ?
-Quand à ceux qui proposent de construire un autre refuge, sur les vires Amieux, ils oublient que l’hypothèse a été rejetée car elle présentait un risque avalancheux. Dans ce cas, que feraient les skieurs ? Ils iraient s’entasser dans le très authentique refuge qui deviendrait alors une très authentique poubelle, puis un tas de ruines fumantes. La mise en danger de la vie d’autrui, ça ne compte pas pour les incendies ?
-Enfin, je ne veut frustrer ceux qui rêvent d’une montagne sans refuges, mais le fait est qu’aujourd’hui l’Aigle doit accueillir une foule d’alpinistes, aussi amoureux de la montagne que vous, et qui ne sont pas capables d’enchaîner la traversée des arêtes et la descente dans la journée ; sans compter tous ceux qui n’aspirent qu’à y passer une nuit avant de gravir, peut-être, la Meije orientale.
Nous, les « cafards », avons sans doute une somme de tares anormalement élevée (on nous le fait assez souvent remarquer), mais nous sommes tout de même des êtres humains pas plus malintentionnés et irrationnels que d’autres. Nous avons recherché une solution de compromis qui a été acceptée par l’ensemble des parties, à l’exception de ceux qui se sont autoproclamés « amis de l’Aigle » et qui refusent tout compromis. Le geste de fermer le refuge était une réaction de raz le bol devant cette impasse. Si maintenant, vous avez de meilleures idées à nous proposer, vous êtes les bienvenus, nous n’avons jusqu’à présent jamais mordu personne.
Julien Olive (secrétaire général du CAF Briançon)