Posté en tant qu’invité par PascalF:
Il ne m’est jamais arrivé de me décorder « parce que l’assurage n’est pas possible avec des ancrages solides », mais il m’est arrivé plusieurs fois de ne pas m’encorder . Je ne joue pas sur les mots, pour moi il y a une différence psychologique de taille. Dans un cas, c’est changer d’état dans l’autre c’est le continuer. La seconde situation est plus facile à vivre que la première et mérite d’être réfléchie avant de mettre la corde.
J’ai deux exemples où je n’ai pas sorti la corde avec mon pote de cordée :
Dans la traversée du Mont-Blanc : à la descente sur l’arête des bosses, je n’étais pas à l’aise et je lui ai demandé de ne pas s’éloigner de moi. C’est comme si j’avais besoin de le sentir proche et aussi de voir comment il faisait, où il posait ses pieds, pour ne pas douter de ce que j’avais à faire et ne pas avoir peur. Tout s’est bien passé. Avec la corde et moi devant (puisque nous descendions), je ne suis pas sur du tout que cela aurait été aussi bien, d’autant que -pour moi et ce n’est que mon avis- la corde à cet endroit ne sert à rien. Enfin, disons qu’elle sert à empêcher l’autre de chuter et à condition de la tenir très tendue et courte, d’avoir un bras solide et d’être très bien en équilibre au moment où cela se produit. Autant dire…
En remontant un couloir rocheux pour aller faire une voie dans les aiguilles rouges : c’était du 3 certainement et il y avait plein de cailloux branlants partout, pas de relais, rien d’équipé et c’était bien avant l’apparition des friends et autres coinceurs. Même chose que précédemment : je lui ai demandé de ne pas prendre d’avance et je pense que c’était pour les mêmes raisons. Dans ce cas, personnellement, puisque j’étais en second, la corde m’aurait surement apportée quelque chose en terme de sécurité mais avec de gros risques : chute de pierre notamment.
J’ai aussi deux exemples où j’avais sorti la corde et où je ne l’ai pas enlevée :
Couloir en Y à Argentière. nous l’avions mise pour remonter le glacier et nous l’avons naturellement gardé. Et nous avons tout fait à corde tendue mais sans que la corde soit tendue. S’il partait je partais et réciproquement. Ridicule et pourtant nous avions le sentiment d’être assuré, je n’ai jamais eu peur alors que sans…
Couloir de barre noire dans les écrins : exactement la même configuration mais j’étais en second. Jamais je n’aurais pu retirer la corde : rien que l’idée de le faire me faisait peur et pourtant…
De ces exemples, j’en retire personnellement deux choses :
Le pote de cordée, encordé ou non, c’est un sacré élément dans l’alpinisme.
La corde, utilisée ou non, c’est un sacré élément dans l’alpinisme.