Encordement en pente raide

Posté en tant qu’invité par Le Piu:

Comment progressez-vous en fonction de la raideur?

Je conçoit bien les 2 « extrêmes »:

Pas trop raide (env.45°), je monte corde tendue, distance 2-3, sans anneaux, assuré directement au baudrier. Chute interdite pour le 1er, peu recommendée pour le 2e.

Très raide (pour moi >55-60), je tite de longueurs et je fais de relais.

Mais entre 2, vous faites quoi? Montez-vous corde rendue à 50m avec 1 ou 2 points (coinceurs, corps mort ou broche) intermédiaires, mais sans relais, donc toujours en mouvement? Ou alors il n’y a pas de solutions (en théorie) entre les 2 manières de faire que j’évoque ci-dessus?

Merci.

Le Piu

http://mypage.bluewin.ch/lespius/index.html

Posté en tant qu’invité par Nicolas:

Je préfère remplacer le « corde tendue » par « pas d’encordement » tant qu’il n’y a pas de pots (rares dans des pentes pas trop raides, mais ça existe), et qu’on est pas dans situation du guide et de son client (cordée de niveau homogène).
Principe général : ne pas m’encorder tant qu’il n’y a pas de quoi faire des points.

L’intermédiaire pourrait être, sur de la glace pas trop raide, de progresser corde tendue mais long (30-50m) avec au moins deux broches ou autres points solides entre les 2 grimpeurs… Et inverser ou faire relais pour se refiler le matosse de temps en temps.

Posté en tant qu’invité par mat_tours:

cela depend aussi de la qualite de la neige

si on peut progresser sans risque avec de la bonne neige
il faut pas tirer de longueurs

mais si c 'est de la glace
il faut bien sur en tirer

le facteur pente compte mais surtout le facteur qualite de neige qui est important
mathieu

Posté en tant qu’invité par Öli:

Deux points entre les 2 grimpeurs, lorsque tu progresse corde tendu à 50m, me semble un mini car lorsque le second arrive sur un point et l’enleve, il reste toujours un autre point, entre les 2, au cas ou.
C’est très rare lorsque le 1er peut en poser un lorsque le second le retire! excepté en glace.

Ca m’arrive de progresser ainsi, mais cela présente quelques inconvenients:
_Il faut etre proche des rives du couloir pour aller poser des points sur le rocher lorsqu’il n’y a pas de glace, et defois il faut un peu grimper sur le rocher au risque de faire partir quelques pierres sur le second…
_Le poids de la corde à double de 50m à tracter n’est pas negligeable pour le premier, plus le tirage.
_Lorsque tu grimpe sur de la glace, le second se reçoit tous les débrits sans pouvoir vraiment se protéger, il faut alors se décaler, pas évident.
_Il y a un moment où tu dois faire relais pour récuperer le matos du second, ce qui arrive un peu trop souvent sur un long couloir.

Je conçois cette progression lorsqu’il faut se sortir rapidement d’une situation à risque ou que le temps presse pour sortir…

Personnellement, je préfère la progression attaché à 3m, en restant très vigilant sur le second, pas évident. Dans le cas où les dangers objectifs sont limités.
Faire gaffe aux autres cordées engagées au dessus, la pesanteur envoient beaucoup trop de choses du haut!
La progression sans corde à 2, décalés, est rapide et souvent plus sécurite, jusqu’au moment où on se sens plus, alors on tire les longueurs.
Cela dépend de son niveau, mentale, physique et technique…et si la cordée est homogène ou non.
Et cela dépend des jours…

Bonne course.

PS: Un guide mettait un Tbloc sur les points en cascade, pour une progression entre deux murs…cela permet de ne pas se faire tirer en arrière si le second tombait…pas essayé encore.

Posté en tant qu’invité par Hugues:

Voici ce que j’ai fait dans la face nord du triolet gravie en septembre 2002 par très bonnes conditions:
1ère partie jusque à la base du gros sérac en bonne neige (45-50°): corde tendue espacement entre 5 et 10 mètres (je ne me souvient plus bien)
2ème partie petite traversée et franchissement raidillon (55-60°) en glace tendre à coté du gros sérac: 1 ou deux longueurs (après avoir libéré des anneaux de cordes ?)
3ème partie sortie Lachenal (50-55°) en bonne neige mais avec quelques passages en glace tendre pour varier les plaisirs (et permettre de brocher) : corde tendue à 40m avec minimum-minimorum 1 broche entre les deux (2 de préférence) d’une traite sans avoir à faire de relais.
On a mis 4 heures parce-que mon second n’avancait pas (sa seule et unique course de l’été) alors qu’on aurait pu le faire facile en 3 heures

Posté en tant qu’invité par arnaud:

le problème n’est pas tant la pente que sa consistance , tu peux tirer a corde tendue dans un glace tendre a 75° et brocher sur une pente en glace noire péteuse hivernale .

Posté en tant qu’invité par berni:

Le seul problème c’est que quand je pars, c’est avec un copain… on part ensemble on rentre ensemble… j’aurais du mal à dire à sa femme, écoute il est tombé et nous n’étions pas attachés.
Alors en tête je pars avec 2 piolets, et si mon second chute, j’ai toujours 1 piolet bien ancré… c’est un peu barbant parfois, mais nous pouvons tous avoir un jour, un moment et/ou un endroit où on ne le sent pas trop… si cela m’arrive un jour j’espère que mon COMPAGNON DE CORDEE (c’est comme cela que ça s’appelle, non?) me prendra au bout de sa corde comme indiqué…

Posté en tant qu’invité par Öli:

berni dit
Le seul problème c’est que quand je pars, c’est avec un copain… on part ensemble on rentre ensemble… j’aurais du mal à dire à sa femme, écoute il est tombé et nous n’étions pas attachés.

Le seul probleme est quand les secouristes doivent appeller les deux familles…ils connaissent trop bien se cas…
C’est tres dur de voir partir son pote, et de supporter ce qui suit, mais c’est peu etre un moindre mal, un vaut mieux que deux.
Evitez le corde tendu le plus possible, c’est juste psyco.

Posté en tant qu’invité par thomas:

Je trouve le sujet tout à fait intéressant
POur ma part je peux définir les choses comme suit

a - Cordée homogène de bon niveau
a1 assurances possibles avec risque faible de chute : encordement à 50 m, 2 à 3 points intermédiaires avec dégaines explose. Relai quand le matériel est épuisé. Exemple : goulotte de Frébouze : 2h30 de l’attaque; 2 longueurs.
a2 pas d’assurance possible : pas de corde, montée ensemble à 3 m. exemple : 2 heures pour la première partie de la face N des Droites
a3 niveau technique et physique élevé : relais soit au 50m soit quand le matériel est épuisé avec utilisation de dégaines explose.

b cordée hétérogène
b1 assurances possibles : relais ou montée ensemble (50m avec 2-3 points) selon le niveau technique de la voie et des équipiers.
b2 assurances impossibles : encordement court et quand je suis sûr de mon second je le fais monter devant moi de façon à surveiller au mieux le cramponnage et éventuellement retenir une glissade dès l’origine.

Mais contrairement à certains, je ne fais aucunement confiance à mon second ou premier, pour rattrapper une chute sans point d’assurance intermédiaires. Pour l’avoir expérimenter sans casse avec beaucoup beaucoup de chance, ca ne marche pas !!! mais alors pas du tout !!!

Dernière chose, en marche sur glacier crevassé, je rappelle que les noeuds en 8 tous les 10 mètres peuvent te sauver la peau si tu passes au travers d’un pont de neige. Pourquoi les noeuds : car la corde fait fil à couper le beurre sur la lèvre de la crevasse et le noeud fait blocage, comme un coinceur. Ceux qui ont quelques notions de couture comprendront les autres demanderont à leurs mamans ou leurs femmes !!!

Bonnes courses

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Le Piu:

Merci à tous!

pour revenir au dernier message, pourquoi dans le cas a2 tu a considéré qu’il n’y avait pas d’assurage possible? Je n’ai pas encore fait la N des Droites. Je suppose que la 1re partie est en neige (50° ?) et que la glace n’était pas accessible pour une broche?

Est-ce qu’une ancre à neige est utile dans ce cas? Ou tu la garde pour un relai?

Peut-on avoir des détails sur ta chute, c’est toujours instructif pour éventuellement éliminer les faux espoirs de réchape…

Posté en tant qu’invité par thomas:

POur les droites j’ai eu l’impression que c’était plus raide que 50° mais je n’avais pas de compas.
La neige était merveilleuse avec des ancrages exceptionnels.
Pas de brochage possible en effet, la glace était peut-être beaucoup plus profonde.
Je n’ai quasiment jamais d’ancre à neige avec moi : trop lourd (à tort peut-être ?)
Ensuite, c’est d’une rapidité extraordinaire de monter ensemble donc un gage de sécurité. (essayez dans le cadre d’une cordée homogène dans un niveau qui vous convient et vous adopterez)
Enfin, la corde et une chute et c’est deux gus en bas au lieu d’un donc deux fois plus de tristesse. c’est avant de tomber qu’il faut avoir anticipé. Une fois la chute partie, t’as de la chance et tu peux raconter en frissonnant, ou …

Pour les chutes, c’est deux conneries à 20 ans d’écart
L’une en descendant de la Walker sur le facile glacier des jorasses. Mon pote est passé au travers d’un pont de neige et alors que je étais prêt à l’assurer, enfin je pensais l’être, je me suis trouvé happé par lui et sa crevasse, à cavaler après mes dernières secondes en pensant éventuellement au demi qui m’attendait à la terrasse du café de la potinière. Une idée lumineuse m’a pris en voyant une ancienne terrasse d’assurage s’approcher de moi à grande vitesse. Je vais essayer de me bloquer de dans !. J’ai donc sauté tout en courant bien sûr, en mettant mes crampons modernes munis d’ « antibott » comme le préconise le manuel du montagnard, dans ce qui ressemblait à un vague terre plein. L’espace d’une fraction de seconde j’ai pu penser que j’avais enrayé cette chute, et l’instant d’après j’étais le cul par dessus la tête, en train de manger la neige avec les yeux, la bouche, à me faire trainer je ne me rappelle plus dans quel sens, quand …
je me suis arrêté.

Je me suis taté, à droite : rien, pas de montagne, le vide. A gauche, je ne pouvais pas bouger, le bras bloqué par le poids du sac, devant la neige, qui remplissait les lunettes, derriere, je ne sais plus.
Après quelques secondes, j’ai repris le notion des directions essentielles : en bas : danger, en haut le ciel, et tout près le trou. J’étais la tête en bas, sur le bord déversant de la crevasse après une course de 30m que m’aurait envié ben johnson tout dopé dans le meilleur de ses seringues. Au fond le copain hurlait!

On en rit mais rien que d’y repenser, j’en ai toujours froid dans le dos. Alors les huit sur la corde, j’espère que vous y penserez, car moi, je ne sais pas si c’est hermann Buhl ou jean couzy qui a veillé sur moi, mais c’était pas mon heure.
L’autre connerie je la raconterai une autre fois, si vous êtes sages

Posté en tant qu’invité par arnaud:

une autre ! une autre !
(tu crois pas que tu vas t’en tirer comme ça ? …)

Posté en tant qu’invité par Nicolas:

berni a écrit:

Le seul problème c’est que quand je pars, c’est avec un
copain… on part ensemble on rentre ensemble… j’aurais du
mal à dire à sa femme, écoute il est tombé et nous n’étions pas
attachés.

Ca, c’est pas gentil pour le gars du PG qui va se coller les DEUX corvées d’annonce de décès, à ta femme et à la sienne.
Mieux vaut faire un seul mort que deux, donc ne pas s’encorder si tu n’as pas moyen d’assurer correctement.

Pour Arnaud : alleeeeeeeez, racoooooonte…

Bonnes courses, sans gamelles hein

Posté en tant qu’invité par strider:

surprenant ton récit, thomas. Bien sur nous aimerions avoir le second récit mais j’aimerais avoir une précision sur ta chute, celle de ton ami et toi, aux grandes jorasses, comment avez-vous fait ensuite pour vous en sortir? Cela m’intéresse car j’ai été témoin d’une histoire similaire où on s’est retrouvé à faire les secouristes improvisés mais efficaces je l’avoues volontier. Et c’est vrai que cela donne froid dans le dos et ça marque pas mal.
Pour le reste je suis assez d’accord avec toi le meilleur moyen d’avoir une cordée solidaire c’est l’assurage actif (avec relai, piolet-tour mort, et autres techniques) et non l’assurage passif où on pense qu’à partir du moment où on est encordé on ne craint pas la chute. Moi je préfère perdre du temps à assurer tous les passages crevassés délicats ou les pentes peu sures, d’ailleurs ainsi tout le monde est obligé de prendre en compte la sécurité de chacun, c’est tellement mieux et cela donne le temps de se reposer et de reprendre ses esprits.

Posté en tant qu’invité par ouh la:

J’aimerai pouvoir dire que j’étais pas sérieux mais j’avais fait un relai avec tour mort sur piolet court (le poids !!), et comme j’avais perdu de vue mon pote à la lèvre supérieure de la crevasse, quand la corde a filé un peu plus vite, j’ai donné le mou, qui est parti de plus en plus vite. ALors intelligemment bien sûr, j’ai voulu bloquer la corde et j’ai observé dans une fraction de seconde mon superbe piolet quitter le fond du trou ou je l’avais mis, partir à l’horizontal et dans l’instant d’après je lui courrais après contre mon gré.
Pour ceusse qui ne l’aurait pas compris, quelques noeuds sur la corde auraient tout bloqué.
Je ne suis donc pas convaincu de l’importance de l’assurage statique rapporté à la perte de temps.
Si tu passes sur un glacier crevassé par neige dure, tu auras des ancrages corrects, tu peux t’assurer. Si tu passes quand c’est une soupe gélatine, tu risques de voir comme moi ton piolet te proposer une petite course de vitesse dont tu ne maitrises pas la ligne d’arrivée.
En fait il faut être au bon endroit au bon moment mais y a des jours où tu choisis pas.

Pour la remontée, une paire de prussik et il est remonté seul. Il s’était posé en douceur au fond, ce qui n’aurait pas du être mon cas à un mètre près voir moins.
Merci Hermann

Posté en tant qu’invité par Francois:

Un tour mort autour d’un manche piolet, c’est absolument inefficace. Si on veut un bon assurage, il faut mettre le piolet en corps mort.
Fin de la leçon de morale.

Posté en tant qu’invité par thomas:

Tiens faudrait penser à appeler les prof de morale en montagne (cf autre forum sur les enfants en montagne)
T’as un tél ou on peut te joindre parce que t’as l’air d’en connaitre un rayon sur le sujet ?

Allo prof, j’ai la jambe gauche qui tremble par ce que j’ai la trouille de tomber, tu peux me faire la morale ?

Allo prof, je suis en train de glisser dans la face nord du D… Qui c’est qu’il faut prier ? A qui je dois demander pardon pour cette erreur et toutes les autres ?

Mais c’est peut-être pas ta morale qu’il faut, toi t’as surtout plein d’expérience, mais tu veux pas la formaliser pour la communiquer.
raconte un peu tes frayeurs en montagne et on verra si t’es toujours autant moralisateur.

Pour moi, l’accident est une succession de petits enchevêtrement d’erreurs internes et externes où la fatigue tiend une place prépondérante. Et t’as beau savoir tout, tu ne le fais pas. J’ai simplement raconté ce que j’avais fait à ce moment. Pour d’autres …

Posté en tant qu’invité par Francois:

Je n’ai jamais eu peur en montagne. Comme j’ai pas mal d’expérience, je sais tout ce qu’il faut faire en toutes circonstances.
Mais c’est vrai qu’il y a beaucoup de petits jeunes qui font ce genre d’erreur.

Posté en tant qu’invité par god:

et quand tu étais jeune, tu faisais comment?

Posté en tant qu’invité par Loïc:

Nous avons maintenant un Francois L’Hotellier … =:^)
Vert solitaire, au secours !!! =:^)