De mieux en mieux, on patauge dans la connerie ! Au fait c’est quoi un prolétaire ? Marx au secours ![/quote]
Ca c’est de l’argumentaire :rolleyes: Marx n’est pas l’inventeur de ce vocable… J’aurais pu aussi dire « pauvres » ou « personnes d’origine modeste ». Et puis il n’y a aucun positionnement politique dans mes propos, juste une constatation. Dans les massifs qui entourent Grenoble on constatera aisément que l’on a beaucoup plus de chance de croiser un résident du Grésivaudan qu’un locataire à l’Arlequin… Et, manque de bol, quand t’es d’origine rebeu ou noire, t’as beaucoup plus de chance d’habiter l’Arlequin que le Grésivaudan.[/quote]
Pas facile de comprendre l’éternel problème du conformisme d’autant plus qd cela émane d’esprits, si élévés en apparence « libres » et en viennent à patauger (j’aime bien ce terme) dans les poncifs et les idées toutes faites.
CE2 a fait une remarque pertinente, et sans arrières pensées ( je pense ! ) sur la disparité « ethnique » dans les sports de montagne hors le ski de piste. Faute d’études sociologiques difficiles d’y apporter des réponses objectives et fondées mais nous sommes tombés ou dans le régionalisme ou dans le procès d’intentions, classique de la bêtise intelligente : on est libre, critique, on pense vraiment, par soi-même, et boum on glisse dans la banalité de la force de la doxa dominante ! Tjs ce passe-passe de la rhétorique: on accapare le mot , on tue l’idée originelle et avec un peu de chance on confisque la chose ou on la brouille ou l’embrouille suffisament pour la rendre inutilisable.
Tu vois Greg, je n’ai pas envie de te faire un « cours » sur le prolétariat et peu importe le sens économique ou politique du vocable, pas envie de discuter sur l’idée courte et radicale « qu’un étranger restera un étranger » au yeux d’un savoyard (désolée pr le raccourci) étranger lui même d’ailleurs à son insu, mais à quoi bon ! Rebeu, beur ou d’origine Arabe, Noire ou autre minorités visibles soyez les bienvenus en montagne et à mes yeux, vous ne serez jamais un étranger à qui je m’adresserai de manière « cordiale » si bien, entendu, vous aurez eu l’obligeance de vous êtes présenté à ma personne !
Elle est à toi cette chanson
Toi l’Auvergnat qui sans façon
M’as donné quatre bouts de bois
Quand dans ma vie il faisait froid
Toi qui m’as donné du feu quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
M’avaient fermé la porte au nez
Ce n’était rien qu’un feu de bois
Mais il m’avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
A la manièr’ d’un feu de joie
Toi l’Auvergnat quand tu mourras
Quand le croqu’mort t’emportera
Qu’il te conduise à travers ciel
Au père éternel
Elle est à toi cette chanson
Toi l’hôtesse qui sans façon
M’as donné quatre bouts de pain
Quand dans ma vie il faisait faim
Toi qui m’ouvris ta huche quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
S’amusaient à me voir jeûner
Ce n’était rien qu’un peu de pain
Mais il m’avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
A la manièr’ d’un grand festin
Elle est à toi cette chanson
Toi l’étranger qui sans façon
D’un air malheureux m’as souri
Lorsque les gendarmes m’ont pris
Toi qui n’as pas applaudi quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
Riaient de me voir emmener
Ce n’était rien qu’un peu de miel
Mais il m’avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
A la manièr’ d’un grand soleil
ca aussi c’est du discours bien conventionnel, stéréotypé et limite démogo. Bien entendu que tout le monde est bienvenu en montagne et que c’en serait une richesse mais greg a pourtant raison avec sa façon directe de l’exprimer. Pour les sports de montagne faut du fric, vehicule(à moins d’etre autochtone ) matos hors de prix, forfait pour le ski, remontées méca parfois ou refuge etc… Et biensur aussi que ces poplations font le plupart du partie des categorie ssociales aux revenus modestes voir moins. Donc c’est foot athlé etc… Pas besoin de jouer les intellectuels et théoriser pour voir une évidence!
Il ne me semble avoir vu nulle part la réflexion suivante dans ce sujet : l’Européen voue à ses hautes montagnes une fascination depuis fort longtemps. Presque religieuse, mais pas au point peut-être d’y placer des divinités à leurs sommets, qui empêcheraient d’y grimper (comme en certains endroits d’Asie ou chez les Indiens d’Amérique, et probablement ailleurs). Ensuite, depuis 200 ans, la course aux sommets a été un facteur de fierté nationale et de concurrence d’un pays à l’autre. Course relayée par les médias écrits puis audiovisuels.
Dès lors, cette fascination pour la montagne est ancrée dans nos esprits, elle est culturelle. S’y frotter, c’est aussi s’inscrire dans l’histoire, ou en tout cas en revivre un petit bout.
Les Japonais ont également une forte attraction pour les sommets, je crois. Les « Africains » (comment généraliser à un continent)? Je ne sais pas : peut-être manquent-ils, à part quelques exceptions, de hauts sommets enneigés qui les aimanteraient? Y placent-ils aussi des divinités qu’il ne faudrait pas déranger? Quant aux « Africains émigrés en Europe » (n’ayons plus peur de généraliser!) : si culturellement ils n’ont pas de fascination pour la montagne, et si en plus beaucoup d’entre eux ont des revenus plus faibles (ce qu’il faudrait prouver, mais j’ai peur que ça soit vrai) que les « blancs », qu’iraient-ils faire à se peler à 4000m???
Mais une autre question pourrait être, et on en a déjà parlé : faut-il avoir de la tune pour aller en montagne? Réponse dans les sujets appropriés.
Un prolétaire est très simplement quelqu’un qui n’a que son salaire pour vivre, sans héritage, sans capital, sans propriétés immobilière ni compte d’épargne. Et donc qui n’a pas un gros salaire et occupe généralement un emploi subalterne, et donc aussi qui n’a pas spontanément accès à la culture, dont l’envie de montagne fait partie. L’accès initial à la montagne se faisant très souvent par le ski alpin, il n’est pas inutile de relever que 3 habitants de l’agglo grenobloise sur 4 n’y sont jamais allé … y’a le prix, et plus sournois le « c’est pas pour nous ».
Même dans mon village de montagne, je connais des familles qui ne mettent pas leurs enfants au club des sports pour faire de la compétition à ski, parce que tenue+skis performants à renouveler régulièrement ça coûte trop cher, surtout quand il y en a plusieurs. C’est un investissement, qui n’est justifié pour les pauvres que s’il y a derrière un projet professionnel, généralement le monitorat de ski. Eh oui, il y a aussi des pauvres dans les habitants permanents des stations !
Et dans notre société les prolétaires sont constitués par les personnes s’étant déplacées récemment de leur cadre de vie traditionnel pour trouver du travail dans l’industrie, par l’exode rural interne d’abord, puis par l’immigration des 50 dernières années qui n’en est que la continuation par exactement le même processus. Sans compter que certaines boulots pénibles ne peuvent être effectués que par des personnes habituées aux travaux physiques durs, et qu’il n’y a guère que les primo-arrivants de la campagne pour y tenir le coup. Ce qui explique qu’il y ait, dit-on, 60 000 postes de travail vacants dans le bâtiment, et 300 000 salariés sans papiers dans ces métiers. Mais c’est une autre histoire …
C’est aussi la même couche sociale « prolo » qui fournit les soldats professionnels, dont les chasseurs alpins, tout comme elle fournit de plus en plus gendarmes, policiers et gardiens de prison de base.
Ceci dit il commence à se former une petite bourgeoisie « visible » avec des jeunes qui s’intéressent à la montagne, par le même processus d’intégration que les couches d’immigrants qui les ont précédés, italiens, et polonais notamment.
Il ne faut pas non plus oublier le rôle historique de la FSGT pour faire découvrir la montagne aux « prolos », ce dont témoignent les noms de René Desmaison ou de Robert Paragot. À lire sur ces aspects sociaux « l’alpinisme, laisse béton » dont le nom de l’auteur m’échappe (Gilles Rotillon ?).
[quote=« ThomasR, id: 952202, post:63, topic:93355 »]Il ne me semble avoir vu nulle part la réflexion suivante dans ce sujet : l’Européen voue à ses hautes montagnes une fascination depuis fort longtemps. Presque religieuse, mais pas au point peut-être d’y placer des divinités à leurs sommets, qui empêcheraient d’y grimper (comme en certains endroits d’Asie ou chez les Indiens d’Amérique, et probablement ailleurs). Ensuite, depuis 200 ans, la course aux sommets a été un facteur de fierté nationale et de concurrence d’un pays à l’autre. Course relayée par les médias écrits puis audiovisuels.
Dès lors, cette fascination pour la montagne est ancrée dans nos esprits, elle est culturelle. S’y frotter, c’est aussi s’inscrire dans l’histoire, ou en tout cas en revivre un petit bout.
Les Japonais ont également une forte attraction pour les sommets, je crois. Les « Africains » (comment généraliser à un continent)? Je ne sais pas : peut-être manquent-ils, à part quelques exceptions, de hauts sommets enneigés qui les aimanteraient? Y placent-ils aussi des divinités qu’il ne faudrait pas déranger? Quant aux « Africains émigrés en Europe » (n’ayons plus peur de généraliser!) : si culturellement ils n’ont pas de fascination pour la montagne, et si en plus beaucoup d’entre eux ont des revenus plus faibles (ce qu’il faudrait prouver, mais j’ai peur que ça soit vrai) que les « blancs », qu’iraient-ils faire à se peler à 4000m???
Mais une autre question pourrait être, et on en a déjà parlé : faut-il avoir de la tune pour aller en montagne? Réponse dans les sujets appropriés.[/quote]
As-tu déjà été au sommet d’une montagne ?
Moi j’y ai souvent vu des bouts de ferrailles ou de bois représentant des divinités locales (des sortes de croix avec parfois un local torse nu ou en short cloué dessus), …Incompréhesible mais bon
Oui, on y place des représentations religieuses, mais n’y vivraient pas au sommet des divinités qu’il faudrait ne pas déranger (comme au Kaïlash, ou sur certains mesa navajo).
de l’explication géographique . Mais comme il y a autant de pauvres et d’immigrés dans les villes de montagne qu’ailleurs, cela ne tient pas, de même qu’il y a énormément de pratiquants qui ne vivent pas du tout dans les zones de montagnes (ceux là viennent envahir les villages de montagne en juillet et août avec leurs vilaines voitures immatriculées 44, 75 ou 59, les vilains !).
il y a les commentaires border-line un peu xénophobes ou psychorigides. Il y a par ailleurs les commentaires mal à l’aise ou accusateurs qui prêtent de drôles d’intentions. Les oreilles deviennent rouges. C’est de l’ordre de la projection psychanalytique. C’est toujours des risques de ce genre de débat, et les modérateurs veillent.
il y a les explications liées à l’argent. Cela me semble un début de piste. Toutefois, la montagne, l’escalade etc. ne sont pas réellement des sports de riches, je veux dire par là (et c’est l’expérience du milieu où je vis) que les gens riches sont plus axés sur la voile, le golf, le polo (cf. le polo club à Paris), le tennis, le contre exemple en sport montagnard étant le ski. Et puis les « prolos » ont fait de la montagne, et même beaucoup (FSGT). Dans l’autre sens, la randonnée en montagne ne coûte rien, c’est je crois le sport le plus pratiqué en France : or, peu ou pas de diversité ethnique sur les GR. Pourtant, la rando, ça coûte pas plus cher qu’une semaine de vacances à la plage (beaucoup de diversité ethnique). De même pour le foot (beaucoup de diversité) versus le rugby (presque aucune diversité, en France) : dans les deux cas le coût est le même, et il y a autant de diversité ethnique dans la villes de Toulouse qu’à Lens. Et n’oublions pas qu’il y a de la diversité dans certains sports de riche (golf, polo, courses) : j’y reviendrai.
il y a les explications culturelles. Elles me semblent plus puissantes. La force du symbole et du modèle d’abord : il y a eu un imaginaire collectif de conquête des sommets qui s’est confondu avec des élans nationaux : années 20 à 50, en Europe, au Japon, aux USA. Evidemment rien de cela dans les pays du sud. Il n’y a pas de modèle : ce sport, ces sports de montagne ne signifient rien, ni sur le plan historique. Le football signifie quelque chose, parce qu’il y a eu des épopées nationales, historiques pour les pays du sud. L’Etat et les Etat et les entreprises s’engagent massivement dans ces quelques sports de masse, parce qu’ils permettent aussi un contrôle de l’imaginaire et des populations. Quand on exerce déjà le pouvoir, on le conforte en étant président de l’OL, de la fédé de formule 1 ou du CIO.
un sous axe de l’explication culturelle et historique, c’est l’explication liée au modèle de réussite personnelle. ll n’y a pas de reconnaissance personnelle à briller en sport de montagne. Le football signifie quelque chose, parce qu’il y a eu des épopées de réussite personnelle, l’athlétisme aussi, on peut prendre modèle sur des héros issus du pays. En Inde, en Asie, le base ball et le cricket (et oui!) sont des sports pratiqués et suivis massivement par les populations, qui continuent de pratiquer quand elles émigrent en UK ou aux USA : les colonisateurs anglo-saxons avaient une politique différente de nous autres et avaient compris que les élites locales pouvaient être amadouées en les laissant accéder aux activités des nouveaux dominants. Je reviens aux sports de « riches » ou la diversité existe : le golf par exemple (et oui!) : parce qu’il y a un intérêt, celui de gagner sa place, de faire partie du club des élites, de se différencier. Or, la montagne, c’est un sport qui n’a pas de symbolique de reconnaissance, et qui pour des gens qui chercheraient cette reconnaissance n’apporte rien.
Bof, la question de départ était simple, il me semble que la réponse devrait l’être aussi tellement l’évidence s’impose: causes économiques et/ou culturelles, plusieurs intervenants les ont soulignées.
Est il vraiment nécessaire d’avoir recours à de fines études sociologiques pour arriver à cette conclusion ?
Dans cette réponse, point de racisme ou d’étrangers rejetés , il est bien dommage d’être prisonnier d’une certaine idéologie qui fait dériver la discussion, même si j’apprécie les textes de Brassens.
Olivier-C. , bien que je n’ai pas à me justifier : Je ne suis prisonnière d’aucune idéologie sauf celle de la montagne ouverte à tous . En effet, la question de départ est simple mais les réponses sont/ont été quelques fois ( syndrome de C2C ?!) HS et subjectives et nos démons ne sont jamais très loin d’où l’appel aux études « scientifiques » pour conforter, confirmer ou infirmer nos propos pour ce genre de débat. Rien de + … Belle synthèse CE2.
c’est quoi ct’histoire d’etudes scientifiques pour confirmer ou infirmer nos… je comprend pas ce que tu veux dire. tu cites des etudes scientifiques ou tu penses qu’il y a eu l’ebauche d’un debut de recherche scientifique dans cette discussion? comme je pense n’avoir pas compris ton propos je me retiens pour l’instant d’eclater de rire.libere moi!
En laissant de côté le ski de piste qui devrait toujours être toujours plus mis à la portée de tous parce que porte d’entrée (la neige est un véritable plafond de verre en Europe), je suis d’accord avec ThomasR : la montagne (et plus spécifiquement les pratiques alpines) se marient très bien avec les idées « occidentales » (en partie héritage judéo-chrétien, en partie domination d’un modèle économique hégémonique : le capitalisme): victoire, dépassement de soi, souffrance, réussite, effort etc …
Qui plus est, on parle de pratiques et de sports plutôt individuels, qui supposent donc un certain individualisme ( même si ces pratiques sont aussi un bon terrain de socialisation), glissement favorisé par un plus haut niveau de vie . Personnellement, sans renier que certains sports opèrent une grosse sélection par l’argent, je trouve qu’il n’est pas anormal que les sports d’équipe tiennent le haut du pavé.
Ensuite, si je réponds à ce fil, c’est que j’ai commencé la montagne via une association qui promeut justement l’utilisation du terrain montagnard et pratiques attenantes pour les publics en difficulté (en « politiquement correct » dans le texte). J’avais l’impression que ces jeunes étaient très heureux de se voir offrir la possibilité d’accéder à un espace dont les codes leur échappaient. Un peu comme quand on est invité à une fête à laquelle on aurait jamais pensé être invité. Mais dans le même temps, effort, froid et danger ne leur faisaient pas suffisamment envie pour continuer. Mais il y en a quand même qui restaient motivés et qui devenaient très forts, un GRAND sourire aux lèvres !
Au risque de flirter maintenant avec un poncif, je pense qu’on peut quand même affirmer qu’il faut avoir éloigné le danger et la nécessité dans sa vie de tous les jours pour trouver du plaisir dans une certaine privation et l’évolution dans un terrain dangereux. Conquérir l’inutile quand on se débat dans les contingences ? A voir.
Et puis en remettant un peu de perspective historique, les « savoyards » et autres alpins autochtones ne voyaient pas l’intérêt de monter sur les montagnes par plaisir il y a maintenant plus de 200 ans. Petit à petit, les choses ont évolué - tout d’abord l’opportunité économique puis les loisirs et enfin le mode de vie - et je suis sûr qu’elles évolueront assez dans le futur pour que le sujet initial du post ne prête plus à question. L’origine géographique des guides par exemple en témoigne (surtout quand on pense à Frison-Roche ou à Rebuffat, au début « étrangers »)
Mais, personnellement, je trouve qu’il y a quelque chose de très français dans cette volonté acharnée d’égalité « numérique ». Dans pas mal de pays, on s’occuperait tout simplement de promouvoir ( et non décréter) une véritable égalité (et non quelques phrases sur le papier) des chances dans la vie de tous les jours - parfois soutenue par un certain communautarisme - en laissant ensuite aux individus la responsabilité de leur propres choix et envies. Je trouve bien plus grave la faible diversité ethnique et sociale dans certaines professions, véritable marqueur silencieux de l’hypocrisie en ce qui concerne l’intégration.
Alors laissez- faire ? Pas complètement : je sais pas pour vous mais personellement si je pratique un peu la montagne, c’est surtout pour ramener certaines choses qui se font bien rares en bas : éthique, passion, humilité, respect des autres et de la nature, goût de l’effort, plaisir et confiance dans l’autre (sans parler de la camaraderie et des conséquentes chopines de bières). Des valeurs qui donnent juste ce qu’il faut de sel au potage. Et effectivement, en cela l’accès à la montagne doit être promu.
+1 pour la presque totalité de tes réflexions, sauf pour le lien avec les idées occidentales car n’oublions pas la contribution des chinois et des japonais.
L’essai de synthèse est intéressant et bienvenu et je me permets d’y apporter ma petite pierre. Évidemment, les facteurs qui contribuent à la faiblesse de la participation des populations immigrées aux sports de montagne sont multiples et aucun d’entre eux ne peut prétendre tout expliquer à lui tout seul, d’autant plus qu’ils interagissent entre eux.
Cette explication n’est sans doute pas la plus importante mais elle a indéniablement un impact.
D’une part, toutes les études effectuées par les offices de tourisme à propos du lieu d’origine des touristes indiquent qu’ils viennent d’abord des départements montagnards et limitrophes, à savoir des régions Rhône-Alpes et PACA et ensuite de la région parisienne. Si la contribution des autres régions, notamment du nord, est importante elle n’est pas en rapport avec leur poids. On ne sera évidemment pas surpris que le quart sud-est et la région parisienne soient les principaux contributeurs (je me limite aux Alpes).
D’autre part, les richesses ne sont pas uniformément réparties entre toute les régions françaises, et comme par hasard, les 3 régions les plus riches dans l’absolu et par habitant, sont dans l’ordre l’Île de France, Rhône-Alpes et PACA.
La proportion d’immigrés et de pauvres est-elle la même partout ? On peut sans doute accepter l’hypothèse en France en première approximation au niveau macroscopique, y compris dans les deux régions les plus contributives, Rhône-Alpes et PACA, notamment au niveau des grandes agglomérations, mais elle est de moins en moins vraie au fur et à mesure que l’on aborde des entités géographiques plus réduites où la variabilité devient de plus en plus importante. Faut-il citer Chamonix, Megève, Annecy, Cannes, … On notera que les deux premières villes citées, de même que d’autres stations touristiques de renom, voient leurs populations diminuer, en forçant au départ ceux qui n’ont plus les moyens de suivre l’augmentation des coûts de logement. On imagine aisément qui part en premier.
Évidemment, cette hypothèse est fausse si on l’étend aux autres pays alpins et d’autant plus que l’on élargit, que ce soit en pourcentage ou en nature.
Ce facteur géographique est également sous l’influence de l’évolution des coûts du transport qui rend un peu élastique la zone de chalandise.
Bien que sans doute pas prépondérant, il intervient en concomitance avec les facteurs suivants.
Ce sera malheureusement toujours le cas.
Le commentaire sur la richesse des régions les plus contributives renforce ce facteur. Mais, voici d’autre éléments qui peuvent compléter tes informations :
Plusieurs analystes commencent à redouter plus l’augmentation des coûts du transport que le manque de neige.
Un certain nombre de posts du forum conforte l’idée que les sports de montagne, sans être peut-être des sports de riches, n’en sont pas moins des sports coûteux. Il suffit de s’y référer pour avoir les éléments. Certes, on peut citer la démocratisation par la FSGT ou Tourisme et Travail, ce dernier m’ayant permis par exemple de faire mes stages d’alpinisme à l’UCPA. Je m’interroge toutefois si cette démarche n’a pas marqué le pas. Je ne demande bien sûr qu’à être démenti.
La randonnée en montagne n’est pas aussi bon marché que tu le dis, notamment au niveau des coûts d’hébergement, et la population qui la pratique vieillit et peine à se renouveler dans toutes les strates de la population. Et cela va sans doute nous renvoyer à une autre cause.
Les explications culturelles m’apparaissent également fortes. Les élans nationaux de la conquête des 8000 sont bien réels mais sont maintenant dépassés. Toutefois, ce n’est pas une spécificité occidentale car chinois et japonais ne sont pas inactifs.
Mais la situation actuelle est que la montagne fait de moins en moins rêver, et ce dans toutes les couches de la population. L’école de vie à la dure, de solidarité et autres, la prise de risque, les valeurs liées à tort ou à raison à la montagne, tout ça, ça n’est plus dans l’air du temps ! Le débat sur la gratuité des secours, sur d’éventuelles restrictions ou interdictions, sur l’accès payant ne contribuent pas à la promotion des sports de montagne.
Plus simplement, les gens qui viennent en montagne aujourd’hui veulent du plaisir immédiat et zappent à tout va. C’est bon pour les sports de glisse ou l’escalade, moins pour l’alpinisme et la randonnée.
Ce que tu dis est vrai, ça s’applique de façon générale et rejoint le thème la montagne ne fait plus rêver. Mais il y a un point sur lequel je ne te suis pas, c’est la symbolique de la reconnaissance. Il y a tout plein de jeunes dans nos montagnes qui rêvent de la réussite de leurs champions locaux, les Grange, Lizeroux, Montillet, Alphand, Poirée, Vittoz, etc. et qui se défoncent pour y parvenir (Où on retrouve la prégnance du facteur géographique). Évidemment, cette symbolique de la reconnaissance et de la réussite ne concerne pas pour l’instant la population immigrée. Mais il suffirait d’une champion issu d’elle pour changer la donne et la chose est possible. Bien sûr, on est un peu dans un cercle vicieux qu’il faut briser, et c’est l’un des enjeux de cette discussion de comprendre pourquoi pour déterminer où agir.
De façon plus générale, on peut être frappé par la méconnaissance générale de tout ce qui touche à la montagne dans toutes les couches de la population, immigrées ou non. Même les gens qui viennent en montagne n’en ont aucune idée. Évidemment, la population de ce forum n’est pas représentative sur ce point. Cette méconnaissance porte autant sur le milieu que sur les activités.
Par ailleurs, on mesure depuis plusieurs années une tendance lourde de baisse de fréquentation de la montagne, notamment l’été. L’avenir dira si l’amélioration de cette année est conjoncturelle ou structurelle.
Je serais tenter de pointer du doigt deux causes additionnelles de méconnaissance du milieu montagnard et des sports de montagne :
La judiciarisation de toute activité, aboutissant à ne plus rien entreprendre, dans les écoles et les colonies notamment.
La diminution des classes vertes, des classes de neige et même des colonies qui est en train de couper les nouvelles générations de la montagne.
Quel puissant moyen ce fut et ce pourrait être à nouveau de faire découvrir la montagne et ses activités aux jeunes de toutes les catégories sociales, immigrés ou non.
Car le constat est bien là, les jeunes d’hier reviennent sur les lieux de leurs exploits passés et les expériences tentées ici ou là en direction des jeunes dits défavorisés ont donné des résultats prometteurs, en tout cas souvent de beaux sourires.
J’ai lu cette discussion intéressante sur la ‹ diversité ethnique › dans les activités de montagne.
Et j’ai pensé à un bon film tout récent qui aborde un peu le sujet (me semble-t-il) : « La première étoile » de Lucien Jean-Baptiste.
Une bonne comédie familiale « récompensée » que j’ai appréciée.
Nan, entretenir 5 ou 6 poneys argentins, ça coute rien par rapport à une voiture pour peu que tu ai un peu de terrain. La F1, ça c’est un sport de riche !