TB docu TV sur la tragédie des Vignettes d'avril 2018

Diffusé hier sur la TV Suisse-allemande (donc en allemand…mais je ne doute pas qu’une version française sorte sous peu), en replay ici. Pour mémoire 7 personnes étaient mortes de froid en pleine tempête de foehn à 500m de la cabane…

Ils ont réussi à interroger tous les survivants (dont 2 couples savoyards), à avoir accès au rapport d’enquête, à faire intervenir le célèbre alpiniste Steve House qui était aussi sur les lieux et a donné l’alerte…on peut même voir les traces GPS des différents groupes. Certaines scènes ont été reconstruites mais il y a aussi pas mal d’archives photo/vidéo.

On peut penser ce qu’on veut de la curiosité vis à vis de ce genre de choses mais là cela contribue énormément à en comprendre le déroulement en éclairant plein de zones d’ombre - même si quelques unes subsistent. J’ai trouvé l’ensemble de grande qualité et très poignant.

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Voyeur !

Pour la date, c’est plutôt

Oups…corrigé !

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C’est sûrement intéressant, mais à mon sens pour progresser en sécurité, il faut s’intéresser aux « presqu’accidents », bcp + nombreux : chutes heureusement sans graves conséquences, etc… Tout ce qui aurait pu mal se terminer mais n’a pas fait de blessures graves ou pires.
Parce que c’est + facile pour analyser, discuter, sortir de l’émotion.
Sur nos propres courses, un gros décalage de timing est en soit un presqu’accident, qu’est ce qui se serait passé si on avait eu à gérer de nuit un autre incident ? Idem pour du mauvais temps non attendu : que se serait il passé si on avait eu ce mauvais temps ds un passage + craignos ? un erreur d’itinéraire est en général sans conséquence, mais elle peut aussi aboutir à un enchainement dramatique, elle n’est pas « normale » et peut être analysée.
C’est bon de faire un petit débrief à la fin de chaque soirtie.

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Le reportage est assez fouillé. C’est la première fois qu’on entends autant de témoins, notamment les deux couples français et le guide américain. Les faits sont exposés de manière assez brut et il n’y a pas de voyeurisme selon moi.

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Justement, comment peux-tu répondre à cette question, en donnant la liste exhaustive de ce qui peut se passer, et idéalement la probabilité de chacune des possibilités, si tu n’as pas connaissance des accidents qui ont eu lieu dans des situations similaires ?
Si tu as juste connaissance des non incidents et presqu’accidents, ça risque de fausser ton jugement en te rassurant qu’il ne peut rien se passer de bien grave.
Inversement, si on a juste connaissance des accidents, on risque de surevaluer le risque qu’il puisse se passer qqch de grave.
Pour une fois qu’on a un très bon retex d’accident en montagne, on ne va pas se plaindre.
En aviation, c’est la norme d’avoir ce genre de retex public après un accident, il y a même des fonctionnaires dont c’est le boulot à plein temps de faire une enquête et rédiger un rapport public après un accident.

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Analyser ses propres « presqu’accidents » oui c’est un exercice à faire.
Mais ça ne remplacera jamais la lecture des Retex des vrais accidents, surtout quand ils sont aussi bien faits que ce documentaire (ce qui est très rare…)
C’est là que tu mesures concrètement ce à quoi peut t’amener une suite de mauvaises décisions.
Et quand malheureusement l’issue est dramatique, ça marque beaucoup plus les esprits que quand c’est un risque théorique.
Perso que ce soit en montagne comme en mer, j’ai régulièrement des petits voyants qui s’allument dans ma tête :slight_smile: quand je me retrouve dans une situation analogue à un compte-rendu que j’ai lu.

J’avais d’ailleurs le projet d’aller skier vers le Pigne d’Arolla précisément ce week-end de Pâques 2018. Mais en début de semaine j’avais vu la prévision de foehn potentiellement violent et j’avais bien en tête le récit d’un accident mortel en 2000 autour de Tête Blanche (des compétiteurs qui s’entrainaient pour la PDG s’étaient fait piéger par l’arrivée ultra rapide du Foehn) et on avait annulé le plan.
Sans cette lecture, j’aurais probablement sous-estimé le risque de ce phénomène météo particulier et si il n’y avait pas eu deux morts cette fois là je n’en aurais jamais entendu parler.

Ce qui me frappe dans ces deux accidents liés au foehn c’est que les leaders étaient très expérimentés.

J’espère qu’il y aura une version traduite ou sous-titrée de cet excellent documentaire qui je pense, constitue un très bon support pour les formations.

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Le 29 on étaient quatre, on a renoncé depuis Nacamuli à passer le col Collon tellement ce plafond avait l’air agité et glauque (la veille on avait déjà plongé dans le nuage de foehn à Becca d’Oren…). On a fait le grand tour, par Prarayer pour aller à Aosta… Sentiment étrange le surlendemain…

Idem pour nous ou presque…on était en famille à Bertol le samedi soir dans l’idée de traverser sur Zermatt le dimanche, on a bien vu que c’était limite mais la veille au soir on hésitait encore à tenter le coup au GPS, histoire de ne pas être montés pour rien…Bon le matin même c’était vite plié, le rouleau de foehn avançait déjà sur le Mont Collon et ça soufflait pas mal, on a fichu le camp vers Arolla dès 8h sans attendre que la neige décaille. On a appris la tragédie quand mes parents nous ont appelés paniqués au téléphone le lendemain matin, nous sachant dans le coin.

Un groupe a traversé sur Zermatt en partant sciemment dans le brouillard et le vent au GPS. Il ne leur est visiblement rien arrivé…mais quelle est la limite du raisonnable entre leur décision et celle du guide italien ? Pas si simple…

J’ai très mal dormi à Aosta… Un pressentiment ? J’avais peur qu’on soit coincés côté italien, mais on a eu une fenêtre météo le lendemain pour passer le col de la division… Comment on aurait fait avant, sans le Gps ? Si je comprends bien, le guide avait un gros problème de Gps…

simple supputation : ne faisait-il pas partie de ces pratiquants assez expérimentés pour se débrouiller sans GPS dans 95% des cas et qui, du coup, prennent le sujet un peu à la légère et manipulent rarement leur GPS ou smartphone ? Comme toute technique, si on n’est pas complètement à l’aise dans les conditions faciles, aucune chance de pouvoir s’en servir dans les conditions les plus difficiles.
Autre erreur que je trouve grossière pour un pro, ne pas avoir de solution de secours au cas où son smartphone ou GPS tombe en rade alors qu’on se lance dans le mauvais temps ( il aurait été si simple par exemple que sa femme - AMM - ait un smartphone avec juste Swisstopo )
Et autre truc que je trouve incroyable, c’est que le groupe de français voyaient bien à la boussole qu’ils allaient dans la mauvaise direction, c’est donc que le guide progressait donc totalement au pif…
Si j’ai bien compris, le guide américain qui témoigne dans le reportage a fait la même route mais sans cafouiller et tout son groupe est arrivé sain et sauf aux vignettes (il avait plusieurs heures d’avance au sommet)

La version du reportage en français est disponible sur RTS play:

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Il est clair que Steve House avait mieux préparé l’itinéraire en faisant une reconnaissance jusqu’au sommet du Pigne la veille et en ayant une trace récente sur son GPS. Cela dit, naviguer au GPS sans visibilité n’est pas sans risque en terrain crevassé. Le groupe du guide italien avait plus d’inertie et avec le retard pris, ils se sont retrouvés au coeur de la tempête. Je pense moins aussi que le guide italien n’était pas coutumier de l’utilisation du GPS, mais cela n’est que présomption…

Ce contenu n’est accessible que depuis la Suisse et ne peut donc être joué.

Merci quand même… :wink:

Pas très compliqué à contourner… (VPN ou Tor)

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Oui, merci beaucoup pour les liens et les conseils. Vu en français, avec le VPN en France. Je précise que nous avons fait la même étape en ski l’an dernier.
Reportage très intéressant, très bien fait (au moins sur la partie technique) et très complet qui montre au moins quatre points :

que dans ce genre de traversée on s entête beaucoup trop sur la version « base », sans penser ni à la pause de 24h, ni à la redescende en vallée. Je pense que c est encore plus vrai dans le monde pro avec gestion de groupe, de réservation de refuge d hôtel….perdre 24h est vu comme un échec.

Que l heure d arrivée du mauvais temps est toujours comptée comme exacte alors que dès fois ça foire plus tôt.

Que mieux vaut une trace gps récente et un repérage la veille qu une bonne connaissance de l itinéraire mais des souvenirs d il y a un an.

Que du côté des clients la version : je suis (du verbe suivre) le guide en version « client » en se conformant aux instructions est difficile quand tu disposes de connaissances et/ou d un outillage similaire. Ou tout simplement lorsque à la fin le guide ne peut plus avancer car aveugle.

Bref beaucoup de malchance pour cette expédition 🥹. Bon courage pour les proches.

la phrase la plus juste est bien celle du guide américain : dans ce genre d entreprise, la frontière entre la réussite et l échec se joue sur des petits détails…qui sont quasiment ingérables.

Pour illustrer son propos, De mon côté, je pensais a une fixation qui casse, qui se grippe, un crampon perdu, une boussole qui indique le sud, un téléphone portable ou un gps HS, une carte qui s envole, ici le groupe de français raconte les skis qui s envolent, les sacs à dos, les italien un baudrier perdu, même si ces 3 faits sont sans incidence ou presque, c est quand même impressionnant de ce dire que c est ce genre de « détail » qui peut faire basculer l aventure en drame.

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Documentaire prenant que j’avais déjà vu. Je l’ai trouvé dure car il accable le responsable qui s’est trouvé pris au piège d’un classique problème décisionnel.

Il ne dit pas que c’est ingérable…
Le rôle du guide c’est justement, par une bonne organisation et une bonne préparation de limiter au maximum les aléas, et de renoncer si le risque reste trop grand.
Il reste toujours une part non gérable, genre une casse de ski, un genou, un coulage de bielle et il faut que tout le monde dans le groupe ait bien conscience que jouer contre la montre avec la tempête est particulièrement dangereux.
Le guide américain a repéré la course la veille, ils étaient deux guides dans le groupe et il a bien fait valider son choix risqué par son groupe.

Du coté du guide italien, pour moi on ne peut pas parler de malchance vu qu’il a cumulé un nombre impressionnant de ce qu’on peut voir comme des négligences : 1 seul encadrant dans un groupe de 10, seul à gérer la course et l’orientation, un seul moyen de s’orienter (smartphone) mal maitrisé et mal géré et aucune solution de secours (carte, boussole), pas de partage ou discussion des décisions, avant et pendant la course…
Dans ces conditions, pas étonnant que ce qui était non maitrisable (tempête en avance, problème de vue ?) ait transformé la sortie en catastrophe.

J’ai encore en tête le communiqué du syndicat des Guides Italiens qui affirmait quelques jours après le drame que tout était ok question préparation, groupe, matériel, météo et que c’était juste la faute à la malchance… J’espère qu’ils ont un peu évolué depuis.

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Bonjour.

Je viens de voir le reportage, mais en allemand (VPN ou Tor je ne connais pas, et installer de nouveaux trucs de sites douteux, ça ne me motive pas), donc je n’ai pas tout compris.
Ce qui m’étonne surtout dans cette histoire, c’est l’absence de discussion des options, de communication claire des problèmes dus à la météo de la part du guide, d’après les survivants.
J’ai très rarement fait de la montagne avec un guide professionnel, mais il y avait toujours discussion avec le guide (Il faut dire qu’en France, c’était lors de stages de formation).

L’autre point, c’est évidemment le nombre de participants pour un seul guide. Et même sans guide: un groupe de 10 en ski de rando c’est beaucoup! Je me souviens d’une fois où je me suis retrouvée à guider un tel groupe dans une descente dans le brouillard: je recomptais tout le temps de peur d’en perdre un, et j’ai bien regretté d’avoir accepté avec moi quelques personnes d’un autre groupe.

En règle générale, niveau sécurité en ski de rando, je pense qu’un seul leader n’est pas forcément la bonne option et qu’il est mieux d’être deux, pour pouvoir discuter des conditions, des options. C’est d’ailleurs un peu comme cela que nous fonctionnons maintenant dans notre club: un « chef de course » et un « co-chef » quasi systématiquement.

Pour le problème de l’orientation, je remarque simplement que les français, avec carte et boussole, avait une meilleure idée de l’orientation que le guide avec son smartphone (mais peut-être ne fonctionnait-il déjà plus à ce moment-là? Je n’ai peut-être pas bien compris).

P’tit’ étoile.

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