Posté en tant qu’invité par tetof:
http://www.cafchambery.com/article.php3?id_article=2485
[%sig%]
Posté en tant qu’invité par Paul G:
Sympa, votre sortie.
Ca n’est pas du tout le même genre, mais c’est au même endroit. Petite histoire de crue dans cette même grotte.
Debriefing de l’incident de Pré Rouge
Dimanche 23 octobre 2005Contexte
Week-end karstologie du CDS 93. A lieu en Savoie. Objectif : regarder la
morphologie des conduits et le concrétionnement dans la grotte de Pré
Rouge,Arith, Savoie (73).
Le groupe est composé de 8 spéléologues confirmés (dont 3 initiateurs,
et 3 en passe de présenter l’initiateur).Il était prévu initialement de faire Pré Rouge le samedi, et le sentier
karstique le dimanche. La météo prévoyant du beau temps le samedi et de
la pluie le dimanche, Jean a proposé d’inverser l’ordre.
La cavité de Pré Rouge est très bien connue de Jean, qui y a fait des
centaines d’initiations dans le cadre, entre autre, d’un centre de
vacances,et l’a visitée en toutes saisons, été comme hiver, printemps
comme automne.
Il lui est déjà arrivé une fois, il y a 15 ans environ d’avoir à plonger
dans le Lac des Touristes afin de pouvoir rejoindre la sortie. A
l’époque,quand la crue venait, on avait environ 2h pour faire le tour
par le réseau
Chevalier et sortir avant d’être coincés. Un dynamitage dans la galerie
noyée menant à la résurgence a eu lieu, paraît-il, il y a une dizaine d’
années, qui a eu pour effet malheureux, avait-on dit à Jean, de rendre
les crues un peu imprévisibles. Il était donc au courant.Description de l’incident
(Les heures sont indicatives, mais les intervalles de temps sont à peu
près corrects)
La pluie commence vers 0h00, intermittente jusqu’à 3h00 ; puis très drue
jusqu’à 9h00 du matin. Un peu moins forte ensuite.
A 9h, au petit déjeuner, Jean précise qu’on ne fera que la zone d’entrée
de Pré Rouge, vue la météo.
Arrivée dans Pré Rouge à 10h00 (cf photo 1). On s’équipe dans le porche
d’entrée. Historique de la cavité, descente vers le départ du réseau
Chevalier, sans y aller (Jean veut d’abord aller voir le Lac des
Touristes),descente vers le Lac de l’Entrée qui est calme et limpide,
remontée par une petite conduite forcée.
10h30 : Arrivée au Lac des Touristes. Jean descend le ressaut de 1 m. Le
niveau au bord du ressaut est un peu plus que mi-bottes, c’est-à-dire à
peu près celui de l’étiage, ce qui surprend Jean, vue la pluie qui est
tombée.
Il propose aux autres de descendre pour jeter un oil au départ de la
suitequi se fait dans une conduite forcée. Yvon descend le premier et
commence à s’enfoncer dans le boyau. Jean recommande de ne pas aller
loin. Les autres descendent et suivent Yvon. Ruben ne le « sent » pas et
reste là, ainsi que Jean, qui surveille le niveau du Lac.
10h35 : Ruben fait remarquer un petit courant d’air que l’on ne sentait
pas au début. C’est un peu intermittent.
10h40 : Le courant d’air semble se renforcer. Une cordelette accrochée à
une broche (départ de fil d’ariane) s’agite sous l’effet du courant
d’air. Ceux qui sont partis dans le boyau remarquent que leur lampe
tient mal. Eric et Jean-Louis ont passé le petit laminoire avec les
baignoires, et ont fait un petit tour derrière vers les petites
marmites. Jean rappelle les autres,leur disant de revenir, sans plus de
précision. Il se positionne dans le Lac pour aider à la remontée du
ressaut qui permet d’en sortir.
10h43 : Athéna sort, suivie de Karine et de Julien. Quand Julien arrive,
on commence à entendre un grondement lointain. Jean les aide à monter.
Quand Athéna arrive au ressaut, l’eau commence à monter. Jean dit à ceux
qui sont sortis du Lac de sortir immédiatement de la grotte. Ruben
repère le cairn pour sortir, Karine, quant à elle, connaît le chemin.
10h45 : L’eau, qui était à mi-bottes de Jean, est maintenant à sa
poitrine.
Alors qu’elle était très claire avant, elle est devenue très trouble.
Yvon vient de sortir du boyau qui va bientôt siphonner. Il reste à
proximité pour aider les suivants. Jean profitant qu’il voit encore le
ressaut pour se mettre en haut. Eric sort du boyau avec une bonne partie
du visage dans l’eau. Il sort du Lac et fonce vers la sortie. Le
grondement devient plus intense. Pendant quelques secondes, rien n’est
visible. Puis la lumière électrique de Jean-Louis apparaît dans l’eau :
il a plongé pour passer la voûte. Yvon le tire vers le Lac. Yvon et Jean
l’aident à se mettre debout,toussant, et Yvon le soutient en essayant de
la faire courir vers la sortie.
Jean les précède en criant à ceux de devant (Julien et Eric) la
direction à prendre pour qu’ils ne se trompent pas de couloir à un
endroit qui n’est pas toujours bien visible. Dans la petite zone de
cailloux de la galerie, que l’on nomme la Plage, l’eau commence à
monter.10h47 : Jean arrive dans le porche et la grotte : à droite, par la
petite galerie qui mène sur le Lac de l’Entrée, on entend un glouglou
qui ressemble à un siphon qui se vide. Il dit aux autres de sortir
toutes les affaires qui sont dans le porche.
10h48 : Yvon, soutenant toujours Jean-Louis, arrive dans le porche. On
se met tous à l’extérieur.
10h50 : L’eau commence à sortir de sous la dalle de l’entrée.
10h51 : L’eau commence à sortir doucement par le porche, avec un débit
qui augmente très rapidement.
10h52 : Le débit est devenu énorme (cf photo 2). Personne n’aurait pu y
résister (estimation rapide du courant : au moins 3 m/s).Debriefing
Un debriefing est organisé vers 13h, au gîte. Tous s’expriment. Les
participants font d’abord part de leurs remarques. Puis tous se mettent
d’accord sur une série de conclusions concernant la succession d’erreurs
quia
mené à cette situation. Enfin, un timing de ce qui s’est passé est
discuté.
En faisant ce timing, et en le comparant à ce que chacun a fait, nous
noussommes rendu compte que tout s’est passé très vite.
Discussion à bâtons rompus
Jean s’est posé le matin la question d’annuler la sortie, mais il s’est
dit
que la frustration d’avoir fait toute cette distance serait trop grande,
et
il n’en a même pas parlé. Il a clairement parlé des risques de crue, du
fait
que c’était devenu un peu imprévisible, mais n’a sans doute pas
suffisamment
insisté, faute d’en être lui-même convaincu.
Au Lac des Touristes, il a fait la réflexion que le niveau était trop
baset
que c’était bizarre. Cela aurait peut-être dû lui mettre la puce à l’
oreille.
Quand Jean a appelé, les autres sont revenus immédiatement, ce qui est
uncomportement responsable.
N’aurait-il pas fallu parler des abris en cas de crue, sachant que le
risque
n’était pas négligeable ?
Jean-Louis était repérable dans l’eau grâce à son éclairage LED, et il a
repérer la sortie de la voûte mouillante grâce aux acétylènes d’Yvon et
Jean.
Si Jean-Louis avait décidé de ne pas passer sous l’eau, Yvon et Jean
auraient-ils attendu ? Et en ce cas, auraient-ils eu le temps de sortir
?Conclusions
- Même si on n’a fait près de 700 km pour venir, ce n’est pas une
raisonpour aller à tout prix sous terre.
2) Jean croyait bien connaître le réseau mais n’avait pas totalement
intégré
les nouveaux risques de crue. La connaissance « à distance » n’est pas
suffisante.
3) Jean aurait dû empêcher les autres de continuer.
4) Yvon n’aurait pas dû s’enfoncer dans le boyau qui suit le Lac des
Touristes.
5) Quand Ruben a parlé la première fois du courant d’air, Jean aurait dû
rappeler immédiatement les autres.
6) Le chemin de l’aller était indirect : les gens ne connaissaient pas
lechemin direct vers la sortie.
Remarques postérieures
- Ceux qui ont le plus accusé le coup après être sortis (en tout cas de
façon visible), sont les trois initiateurs. Sans doute se donnaient-ils
une
responsabilité plus grande dans les erreurs commises.- La seule information qu’avaient ceux qui étaient dans le boyau était
qu’il
fallait revenir. Il aurait fallu leur dire que la crue avait commencé.
Eneffet, ils sont revenus tranquillement, ne découvrant le danger que face
au
boyau qui se noyait (mais la crue n’a été évidente que quand l’eau a
commencé à monter, c’est-à-dire quand les premiers sont sortis du boyau,
très peu de temps avant). Cela aurait évité que Jean-Louis manque d’être
piégé.
- Les gros problèmes ont été évités grâce au fait qu’il s’agissait d’un
groupe de spéléos confirmés, qui n’ont jamais paniqué, et qui a vraiment
adopté un comportement de groupe, et fait ce qu’il fallait faire dans
ces circonstances.
Posté en tant qu’invité par tetof:
Où est le problème. La gestion des crues fait partie intégrante de l’acitivité spéléo. Pour ma part, je ne faisais de la spéléo que les we pourries. C’est une des rares activités, avec le kayak que tu peux pratiquer sous la pluie. Il suffit de bien choisir son trou.
L’encadrement en terrain non aspetisé necessite effectivement de savoir gérer ce terrain non aspetisé. Mais il n’y a rien de bien nouveau à cela. C’est le terrain asptisé qui est nouveau.