Posté en tant qu’invité par steinmann:
Les JO ont été un grand succès populaire, et plus particulièrement les cérémonies d’ouverture et de clôture mises en scène par le chorégraphe Philippe Découflé, suivies par deux milliards de téléspectateurs. Dans les compétitions, se classant au septième rang des nations engagées, la France obtint neuf médailles, dont trois d’or pour Edgar Grospiron en ski de bosses, Fabrice Guy en combiné nordique et pour le relais féminin de biathlon.
Toutefois, après la relative réussite de l’organisation des épreuves sportives, le bilan des Jeux Olympiques est apparu bien plus contrasté. Le déficit des Jeux, que l’Etat s’est engagé à prendre en charge à 75%, s’est ainsi élevé à plus de 280 millions de francs, soit 6,6% du budget total. Les équipements sportifs ont en particulier coûté plus cher que prévu : la piste de bobsleigh de La Plagne a vu son coût passer de 130 à plus de 220 millions de francs et le tremplin de saut de Courchevel a coûté deux fois plus cher qu’envisagé. En outre, si les Jeux Olympiques avaient permis de créer des emplois, une partie disparait avec eux. La Savoie et la vallée de la Tarentaise sont également rattrapées par la crise en 1993 : des usines suppriment des emplois et le taux de chômage croît. Pourtant, malgré ces ombres indéniables au tableau, les Jeux Olympiques d’Albertville ont globalement été une réussite pour la Savoie. Ils ont surtout permis de rénover les stations de sports d’hiver et de doter la région d’infrastructures de transports modernes.
C’est que l’impact des Jeux Olympiques sur la Savoie a un chiffre : celui du montant total des investissements effectués tous secteurs confondus, douze milliard de francs. Cette somme gigantesque rend compte du bouleversement complet qu’a connu la Tarentaise. Non seulement la voilà dotée d’équipements sportifs exceptionnels, mais encore elle dispose désormais d’infrastructures modernes dans les domaines hôteliers, touristiques, culturels, et de nouveaux équipements en matière d’aménagement rural, d’électrification, d’électrification, de télécommunication, sans oublier bien sûr les nouvelles voies routières qui désenclavent totalement la vallée et pourraient justifier, à elle seule, l’organisation des Jeux. Si la transformation de la Savoie s’est opérée tous azimuts, c’est parce que les treize sites olympiques ont tous profité de facilités financières pour réaliser d’importants travaux sur leur territoire. On parle de cinq, voire de huit années de gagnées pour certains, par rapport à un rythme de développement normal. Un seul exemple : Brides-les-Bains. Sur les six cent millions de francs investis pour rebâtir une nouvelle cité thermale, deux cent dix proviennent des caisses de la mairie. Bien Les Jeux Olympiques eux-mêmes, qui se sont déroulés du 8 au 23 février 1992, ont rencontré entendu, si le pourcentage de ce financement communal, 33%, parait faible, la somme reste tout de même importante et Brides-les-Bains, comme Pralognan ou les Saisies, doit faire face à de sévères difficultés financières. Second chiffre significatif de l’impact des Jeux sur la Savoie : quatorze mille emplois ont été créés de 1985 à 1990. Hélas, la parenthèse olympique est refermée, et après avoir échappé à la crise, la Savoie connaît à son tour une aggravation du chômage qui atteint 8,9% au second trimestre 92. Paradoxe : à ce jour, la Tarentaise a bénéficié de moins d’installations d’entreprises que la vallée de la Maurienne, futur axe privilégié Lyon-Turin. Est-ce là la conséquence d’une communication olympique exclusivement basée autour du ski, ou une volonté politique ? Mais alors que la Maurienne renforce son aspect industriel, la Tarentaise semble vouloir devenir le paradis du touriste skieur.
Et il y a la réalité: s’ils sont en effet l’occasion d’une compétition relativement pacifique, les Jeux sont aussi le lieu par excellence où se donne en spectacle un sport mondial de plus en plus dédié au marché, à la consommation, à la triche, au dopage et à la ferveur nationaliste.