Et la tête, vous l'entrainez?

Posté en tant qu’invité par Freud:

Trois ingrédients principaux entrent en ligne de compte pour aller / progresser / perfer en montagne quelque soit la discipline: le physique, la technique, le mental… Pas de souci sur les deux premiers j’imagine bien que bon nombre les travaille allègrement et j’ai une vague idée de comment faire pour progresser dans ces domaines; mais le psycho? Quand on voit l’importance de la volonté, de la motivation, du self-control… pour mener à bien une voie, une course, un projet de longue haleine; et lorsque l’on prend conscience des différences de performances énormes entre un jour sans et un jour avec, ne serait-il pas là le point crucial de toute réussite?
Comment appréhendez vous cette facette de nos sports, comment progresser, comment se soigner (au même titre qu’un genou en vrac, un cerveau en panne est tout aussi handicapant)…

Si ce sujet ne dévie pas trop bistrot, j’y repasse demain. Mais en attendant, merci pour ce sujet intéressant.

Un sujet qui pourrait t’intéresser.

Posté en tant qu’invité par scrogneugneu bis:

Nuit blanche avant un truc dur ou d’ampleur, c’est une veillée d’armes.

La sophrologie, le yoga ou la relaxation permettent d’apprendre à gérer tout type de difficultés y compris la contre perf du jour sans, la rando trop longue, le sommet trop haut,…Compte tenu de mon niveau physique très médiocre :confused: je suis souvent obligée d’aller chercher très loin les forces et je me rends compte que ce que j’ai pu apprendre avec le yoga et la sophro m’est très utile ds ces moments de grande solitude ;). En pratique, qd je n’arrive plus à avancer je m’arrête (!!!ben oui si je ne peux plus avancer, :confused: je suis trop forte ce soir!!! :rolleyes: ) je me mets ds ma bulle et je prends de grandes inspirations, c’est un grand dialogue qui s’installe. Je vais rechercher ma motivation ds le souvenir de la préparation, ds tous ces moments de bonheur qui m’ont conduite là et je me dit que c’est vraiment trop bête d’abandonner ou de relâcher l’effort.
J’ai également pratiqué le tai ji chuàn pendant 10 ans et cela m’aide bcp ; ms je pense que n’importe quel art martial apprend à gérer ces situations et à trouver la force au fond de soi pr continuer (ou celle aussi de dire stop là c’est trop pr toi il y a danger quand c’est le cas ! :stuck_out_tongue: )
bonnes recherches

la technique de kukuczka c’était l’excès de vodka pour entrainer son cerveau aux situations extrêmes rencontrées à 8000 si ça peut te donner des pistes …

Plus ou moins…
Par exemple, la pratique de certains sports m’a permis d’apprendre à la contrôler pour ne pas laisser, en général, de place aux émotions négatives.

C’est en forgeant que l’on devient forgeron…

Le « dans la tête » se fait au fur et à mesure… pour moi en tout cas… chaque galère a tendance à apporter son expérience et à rendre le mental un peu plus fort… « ce qui ne me tue me rend plus fort », c’est un peu l’idée, en moins extrême bien sur…

mais c’est à double tranchant… au printemps, j’ai toujours du mal à regarder des photos de grande voie avec beaucoup de gaz sans me dire « brrr…pas cool cette histoire »… bon au final, une fois sur le rocher ça va généralement mieux… mais disons que ça a tendance à se perdre si pas « d’entrainement »…

Donc voila, en résumé pas d’entrainement spécifique, simplement d’autres pratiques qui entrainent la tête à différentes situations: cet hiver à vélo en sortant de crève donc pas beaucoup de pèche, il a fallu que je me motive sec pour pas rester planté quelque part perdu dans la cambrousse (toute relative on est d’accord), dans une couenne merdique(toujours merdique dans ces cas là ^^) pour tout balancer sans penser au vol et ne penser qu’à la prise à tenir/attraper, en ski dans un couloir en montant pour me dire t’inquiètes pas ça va descendre tout seul, je vais pas rester bloquer tout seul là haut… le tout fait que ça va plutot pas mal, en tout cas cela me convient !!

« ma » théorie est que tout se recoupe dans ce genre de capacités communes à toutes les activités, chacune développant sa « spécialité ».

Et le jour où ça le fait pas, ben j’essaye de repenser à ces souvenirs là entre autres… et selon la situation, je continue ou je m’arrête (parce que ça devient tendu très bof pas cool dangereux, bref demi tour toute !!).

en espérant t’avoir aidé, en te faisant part de ma bien maigre expérience.

Posté en tant qu’invité par ghisino1:

moi j’ai souvent pris la direction opposée à « l’entrainement de la tête ». C’est à dire, parrer à coté des difficultées du mental en place que les attaquer.

exemples :

-vers dix ans j’ai abandonné le tennis car même si j’avais une technique discrète j’étais absolument naze niveau mental (si vous croyez que la montagne demande du mental, essayez le tennis…:D).
J’ai donc foncé sur la rando, que je trouvais apaisants meme dans l’effort et meme dans un approche « competitif »

-j’ai toujours refusé de me mettre à la glace technique et au ski de rando parce que je me sens capable de faire des grosses conneries par excès d’enthousiasme, au moins dans les premières années…et je n’ai point envie de me poser le problème de me « discipliner » et renoncer à telle course parce que trop dangereux ou aller faire telle autre à tout prix car c’est dans des conditions démentes…

-en escalade, j’ai appris empiriquement qu’il y a des situations qui me « boostent » et je me limite à les reproduire…par exemple, j’ai vu que je n’ai pas du tout la tête pour travailler longtemps des projets proche de chez moi en tapant juste 2-3 essais par week end, car je n’ai pas l’impression de progresser assez vite dans la voie et je démoralise vite…alors qu’en vacance sur quelques jours consécutifs c’est exactement le contraire, je peux rester motivé sur des trucs improbables juste parce que aujourd’hui j’ai fait chaque mouvement en isolement alors que hier j’étais un peu ridicule…
donc je prends falaises et blocs proches comme un terrain d’entrainement et de grimpe « plaisir », et la falaise de vacances comme lieu de la performance…

Posté en tant qu’invité par ghisino1:

oups

Un premier truc, quand viennent les difficultés, j’essaye de me concentrer sur ce que j’ai à faire et pas à ce qui pourrait arriver. C’est, si tu arrives à le faire, assez redoutable.

Pour me tranquiliser, l’expérience passée de passages considérés comme durs associée à la rationalisation difficulté de l’obstacle vs ce que je sais bien faire me permet aussi de me lancer confiant.

Après, l’entraînement mental … c’est l’exposition à ce genre de situation en rando (pour l’appréhension du vide, une rando sur arête « marchante » mais aérienne, ça marche bien), couenne, grande voie spitée ou montagne.

Posté en tant qu’invité par Troll:

C’est le plus dur, d’entrainer le mental

y’a des potes qui passent du 7a en couenne sans soucis, et qui tremblent dans du V+ espacé sur pitons ; à l’inverse d’autres sont au taquet dans du 6a mais n’ont pas peur sur des dièdres sur pitons.

pourquoi ??? j’en sais rien.

Si je prends mon cas personnel, j’ai progressé tout simplement en acquérant de l’expérience en variant les pratiques : du rocher haute montagne, de la glace, de la couenne, du ski de rando, du ski de piste, du vélo, de la course à pied, tout ça te donne une base physique et technique, une palette de sensations, d’expériences qui te donnent confiance.

après, il y a les préférences. Par exemple, je n’ai pas peur du vide en Gv, même plein gaz dans le verdon dans du 6c; par contre un couloir de neige un peu raide me fait pas mal flipper, même un truc simple en AD.

Entraîner la tête spécifiquement, non. Le mental va de paire avec l’entraînement physique et technique. Avec un bon entraînement physique et une technique bien au point, il n’y a pas de problème de mental, vu qu’on sait pouvoir venir à bout des difficultés qui se présenteront. Evidemment, la veille d’une grande course, il y a toujours une certaine appréhension, mais c’est normal. En général, elle disparaît dès qu’on a « attaqué ».

Posté en tant qu’invité par Troll:

Oui, et ce stress peut etre sain. Personnellement, étudiant, en examen par exemple, j’ai toujours bien mieux réussi que tranquille en travaillant à la maison. Comme certains sportifs ne réussissant que dans les grandes courses.

A l’inverse, cette appréhension peut devenir paralysante chez certains : c’est parce qu’au fond d’eux, ils n’ont pas confiance. Ils savent qu’ils ne se sont pas assez entrainés, que ils vont en chier, etc etc

C’est marrant moi c’est tout l’inverse.
Le Verdon ne m’attire pas à force de lire partout que c’est hyper gazeux.
Mais avec un piolet dans chaque main, je me sens bien plus tranquille.

Comme quoi, ça dépend avant tout des pratiquants.

J’suis du même avis, le mental vient avec le temps… Plus on travail, plus on gagne en concentration et en détermination. Certains mettent longtemps avant d’être serein alors que d’autres le sont assez rapidement… Les têtes brûlées! :stuck_out_tongue:

J’étais un hyper actif qu’il a fallu canaliser et ça c’est fait avec le sport (athlétisme, badminton, squash, karaté…)… Il fallait que je soit dans l’action coûte que coûte… Avec l’escalade j’ai appris à me calmer, à devoir souffler, à prendre sur moi pour avancer. A côté de ça j’ai toujours mon boulot où je cours et fonce comme un fou. Et quand ça va mal ou que c’est dur, je sers les dents. Avant, j’aurais pété une durite facilement devant la difficulté mais avec l’escalade j’ai appris à prendre sur moi, à détendre mon esprit.

Pour mon cas, c’est l’inverse. Donc ,je ne grimpe quasiment plus

Posté en tant qu’invité par ghisino1:

ça me fait penser à ma dernière sortie GV.

la voie était « vrai » TA (5 pitons en place sur + de 100 metres de voie) et sans doute à la limite de notre niveau (7a de pure fissure à coincements…alors qu’on n’est pas vraiment des spécialistes du style).

Bien, on s’est mis bien plus peur dans la marche d’approche dans des bois suspendus très raides, sans sente et pleins de feuilles séchées que dans la voie…
D’ailleurs on a pris un but à cause de la marche d’approche : bien plus lents que prévu et avec des soucis d’orientation à la montée, on a décidé un horaire limite pour descendre un endroit expo avant le coucher du soleil, et donc on a tiré les rappels même si on avait encore 2 heures de lumière pour une seule longueur…

comme dit un pote : parfois quand tu touche le rocher tu peux dire « je suis sauvé » !!!

Dans un sens, ce n’est peut-être pas si mal…

Quand je vois des couples qui n’arrêtent pas de s’engueuler parce que y’en a aucun des deux qui a confiance en l’autre, ça en devient dangereux, voir même très dangereux.

De même les parents qui gueulent sur leurs gamins pour qu’ils montent leur voie… le gamin va garder une image super négative de son expérience et aura tendance à se mettre une grosse pression alors qu’il faut être le plus « serein » possible dans sa tête pour grimper.

De toute manière, pour moi l’escalade doit rester comme dirait un pote, un « instant plaisir » alors j’essaie de grimper au maximum avec des gens détendus… mais en général les grimpeurs sont des gens cools avec qui on discute et rigole facilement. J’aime cet état d’esprit qui entoure l’escalade bien que pour progresser il faut être « sérieux » dans sa tête.