Posté en tant qu’invité par penseur:
Trois secondes dans un sens, trois secondes en contre-sens, elle monte et descend sur un rythme régulier. Le souffle d’une brise légère l’encourage à ne pas s’arrêter, à poursuivre toujours ce mouvement lancinant. Cela fait une heure que ça dure et je ne m’en lasse pas, je la regarde sans y penser, sans même savoir que je la regarde et que c’est elle qui guide mes pensées. Elle a la grâce de celles qui défilent sur le sable, sentant sur leur corps bronzé le regards des mâles mystifiés, absorbés par leur prestance contrôlée. Je ne tourne pas la tête. Mes yeux sont fixés, captivés. Je ne contrôle pas mes sens, je n’entends rien je ne sens rien je suis tout simplement hypnotisé par ce mobile futile et fragile qui sournoisement me magnétise. Je n’aurais jamais cru que cela m’arrive un jour, à moi.
Et puis mes souvenirs me ramènent à la réalité. Une arrivée en haut d’un sommet après dix heures de concentration, de techniques répétées mais surtout dix heures de bonheur que cet instant vient sublimer. Trouver la bonne prise, pour faire le bon geste, coordonner la poussée des jambes et la traction du bras qui permettent de se hisser, sans un effort démesuré jusqu’à la prise suivante. Et ainsi de suite, chacun notre tour, jouer les marionnettes au bout de notre fil, avec notre instinct pour seul guide.
Le soleil s’est lentement abaissé sur l’horizon et a coloré notre univers de sa teinte rosée. La brise a faibli, laissant le silence des lieux donner le ton. Mon compagnon ne bouge pas, ne dit rien. Ses yeux parlent pour lui : il partage mes aspirations, cette envie de prolongé cet instant. Il est des sensations qui ne se décrivent pas, qui se vivent…
Nous entamons notre descente. De retour au refuge, les autres cordées rentrées bien plus tôt que nous sont déjà attablées. Les anecdotes, parfois cocasses, rythment le repas. Ah ! s’ils savaient ce a bercé ma sieste sommitale !
PS : cette histoire est issue exclusivement de mon imagination et ne fait référence à aucune sieste vécue !