Je crains d’être un peu hors sujet ; cette problématique actuelle du bivouac mériterait d’être traitée spécifiquement.
Depuis la fin du COVID, on a tous remarqué une explosion de la pratique du bivouac n’importe où, n’importe quand, n’importe comment. Et comme le bipède est très grégaire, la concentration de plusieurs dizaines d’individus, en groupes ou non, dans des secteurs bien spécifiques, souvent restreints, entraine nécessairement des nuisances. D’où les réglementations de plus en plus draconiennes prises par les communes ou les Parcs.
Cet engouement soudain pour le bivouac n’est sans doute pas à mettre sur le compte des clubs de montagne qui n’ont pas modifié leurs pratiques et leurs programmes (à l’exception des BDE de Grandes Ecoles qui adorent organiser ce genre d’évènements), mais semble plutôt induit par les réseaux sociaux et leurs inénarrables influenceurs. La perspective du selfie improbable ou de la photo qui récoltera le plus de likes passe avant l’objectif d’observer et respecter la nature qui nous accueille.
On va donc inéluctablement vers toujours plus de nuisances, donc des réglementations plus contraignantes pour tout le monde, jusqu’à peut-être des quotas de visiteurs par sentiers, comme cela existe depuis longtemps dans de nombreux parc US.
Explosion du bivouac ?
Et pourquoi pas tout simplement ensuite de la gestion de la crise sanitaire et dynamisé par la montée des températures en été.
Autour de Grenoble, c’est courant d’aller passer la nuit sur le Vercors, aux lacs de Chamrousse ou encore juste à la Bastille. Un peu d’air, un peu de liberté et des sensations de bien-être un peu au frais !
Je pense qu’il ne faut pas tout ramener aux RS, selfies et autres suivismes ; il y a un réel engouement pour la nature partagée… Plutôt positif finalement, même si à terme le nombre va forcément impliquer une adaptation !
Je suis entièrement d’accord, je trouve particulièrement positif que les gens découvrent l’attrait et le plaisir d’être en montagne, et pas seulement pour se mettre au frais. La formation, l’éducation, l’accueil de ces nouveaux pratiquants sera bien évidement à anticiper, autant que la cohabitation entre tous ces pratiquants, la nature et les locaux.
Ce que je pointe toutefois c’est que cet engouement ne répond pas toujours à une démarche logique et sûrement pas dictée par le seul besoin de se mettre au vert, loin de là. La concentration irrationnelle de bivouaqueurs dans des lieux finalement peu nombreux (au sein d’une même zone géographique) répond en partie à l’influence des réseaux, ou de publications diverses.
Près de chez moi, le site du Pas de l’Aiguille en est l’exemple parfait : on a chaque WE, une concentration de plusieurs dizaines de tentes, pratiquement au même endroit, alors qu’avec 5 à 10’ de marche supplémentaire (en direction du Pas de l’Ours, de Combe Chevalière ou plus loin sur les Hauts-Plateaux), on a la certitude d’être seul, dans un cadre idyllique.
Se souvenir aussi que le réglementation dans le coeur du Parc de la Vanoise (bivouac interdit toute l’année) fait suite à une surfréquentation de bivouacs dans les années 50 et 60. J’imagine que ça devait concerner que qq zones, avec une fréquentation pas plus élevée que celle des refuges actuels, qui permettent de se passer de bivouac (c’était un des objectifs de leurs constructions), mais c’est pour dire que ce genre de problème n’est pas nouveau.
Mais aujourd’hui il concerne des zones qui n’étaient pas surfréquentées auparavant.
C’est vrai qu’aujourd’hui, le matériel de bivouac bas de gamme est déjà léger et peu encombrant (et souvent bien solide) par rapport à il y a 50 ans.
Justement, ne faut-il pas mieux que cette fréquentation reste concentrée à cet endroit ? Si ça dure depuis des années et que le lieu n’est pas dégradé, ça signifie que c’est supportable. Par contre si ça fait juste 2-3 ans qu’il y a 20 tentes tous les WE et que ça augmente tous les ans, ça va poser des problèmes.
Il me semble bien voir plus de tentes au « pas de l’aiguille » (en réalité un peu plus haut, quasiment toutes autour du refuge de Chaumailloux).
J’ai interrogé quelques personnes (pas très nombreuses, pas forcément représentatives) :
- c’est parce que pendant le COVID on n’avait (en principe) pas le droit d’aller dans les refuges,
- c’est pour apprendre à bivouaquer dans un endroit facile,
- c’est pour amuser les enfants.
Ce que je crains, c’est que ceux qui auront appris ainsi la possibilité et la technique aillent assez rapidement bivouaquer ailleurs sans avoir appris le respect de la nature.
Bernard
Des parcs à bivouacs. C’est un peu ce que font certains parcs (ou sur le GR20 par ex) en imposant le bivouac autour des refuges. Mais comme je le mentionne plus haut, ces nouveaux bivouaqueurs ont un comportement grégaire « primitif » qui leur fait craindre précisément de se retrouver seuls. Donc ils se regroupent, et contrairement aux craintes de @bernard_guerin, ils seront une minorité à s’éloigner, voire à persévérer dans la pratique du bivouac.
Pour en discuter régulièrement avec les gardes de la Réserve, c’est pour eux chaque WE un combat incessant : les tentes laissées en place toute la journée, les déchets, les feux, les arbres coupés, les chiens, etc. Je crains que même si les dégradations ne sont pas immédiatement visibles parce que le boulot de nettoyage est fait, y compris en hiver, elles sont bien réelles et en augmentation.
Un ancien garde et ami, aujourd’hui retraité, me disait qu’autrefois, il montait environ 2 fois dans l’hiver pour nettoyer la cabane des Chaumailloux. Depuis quelques années, ses successeurs montent au moins une fois chaque WE.
Au lac du Lauvitel, les contrôles vont être renforcės car malgré le mauvais temps du mois de mai, la saison des bivouacs et des infractions a commencé.
perso j’ai rien remarqué du tout…
J’imagine que ça dépend des endroits. Peut-être certains endroits accessibles.
Bon sinon, comme sur le lien ci-dessus, faire un feu en montagne en pleine nature (et d’autant plus dans un parc, une réserve ou autre), faut quand même être un peu con.
Je compatis avec les gardes des divers parcs qui doivent faire des contrôles ou de la répression…
Entièrement d’accord sur tous les arguments.
Ce serait une bonne chose que l’on commence par considérer la question sous l’angle de l’éducation voire de la formation. Mais là c’est pas la même affaire. Depuis le temps, on peut aisément constater qu’il est plus facile de réglementer, mais c’est un autre débat.
Comme d’autres cabanes, primo ce n’est pas du bivouac dont s’agit, secundo elle pâtit comme bien d’autre de sa proximité des voies de circulation. Et ce ne sont pas toujours les gens des villes qui viennent « teufer », mais des locaux bien du cru !
Il ne vient pas surtout de là, le problème ?
Si on commençait à règlementer les accès, le problème du bivouac sauvage en nombre disparaîtrait -peut-être- de lui-même… (c’est la même logique que celle des refuges dégradés parce que trop proches de routes)
J’ai sans doute mal formulé mes propos, mais dans mon exemple des Chaumailloux, il est bien question de bivouac dans les alentours de la cabane.
La surpopulation à l’intérieur de la cabane, est récurrente aussi, mais ce n’est effectivement plus du bivouac, même si les protagonistes vont également massacrer les pins à crochets alentours pour alimenter (difficilement) le poêle.
Concernant le site du Pas de l’Aiguille, c’est ce qui est en train d’être réalisé, avec la piste qui est désormais fermée à la circulation quelques km avant le cul de sac précédent. Ça augmente l’approche d’une petite 1/2 heure.
Du coup au parking coté 1058, sortie de la Richardière ?
Ce n’est pas la solution miracle, mais dans pas mal de cas (et au cas par cas !), ça serait susceptible de limiter les choses.
Ce qui pose problème, c’est l’augmentation très nette à la fois (mais c’est concomitant) de parkings payants et d’interdictions du bivouac alentour.
Et il faudrait aussi s’entendre sur la notion de bivouac: entre planter une belle tente et monter en famille avec tout un barda et installer son sac de couchage avec son petit réchaud, c’est pas la même chose (étant entendu que le droit de le faire est le même dans les deux cas).
Exactement, avec en projet un plus vaste parking 300 m plus loin, le long du ruisseau, au niveau du barrage des Fraches.
Ah j’ai cru que c’était un sujet sur les risques liés aux cartouches de gaz de réchaud
Du coup je sors
Bien le bonsoir, je prends part à cette discussion car il me semble qu’il y a amalgame…et je pense qu’il ne faut pas confondre bivouac et camping sauvage…jusqu’à preuve du contraire, aucune loi ou réglementation n’empêchent les gens de dormir…y compris à lauvitel, dans la Vanoise ou autre…après, c’est sur si des personnes montent tente, glacière, bières et autres…la oui c’est autre chose…c’est du camping sauvage qui malheureusement, suites aux excès peuvent êtres réglementé voir interdit…excès de confort…mais si tu sors ta mousse, ton duvet parce qu’il est l’heure de dormir , peu importe où tu es, je serais bien curieux qu’on m’en empêche et de quel droit ?
Cordialement
Un exemple*: Camping sauvage et bivouac : rappel des réglementations et des bons gestes | Parc national des calanques
(*) à l’origine j’avais écrit parmi tant d’autres, mais c’est vrai que dans la majorité des cas c’est la tente qui est interdite et souvent sur des périodes restreintes, je pense à la Chartreuse (Hauts plateaux par exemple).
Mais juste pour dire que ce type d’interdiction existe et risque de se multiplier
Pour moi, et selon ce que j’ai rencontré en regardant aux différents endroits où je suis passé, il y a 3 « niveaux » :
- le bivouac sans tente, difficile voir impossible a interdire si l’accès et la présence la nuit sont autorisés, juste un matelas et un duvet
- le bivouac avec tente mais montée après la tombée de la nuit/en soirée et démontée avant le levé du soleil/en début de matinée (2 nuances différentes là encore ?), parfois explicitement interdit, toléré a beaucoup d’endroits.
- le camping sauvage, avec la tente qui reste montée la journée, voir plusieurs jours/semaines d’affilés.
Le reste, si il y a table, chaises ou autres équipements, ça change pas grand chose à part l’impression initiale laissée et potentiellement les traces laissées. Le feu, sur réchaud ou avec du bois, n’est pas non plus vraiment en rapport avec la « nuitée », et relève d’une réglementation spécifique dans beaucoup d’endroits aussi.