Et pourtant il grimpe

Posté en tant qu’invité par Aurélien:

Et pourtant il grimpe…
C’est l’histoire d’un petit gars qui grimpe, qui grimpe dès qu’il le peut.
Pour ce petit gars grimper est un combat de tous les instants, un combat de toutes les prises, un combat de toutes les positions, pour grimper.
Au lieu de voir le jour normalement, ce petit gars a eu des soucis à une jambe.
Il a failli ne pas marcher, ne pas courir, ne pas sauter, alors grimper…ce n’était pas envisageable…« failli » est faible, trop faible, la kiné qu’il a subi, suivi de l’opération lourde relevaient du sauvetage.
Puis il a pu marcher presque normalement, ou courir, presque normalement. Presque normalement car pour tout corriger il a fallu couper des bricoles et les recoudre différemment, il a fallu mettre un platre, il fallu mettre une broche, bref tous ces gestes ont engendré une atrophie de la jambe gauche…mais il marche.
Pendant plusieurs années peu sûr de lui, tendu il ne faisait que du sport à l’école. La révélation lui est venu quand il a taté du ski de piste, il a aimé, à fond tout de suite, malgré l’atrophie de la jambe qui ne simplifie pas les appuis. Puis grandissant prenant confiance en lui il s’est frotté à d’autres sports à l’école, au collège, ou au lycée. La liste est longue, athlétisme, lancé de javelot, saut…pour voir il s’est mis au hand-ball. Et parallèlement il s’est mis à grimper dans des choses simples avec de la famille, bref à découvrir les joies de l’escalade. Il a beaucoup joué au hand-ball, jusqu’à faire sport étude alors que sur le papier ce n’était pas faisable (en étant droitier, le pied d’appel est le…gauche). Il s’est accroché pour faire le bon mouvement, la bonne course, il a usé des ballons…et à côté il grimpait toujours dans du simple. Il a rencontré des praticiens de santé qui l’ont aidé, lui ont fait des semelles excellentes…
Au bout de quelques années il a arrêté le hand, plus par dépit des sport d’équipe que par démotivation de tâter de la baballe, et il s’est lancé dans l’escalade. Au départ peu rassuré, il a grimpé comme il pouvait, jusqu’au jour où par hasard il a trouvé des chaussons à ses tailles (le platre a bloqué la croissance du pied). Et là il n’a plus rien laché, il a toujours toujours cherché à parfaire ses mouvements, sa technique, sa résistance…en un mot il a tout fait pour ne pas subir sa jambe gauche atrophiée, pour grimper autour. Il a acquis une technique un peu particulière : la jambe droite pousse, la gauche suit, la jambe droite pousse, la gauche est là pour permettre de monter la jambe droite. Bref cela occasionne des mouvements un peu tordus, des changements de pieds presque à chaque prise.
Mais il grimpait, et plus il grimpait plus il en voulait.
Libéré de ses études, installé plus ou moins dans la vie il grimpait le soir, les weekends…bref dès qu’il le pouvait. Puis à force de travail, il a réussi à monter en difficulté, alors que sa situation se détériorait un peu : des rhumatismes sont apparus, au point de parfois ne plus pouvoir marcher, mais même sans cette situation douloureuse il n’a jamais rien regretté. Il s’est accroché et à trainé ses chausson à droite et à gauche depuis Beauvoir, jusqu’à Lignerolles, de Clamecy aux Rigauds, la liste est longue, avec comme moment fort, un séjour d’escalade au Verdon. Après ce séjour, il a encore plus voulu grimper, malgré des rhumatismes terribles…
Quelques aléas professionnels plus tard il a déménagé, trouvé un nouveau club et il est regardé quand il est sur le mur, et les grimpeurs confirmés le voient se contorsionner dans des mouvements tordus, les grimpeurs confirmés constatent qu’une voie « simple » peut se transformer en une voie « très dure », mais il sort les voies, à vue en tête, il trouve ses solutions, s’il y a vol, pas grave il y retourne.
Bref il grimpe, il grimpe et il grimpe, et maintenant il s’apprète à passer l’initiateur SAE prochainement, sur proposition de son club, un petit club. Bref pour se préparer pour honorer cette proposition il grimpe encore plus, pour trouver ses solutions. Il grimpe il grimpe et il est observé par les grimpeurs du club qui ont un profond respect pour lui, qui l’encouragent, qui essayent même de grimper comme lui, la douleur en moins.
Il a déjà sorti des voies les larmes aux yeux, devant se plier à des mouvements qu’il ne peut pas rattraper les douleurs se réveillent et les journées sont pliées.
Lui il grimpe et il prends cet initiateur SAE comme un aboutissement, un accomplissement.
Bref il grimpe, mais en ayant toujours un voyant lumineux à l’esprit qui dit attention.

Ce petit gars c’est en fait moi et ce parcours et mon parcours…
Dans la rue, je passerai à côté de vous, à moins que les personnes qui me croisent soient observatrices, rien ne trahira mes petits soucis. Mais sur un mur, on ne peut pas les manquer.

Peut-être ce texte suscitera des réactions ?

J’ai pris pleinement et complétement conscience ces jours-ci de mon parcours, de ma pratique, de mon rythme, du niveau auquel je pratique.
Quand j’en ai pris conscience j’étais soufflé d’en être là où j’en suis maintenant, alors qu’au départ la marche était en péril.
Quand j’en ai pris conscience tous les sports que j’ai fais, et plus particulièrement l’escalade, me sont revenus en flashback, et je me suis revu tatonner pour trouver ma grimpe…et j’ai souhaité jeter mon parcours sur mon clavier comme d’autres jettent des mots sur une feuille pour vous en faire part.

Sportivement

Aurélien

Une belle leçon
Bravo

Un superbe combat et une belle leçon pour nous tous.
Ne change rien.
(Pour ma part c’est une greffe)
Salut. Respect.

merci!
Chapeau!
Tous mes voeux t’accompagnent pour que la grimpe continue à t’apporter tant.

Posté en tant qu’invité par K’ascade:

J’imprime ton post et je transmets à mon collègue dont le fils de 9ans a un problème à une jambe (une plus courte que l’autre je crois) et a commencé l’escalade en décembre dernier.

Posté en tant qu’invité par marcoz:

merci pour ce message Aurélien, ça nous rappelle qu’on a de la chance que « tout fonctionne bien » et que trop petit, trop gros, trop grand, il y a (presque) toujours une méthode pour arriver en haut de la voie (ou de la vie…)

Bon courage et continue, transmet ta passion grimpante!!

Bravo! Continue! Un bon mental, c’est au moins aussi important que le physique, sûrement plus, même. Et le mental, tu l’as, ça ne fait aucun doute.

J’ai connu quelqu’un dans une situation un peu similaire. Pas de plaques ni de plâtre mais la polio qui lui a « mangé » les muscles de sa jambe droite (et les nerfs). Il boite quand il marche mais s’est servi de la montagne et la grimpe pour se surpasser et être « comme les autres ».

C’est quelqu’un de très fort mentalement, comme toi probablement.

Bravo.

         Aurore

Posté en tant qu’invité par lulu74:

belle leçon de vie…change rien
bravo

Posté en tant qu’invité par Aurélien:

Un grand merci à toutes et à tous pour vos messages.
Aurélien

Bonjour,
C’est Aurélien, j’ai juste changé mon nom en AurélienC
J’exhume ce vieux message pour une petite nouvelle depuis cet initiateur SAE je vais passer l’initiateur falaise.
Je suis motivé, mais dans le même temps prudent…c’est que le niveau de difficulté augmente, et donc ma marge en escalade se réduit. Surtout que malheureusement un but a été marqué : lors d’un weekend d’escalade j’ai eu un trop plein de douleurs (je ne peux pas dire plus, que d’habitude, ni moins, mais un trop plein), qui m’a bien ébranlé.
Le club qui me permet de le passer m’aide à m’entrainer et vois les efforts que je fais, c’est enrichissant, et comme dit ma copine, cela me redonne un but après ce trop plein.
Je reviendrai vous donner l’issue de la formation.
Grimpez bien.
AurélienC