Discussion philosophique : L'ego de l'alpiniste

Bonjour,
Bien souvent quand je parle à des alpinistes amateurs, la discussions ne tourne qu’autour de leur « exploits » les plus « difficiles » si bien qu’on a parfois l’impression qu’on ne peut trouver du plaisir en grimpant qu’à partir du TD, je trouve ça bien dommage ce genre de mentalité. Vous avez experimenter le truc aussi?
Chaque grimpeur sur ce forum ou presque à du faire au moins une course vraiment difficile mais à quoi bon s’en vanter? C’est dommage que l’alpinisme vu par certaines personnes prennent des proportions d’exploit sportif à tout prix…

Bien cordialement et bien bonne journée à mes amis grimpeurs qui savent apprécier la montagne telle qu’elle est, de la randonnée en famille à l’alpinisme extrême sans distinction :cool:

Je pense que cela dépend du cadre dans lequel l’individu se trouve.
Entre nous (entre alpiniste) je pense qu’on parle beaucoup plus de nos échecs, de nos galères et souvent des conditions dans lesquelles ont à accompli l’objectif. En revanche on se fait mousser lorsqu’on veut se mettre en avant pour épater des néophytes, des clients…en gros des personnes qu’on ne juge pas à un niveau de pratique équivalent au notre.

Les alpinistes n’ont pas le monopole. Je pense que c’est pareil dans tout les domaines sportifs ou non :stuck_out_tongue:

J’avoue que c’est tentant quand même. Chacun de nous a atteint une limite, et il peut être bon de partager cette expérience.

Sinon, le sujet est traité en profondeur dans Le meilleur grimpeur du monde par Bernard Amy (la fameuse histoire de Tronc feuillu).

Posté en tant qu’invité par MattH:

Et oui, la pratique ultime n’est-elle pas celle qui nous rapproche de l’accident, de la mort, de ce moment où les éléments nous enveloppent ? Bien sûr, on prend aussi du plaisir dans des itinéraires peu exposés, plus faciles… moins dangereux mais consciemment ou non, n’y a -t-il pas une différence profonde entre ces sorties où l’on sait que l’on va revenir qui ne servent finalement qu’à combler les vides entre des sorties où l’on remet les choses à zéro, celles où on pourrait mériter qu’il arrive quelque chose ? Je suis volontairement provocant sur la question car l’histoire de l’alpinisme a aussi amené à valoriser et à élever la mémoire de ceux qui y sont restés. Sans être trop fan du contenu, il y a un bouquin écrit par un guide dont le titre résume assez bien la question ou plutôt à contre pied, c’est selon: pourquoi j’aurai dû mourir en montagne. Pour ma part, je dois dire que cultiver une vision sereine, apaisée et non jusqu’au boutiste de la montagne nécessite un petit effort mental.

Cela dit je n’ai jamais entendu un guide de se vanter de ce qu’il a fait !
Comme tu dis justement MattH, chacun de nous à du faire quelque chose où on s’est posé la question de si on allait rentrer mais c’est une expérience personnelle qui influe sur ton quotidien, qui te change en profondeur, pas une histoire que je raconte aux gens pour les impressionner.

Comme tous sportif…
L’alpiniste a un ego inversement proportionnel a ces réalisations…

-> Plus il est fort moins il en parle…

oui faut pas déconner non plus, si c’était le cas il y aurait pas autant de bouquin dans ma bibliothèque hein^^

Ce n’est pas une généralité heureusement :wink:
Ouai mais c’est sûr que c’est super de raconter une expérience en montagne, ce que je critique c’est le mépris des réalisations des autres et de ne parler que de soi.

Pas seulement une question d’ego, mais aussi les différences dans la facilité (ou le plaisir) de faire le récit des aventures. Aussi pour ça que le type de récit va varier selon l’interlocuteur ou l’auditeur : partage (ou pas) de compréhensions, vulgarisation, attentes de l’auditeur, etc. De la même manière qu’on fera un récit différent à un enfant, un ami ou un inconnu de son aventure au supermarché, sans qu’il soit question de frime/ego.

Ça me rappelle aussi une idée (d’Andrew Skurka?) : y’aurait des aventures plaisantes à vivre mais peu intéressantes à raconter (rencontre avec animal, coucher soleil, instants de sérénité), des aventures moins plaisantes à vivre mais intéressantes à raconter ou qui laissent de bons souvenirs (lutte contre orage, exploit physique), d’autres douloureuses qu’on ne voudrait jamais revivre mais qui fascinent l’auditeur et changent la personne (survie, drame, etc).
Le gars expliquait qu’en préparant un périple, s’agissait ainsi de savoir dans quel genre d’aventure on s’embarquait : la promenade confortable, le truc fatiguant, l’exploit physique, etc. Savoir aussi si on cherche à vivre des trucs agréables… ou se constituer des souvenirs agréables.

[quote=« kiki_74, id: 1736048, post:7, topic:153811 »]Comme tous sportif…
L’alpiniste…[/quote]

L’alpinisme n’est pas un sport.

Posté en tant qu’invité par gitaneau:

[quote=« Psycho, id: 1736047, post:6, topic:153811 »]Cela dit je n’ai jamais entendu un guide de se vanter de ce qu’il a fait !
Comme tu dis justement MattH, chacun de nous à du faire quelque chose où on s’est posé la question de si on allait rentrer mais c’est une expérience personnelle qui influe sur ton quotidien, qui te change en profondeur, pas une histoire que je raconte aux gens pour les impressionner.[/quote]

Le métier de guide bénéficie d’une aura véhiculée par la littérature, la presse, les media.Selon moi, le quotidien d’un guide « lambda » se résume à des réalisations de classiques dans un alpinisme de niveau moyen.Dans le cercle initié, on relèvera la liste de courses préalable à l’accession à la médaille, d’un niveau respectable.
L’alpiniste moyen, lui, utilisera sa discipline pour se valoriser dans la société même si le niveau reste moyen.Son auditoire sera bien incapable de faire la différence dans le caractère technique et engagé d’une course.L"essentiel étant l’enrobage, la dramaturgie et le caractère romancé que l’on prête à un récit en fonction de l’effet recherché.

J’aime beaucoup ta réflexion Soren ! :slight_smile: C’est très intéressant cette citation !
Gitaneau je suis bien d’accord mais toi quand tu racontes une sortie à tes amis non initiés tu dis plutôt « Diantre qu’il était délicat ce passage en M5+, mais heureusement je suis trop fort j’ai pu passer ça ! » ou " j’ai passé un super séjour en montagne, j’adore me sentir en dehors du temps et revenir aux sources"? Je pense que ça les intéresse plus de leur parler de choses qu’ils peuvent comprendre, plus pour les faire rêver, plutôt que de truc vraiment techniques ou effectivement ils ne verrait pas la différence entre grimper dans du III et une longueur en M5+.

? Pourtant. Il a des performances, il y a des équipes et des sélections, il y a du Haut niveau et un secteur professionnalisé. A tout niveau, la hiérarchie existe même si la confrontation n’est pas directe.
Et en alpinisme, il y a des sportifs. Des athlètes qui n’existent que pour la ( leur) performance…
Alors je dirais que c’est un sport

[quote=« Psycho, id: 1736022, post:1, topic:153811 »]Bien souvent quand je parle à des alpinistes amateurs, la discussion ne tourne qu’autour de leur ‹ exploits › les plus ‹ difficiles › si bien qu’on a parfois l’impression qu’on ne peut trouver du plaisir en grimpant qu’à partir du TD, je trouve ça bien dommage ce genre de mentalité. Vous avez expérimenté le truc aussi?
Chaque grimpeur sur ce forum ou presque à du faire au moins une course vraiment difficile mais à quoi bon s’en vanter?[/quote]
Discuter (échanger les expériences en parlant d’ascensions réalisées) ou s’en vanter, c’est très différent.
Dans le milieu que je fréquente, on ne parle de ses réussites (et de ses échecs) qu’à la demande d’un collègue désirant des renseignements avant de réaliser une course qu’il n’a pas encore faite. Le reste du temps, on préfère siffler une bonne bière et se raconter des blagues.

[quote=« Zian, id: 1736094, post:14, topic:153811 »]

? Pourtant. Il a des performances, il y a des équipes et des sélections, il y a du Haut niveau et un secteur professionnalisé. A tout niveau, la hiérarchie existe même si la confrontation n’est pas directe.
Et en alpinisme, il y a des sportifs. Des athlètes qui n’existent que pour la ( leur) performance…
Alors je dirais que c’est un sport[/quote]

Oui bien sûr, c’était juste histoire de mettre les pieds dans le plat :lol:

Ok
Cela dit pour revenir au post initial, je pense que l’Ego des alpinistes n’est rien comparé à celui des grimpeurs ( heu, attention, les vrais, ceux qui sont dans le…b quelque chose au deuxième essai de leur première tentative)

Je pense que l’alpiniste comme tout un chacun à tendance à parler des choses marquantes plutôt que des choses ordinaires… et les choses marquantes en alpinisme il n’en manque pas.

C’est pour ça que je parlerais plus facilement,
de « la fois » (hélas nombreuses) où je me suis trompé d’itinéraire et retrouvé à faire du pas facile dans un plan à la con…
ou encore de la fois (hélas unique) où en canyon j’ai été suivi par une donzelle en monokini…
plutôt que des fois (heureusement nombreuses) où tout se passe bien dans la petite course à mon niveau… que je fais en rentrant bien à l’heure pour coucher les gosses…

Après il est vrai que l’on peut ressentir un petit « snobisme » des forts vis à vis des moins forts…
Mais c’est un peu pareil partout, sauf qu’au refuge contrairement à « ailleurs », tout le monde mange dans la même assiette et qu’on peut prendre pour ventardise ce qui n’en n’est pas: parole de pas fort :slight_smile:

Il est ou le canyon ? :cool:

La méthode Rébuffat pour combattre l’ego (solution refuge), c’est de demander au champion la liste de ses dix meilleurs exploits. Vous verrez, bien souvent le niveau baisse très vite. :cool:

[quote=« Psycho, id: 1736022, post:1, topic:153811 »]Bonjour,
Bien souvent quand je parle à des alpinistes amateurs, la discussions ne tourne qu’autour de leur « exploits » les plus « difficiles » si bien qu’on a parfois l’impression qu’on ne peut trouver du plaisir en grimpant qu’à partir du TD, je trouve ça bien dommage ce genre de mentalité. Vous avez experimenter le truc aussi?
Chaque grimpeur sur ce forum ou presque à du faire au moins une course vraiment difficile mais à quoi bon s’en vanter? C’est dommage que l’alpinisme vu par certaines personnes prennent des proportions d’exploit sportif à tout prix…

Bien cordialement et bien bonne journée à mes amis grimpeurs qui savent apprécier la montagne telle qu’elle est, de la randonnée en famille à l’alpinisme extrême sans distinction :cool:[/quote]

ca existe dans tous les sports, rassure toi… en vélo on commence par énumérer la liste des cols gravis, puis le temps, le braquet… En tennis tu commences par donner ton classement, idem en golf…
Simplement il y a des sports où c’est plus facile car tout est quantifié (comme l’escalade ou l’alpinisme, TD, 8b, M4, 5.1, D11 grade 6) et d’autres où c’est plus délicat (au foot, difficile de quantifier la qualité de ton dribble ou de ta frappe !! )