Escalade à la vie – à la mort

Posté en tant qu’invité par TAUPE:

Ce qui est génial c’est de vaincre ça peur, d’apprendre à maitriser ces émotions pour progresser.

Posté en tant qu’invité par grimpissimo:

Pour dépasser cette peur ne faut il pas chercher un appaisement dans une autre discipline qui permettrait d’etre plus détendu et de repouser ses limites vis à vis de la peur?
souvant quand on est bien et que l’on pense entièrement à sa façon de grimper,ou je pose les mains les pieds,ressentir sa respiration,on fini pas oublier le point suivant qui est notre obsession quand la peur nous dirige.
Donc une discipline permettant d’etre plusrelacher est une piste intéréssante je pense…

C’est ce que j’applique: Les bétises sur un forum montagne par exemple.

Posté en tant qu’invité par Step’:

École de vol…

On est jeune, la quinzaine, et pour pouvoir grimper, vu le coin où se passe mon histoire, c’est le mur en résine ou rien.
Le mur en résine, je le fréquente donc pas mal. Mais j’ai peur de tomber, et ne fais les voies en tête que quand je les maîtrise bien.

Cette foutue année, donc, je suis dans l’équipe locale, histoire de profiter du mur au maximum. Corolaire : je participe aux « compètes ».
Dans l’équipe, on est deux à pas vouloir voler. A une certaine épreuve, je me souviens que, plutôt que de tenter un pas qui me semble aléatoire, je préfère désescalader jusqu’au dernier point, avant de dire « prends moi » à l’assureur. On est sur un mur en résine, y’a pas 2m entre les points… L’autre trouillard de l’équipe fait un truc du même genre.

La punition ne tarde pas : à la séance suivante, les entraîneurs nous imposent une « école de vol ».
C’est moi qui commence : je monte 0,50m au dessus du dernier point, et je saute. Je monte 1m au dessus, et je saute. Dernier vol : il s’agit de se mettre le pontet au niveau du haut du mur, et de sauter. Bon, là, je rigole plus du tout. Je saute, mais c’est très loin de me rassurer.
Au tour de mon partenaire. Tout se passe bien, jusqu’au dernier saut. Là, il ne veut pas. L’entraineur insiste. Il ne veut pas. « Tire sur la corde ! », me dit l’entraineur. Je tire mollement, je suis un peu troublé, ça me semble pas très pédagogique, et je vois bien que, là haut, le pote est terrorisé. D’ailleurs, ça ne manque pas : il s’accroche au mur avec l’énergie du désespoir. L’entraineur, obstiné, attrape alors la corde et tire de toutes ses forces.

Bon, là, c’est le passage ésotérique de mon histoire, z’allez pas me croire : le gars, en haut, et malgré la sévère traction de l’entraineur (moi je fais plus rien, je crois que j’ai autant la trouille que le type en haut), parviens à choper la corde, et, en bourrinant comme un âne, à la hisser jusque dans le skif du relais.

Quand il redescend, il est blanc comme un linge, et n’a plus assez de jus pour simplement défaire ses lacets…

Il va de soit que j’ai toujours autant la trouille de voler. Dès que le nombril dépasse le dernier point. Presque 20 ans après. D’ailleurs : je ne vole pas. Par contre, je me débrouille pas mal en désescalade, et n’ai aucune peine à ravaler ma fierté : je le sens pas, je le fais pas, point.

Alors, ok : je progresse peu, ou pas. Et puis ? Avec un petit niveau, y’a déjà plein de belles voies à faire.

(Pas assez à mon goût, mais c’est à chacun de voir.)

Pour ceux qui ne l’ont pas lu… :slight_smile:

Histoire superbement raconté.

Moi c’est un peu la même chose mais avec un piscine et un crs maitre nageur.
Plus de 20 ans après je ne sais toujours pas ce que je déteste le plus, l’eau ou les crs.

xx

Posté en tant qu’invité par lhg:

moi je grimpais non stop depuis 1983
et je me suis arrêté totalement depuis 6 mois pour des douleurs trop handicapantes, et sans trop d’espoir de regrimper
avant je vivais
maintenant je ne fais qu’exister
ça me m’amuse pas beaucoup :expressionless:

C’est mon cas … et je me suis aussi posé cette question.

Mon père a toujours été là, c’est lui qui nous a élevé… avec qui j’ai grimpé… absence de la mère ?

je crois que les histoires ne se ressemblent pas :wink:

concernant la peur, dont celle du vide un très bon livre avait été indiqué sur ce site , elle concerne celle des alpinistes professionnels (« entre la vie et le vide » de Christophe Lachnitt)

merci pour votre témoignage

xx

Je n’ai jamais fait d’école de vol (le principe ne me plait pas), pourtant j’ai pu prendre/accepter des grands plombs sans trop (pas assez?) d’angoisse.
J’imagine plus intéressant de faire des activités avec repérage dans l’espace (plongeon/trampoline) pour pouvoir visualiser ce que va être un vol dans la progression. Dans mon cas je suis parfois plus accro au gaz qu’à la grimpe elle même.
Blessé au genou et à l’épaule, plus de grimpe ni d’alpi ni de ski depuis 6 mois, j’ai trouvé une alternative au gaz de la grimpe ou de la pente raide, le parapente (vol rando/alpi facile).
Dur de vivre sans ça… Mais ça va revenir j’espère.

xx

Juste pour comprendre, quel est le sens de tes "up ", sur les discussions que tu as initiées, ou plutôt tes récits personnels ?

Pour ma part, ce up m a permis se lire ces beaux témoignages.

L’escalade et les sports de montagne ne sont pas des sports comme les autres, on s’y donne souvent corps et âme et c’est ce qui rend ces activités sensuelles. Elle évolue comme une relation, ou des relations amoureuses, qui se suivent se superposent parfois pour certains…
Mon premier contact avec la montagne remonte à mes 5 ans, premières vraies vacances pour remédier à une bronchopneumonie qui ne me laissait pas en paix. Un mois à La Clusaz et une vie changée après, changée pour toujours. Non seulement je pouvais respirer sans tousser mais en plus j’avais découvert ce qui me fallait. Au fil des années c’est vers la montagne que mes yeux se tournaient quand ça n’allait pas et dès que mes pieds y atterrissaient tout retrouvait sa place son équilibre. Malheureusement je vivais dans un environnement plat. J’ai découvert l’escalade à 16 ans par hasard, A l’école en Angleterre. Le mur dans la salle de gym, les tapis qu’on abaissait, un rituel, des prises en résine, pas terrible mais la sensation de s’envoler. Et puis la chute, 11M, les rochers qui ne caressent pas. Retour à la maison la cheville en ballon de foot les bleu partout, pas mal pourtant. L’hôpital, transportée d’un hôpital à un autre pour trouver un chirurgien qui voulait bien m’opérer et le verdict qui tombe un 6 novembre: peu de chance de marcher à nouveau. A 16 ans ce n’est pas acceptable et je ne veux pas y croire. 9 mois de plâtres retirés remis pour espérer garder un peu de mobilité dans la cheville, les autres fractures sont bénignes mais la cheville est laide, très laide. Et finalement me voilà sur trois pattes mais aucune chance de remarcher sans cane/ Mais à 17 ans c’est pas une perspective. Deux mois de kiné intensive en Belgique avec des kinés passionnés que je ne remercierai jamais assez. Des exercices matin et soir quand je retourne en Angleterre, des massages que je me fais pour la circulation, toujours aucune sensations toujours raide, pas d’équilibre mais après 1 an et demi je peux oublier la cane. Les matins sont douloureux les changements de saisons aussi mais un but, remarcher comme avant. Retour en Belgique pour les études et encore des kinés, des kinés étudiants aussi et petit à petit je récupère de la mobilité, ensuite de l’équilibre et des sensations. Je reprends l’escalade, je découvre Bleau et j’ai des photos de montagne partout, je l’aime cette montagne mais j’en suis loin depuis trop longtemps. J’y retourne finalement et le choc est là, je ne peux pas vivre sans c’est elle qui me définit qui m’équilibre. Ironie extrême pour une Belge! Le choix idiot: je choisis de suivre le chemin raisonnable de n’y aller que pour les vacances, je ne grimpe plus,plus le temps ou bien acceptation d’un rôle qu’on m’a donné. Je deviens maman, choc suprême, on découvre un virus qui me ronge silencieusement. Et là c’est le réveil: je dois me battre et c’est la montagne qui est dans ma tête, médicaments, rétroviraux, j’apprends des noms barbares, PCR. Et finalement j’arrive au bout de ce virus, seule ou presque, dans un état de loque humaine mais je l’ai battu. J’ai la haine dans le coeur, contre ceux qui me l’ont transmis en faisant mal leur boulot, contre celui qui ne 'a pas soutenue, qui m’a laissée me débattre seule en me disant d’arrêter, je déteste la planète entière, repliée sur moi je sais qu’il faut que je parte. Retour à mes premiers amours, Les Hautes alpes, le Briançonnais puis La Clusaz, une renaissance en quelque sorte. Je ne grimpe toujours pas mais j’ai retrouvé les chemins de randonnées, j’ai timidement enfourché un VTT le reste va suivre, trail et escalade refont surface quand ma fille a 4 ans. Je re-décrouvre et elle découvre les prises de résine, puis le rocher des Baronnies, la montagne viendra ensuite… Je m’entraîne je 'accroche toujours plus fort pour finalement dépasser ce que j’ai été avant. Et me voilà à un autre tournant, d’autres déchirures et d’autres combats, mais je sais où j’appartient et où je veux aller .

Le très beau récit d’une chute et d’une remontée.
Merci…