Ce qui ressort bien c’est aussi le caractère catastrophique (selon l’échelle) des phénomènes : rien de neuf pour les scientifiques, mais mieux perceptible par tout un chacun : l’érosion ce n’est pas qu’une accumulation très lente de petits delta, mais ça peut passer par des épisodes ou des répétitions d’épisodes massifs.
C’était aussi le cas pour par exemple le changement brutal de lit de la Roya, dans son lit majeur, avec les dommages collatéraux sur les routes, les bâtiments, etc : le modèle mental qui a permis leur installation en zone menacée est celui de l’évolution lente et graduelle, pas celui de l’épisode court.
C’est clair que pour revenir à la montagne, cette régression (depuis longtemps déjà) du permafrost d’altitude « libère » des éboulements qui n’étaient qu’en attente (ce qui a quand même permis une stabilité remarquable des topos pendant des décennies). J’ai un ami qui, après une grande voie sur le versant italien du Mont Blanc, ne voulait plus faire d’alpinisme estival à cause de l’augmentation trop importante des risques objectifs.
C’est un peu ce que disent aussi F. Degoulet et B. Ribeyre après leur grande traversée au dessus de la Mer de glace:
"mais aussi un sentiment mitigé par rapport à la dégradation de la montagne… J’ai dans l’idée qu’on est les derniers à faire ça… Je dis ça un peu à chaud mais là, tu vois, avec ces conditions, je n’ai pas tellement envie de retourner très haut en montagne. J’ai le sentiment qu’il y a plein de sales trucs qui vont se passer.
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