Devenir guide ou changer de projet ?

J’avais un ami guide qui a commencé à se poser ce type de question alors qu’il était en activité depuis pas mal d’annėe. Il me disait qu’il allait arrěter pour profiter de sa famille et ne plus prendre de gros risques. Et cela a duré un certain temps où il a continuė son métier tout en sachant au fond de lui qu’il fallait arrêter. Jusqu’au jour ou il a eu son accident dans une sortie hivernale à ski, pris dans une avalanche pour toujours, å 40 ans. . Ce jour lå il s’ėtait désisté pour une sortie de plus grande envergure et à la place avait fait cette sortie en bordure d’un domaine skiable à faible risque.
Tout ça pour dire que son questionnement était un un signe fort pour lui dire de s’arrêter.
Si tu ne le sens pas, mieux vaut peut-être ne pas faire de ta passion un métier.

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D’autres DE pour compléter avec l’AMM ça peut être le bon plan ! Canyon, escalade,…si tu jongle bien,tu t’en tireras avec quasiment un emploi du temps comme pas mal de guidos ! Ça fait beaucoup de temps+argent à consacrer aux formations,mais ça peut être une idée !

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Vu tous les efforts fait, essaie le probatoire pour pas avoir de regrets. Il y a mille façons de pratiquer ce métier… voies normales, grandes courses, voyages lointain, écoles caf, rocher… tu trouveras sûrement qq chose en adéquation avec ton profil.

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Si tu te poses cette question, tu as probablement une partie de ta réponse. Les courses demandées pour le guide n’ont rien d’exceptionnelles. C’est peu ou prou la pratique classique d’un alpiniste amateur un peu averti.

https://www.camptocamp.org/articles/1618114/fr/liste-de-courses-pour-le-probatoire-d-aspirant-guide-en-france-2025-et-2026

Je ne peux rien apporter sur quoi que ce soit d’autre, mais si tu choisis de poursuivre, petite mise en garde sur l’escalade car tu parles d’avoir un niveau 6b/+ à vue, il me semble que l’examen probatoire c’est dans le 6c/7a à vue. Pour ne pas se louper avec le stress faut sûrement compter un bon 7a à vue, voir par exemple ce retour d’expérience. Tu dis que « c’est quelque chose qui serait facile à travailler en t’y mettant vraiment » mais pour le coup passer de 6b/+ à 7a à vue c’est à ne pas négliger à mon avis.

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Salut,
Ton questionnement fait du sens, par contre ça m’interpelle sur le fond :
Penses tu vraiment qu’il est impossible de faire la liste et se préparer au probatoire sans se mettre en danger ? Tu parles de rocher pourri, de ski de pente raide, d’arêtes expos; comme si c’était le quotidien de ce qu’on te demande de faire en montagne. Mais tu peux sans soucis répondre à tous les critères de la liste avec des itinéraires en beau rocher, et un niveau d’engagement très classique. Par exemple en terrain montagne des courses comme la rothorngrat. En ski tu peux tout faire sans engager la viande ni en termes de risque de chute, ni en termes de gestion du risque avalanche. En cascade et mixte c’est plus pénible à gérer par rapport aux conditions et fréquentation, mais idem rien n’oblige à prendre des risques inconsidérés.
Donc si tu as cette impression est ce que :

  • c’est parce que tu as un niveau d’engagement accepté très bas, et alors il faut se poser la question de si tu as vraiment l’envie et le mental pour mener à bien la formation, et pratiquer le métier (car même si tu choisis tes courses, les conditions, météo et les clients peuvent rendre éprouvant des classiques faciles :face_with_hand_over_mouth:), car les 3 ans de formation c’est encore intense moralement…
  • ou bien parce que ta pratique est restée un peu « chaotique » dans le choix des courses et la gestion de la sécurité ? Dans ce cas ça vaut le coup de t’interroger sur les ressorts de ces prises de risques, et sur le moyens à mettre en place pour retrouver un engagement plus normal !
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C’est clair que ma pratique a été chaotique, des vraies galères, l’apprentissage sur le tas, des accidents…
Ça s’accumule, ça s’accumule et ça déborde aujourd’hui je pense.
Petits traumatismes sur petits traumatismes (parfois des gros) beaucoup d’histoires à raconter, le mental s’est effrité avec les expériences vécues.

Ma situation quand j’ai commencé l’alpinisme a changée aussi, sorti d’une adolescence difficile, célibataire, aujourd’hui tout va très bien avec tout le monde, l’avenir s’annonce radieux.

J’entends des histoires hebdomadairement, avant ça ne me concernait pas, puis on vit, et au fur et à mesure on se rend compte qu’on n’est pas invincible, que ça n’arrive pas qu’aux autres.
Quand ça touche des amis, des aspis, des guides.
Cet hiver a été particulièrement mauvais en plus.

J’ai peut-être besoin de faire une bonne pause pour rafraîchir mon esprit et retrouver le plaisir en montagne, à 27 ans j’ai encore 10 bonnes années devant moi si un jour l’envie revient :+1::slightly_smiling_face:

Je passe quand même de très bons moments en montagne, et je continuerai d’en passer :+1::grinning:

Hello tes écrits sont intéressants à lire. Je te souhaite le meilleur dans ta vie.
Pour apporter ma p’tite contribution, je peux te conseiller de voir un psychologue ou psychiatre. Ça peut te permettre de poser tes émotions (tu as l’air d’en balader bcp), de te poser de bonnes questions (ptet des mauvaises aussi lol) et je crois que ça peut te faire avancer plus sereinement dans tes projets.
Comme bcp on dit, lances toi dans le probatoire, tu auras pas de regret mais en travaillant sur tes émotionse en //. Ça te renforcera sur le côté compétition
Bonne suite

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Tout est dans le « quasiment ». Tu le dis toi-même, on a malheureusement tous des copains et connaissances blessés ou morts en montagne.

De tous les montagnards, les guides sont la catégorie la plus exposée. Même un guide « pépère » a une probabilité importante de perdre la vie en montagne, ne serait-ce que par sa fréquence de pratique. Je pense qu’il ne faut pas se voiler la face la dessus.

Guide est et restera toujours un métier ou on engage son intégrité physique et on l’on doit faire face à une grosse charge mentale. Au delà de l’aspect physique et technique, c’est ce qui fait sa spécificité. Certains s’en accommodent très bien, d’autres finissent par ne plus vouloir s’engager.

Et la différence fondamentale avec la montagne en amateur, c’est que cet engagement est obligatoire pour assurer son moyen de subsistance. Cela complique encore l’équation.

Mon petit conseil à 2 balles 50 : sois à l’écoute de tes sentiments profonds. Tu es jeune, si tu le veux vraiment, tu as encore le temps de faire les choses tranquillement, finir ta liste de course sereinement et pourquoi pas t’inscrire au proba. Mais si finalement tu ne le sens pas, tu n’auras de pas regret à avoir, le chemin que tu auras parcouru vaudra toutes les récompenses du monde.

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Les guides avec qui j’ai discuté ne gagnent clairement pas leur vie avec le haut niveau. Certains se font encore plaisir avec des courses dures mais ce qui remplit le compte en banque c’est clairement des sorties de niveau débutant à moyen. Je pense que le niveau demandé vient surtout de la marge dont tu as besoin ainsi que l’expérience du haut niveau pour l’aspect pédagogique.

Je ne pense pas qu’on te demandera cela pour la formation. Par contre ça peut-être des situations amenées par la pression des clients. Perso c’est ce qui m’aurait gêné le plus dans le métier de guide : faire des sorties par mauvaises conditions à cause de la pression des clients.

Alors tu as ton projet professionnel à regarder, mais sinon tu peux très bien continuer à emmener des gens en montagne sans être guide (dans un club ou comme tu l’as fait jusqu’à présent).

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C’est quand même une des qualités attendues d’un guide non de ne pas y céder, même si ça plaît pas sur le moment.
Après il doit y avoir de nombreuses situations où c’est pas tout noir ou tout blanc et où la décision est difficile.

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Quand c’est juste une sortie à la journée et la neige est bonne, ça doit être facile à dire non, mais par ex. en raid, quand le demi-tour implique plusieurs heures en taxi (comme dans le cas de l’accident du Mercantour dont le guide responsable vient de se faire condamner) ça doit être un peu dur tout de même.

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Oui, tout n’est pas noir ni blanc et encore plus si tu as besoin d’argent.

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Ben sur la neige, c’est surtout blanc.

Oui, et il y a aussi un autre corollaire, celle de pouvoir potentiellement vivre le décès tragique d’un client en pleine course.

Je te transmets ce que m’as dit un ami guide. Son témoignage pourrait peut-être t’aider à retrouver la motivation pour continuer ta formation :
« …Moi aussi j’ai voulu arrêter à cause de la prise de risques mais j’ai bien fait de continuer, ouf! Maintenant les formateurs ne sont plus les mêmes qu’avant et la prise de risque n’est plus mise en avant, bien au contraire, il y a eu trop d’accidents… »

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Malheureusement il en reste quelques uns : j’ai passé une semaine avec un prof de l’ENSA (récemment, toujours en activité) et il a passé son temps à nous raconter tout ce qu’il a fait qui était interdit : aller pêcher dans une réserve interdite, prendre un bateau « clandestin » car interdit cause météo, prendre un avion interdit de décollage, etc …
Et bien entendu plein de courses où il aurait fallu renoncer.
On voyait bien que c’est vraiment ce qui l’animait, je ne sais même pas si lui en avait vraiment conscience.

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Une passion ne devrait pas devenir un métier (lié au loisir), dans lequel le risque est régulièrement présent.

Tu vas renoncer une fois, deux fois, trois,…puis au bout d’un moment il faut bien manger, vivre, en clair faire rentrer de l’argent, donc la personne finira par dire « oui » là où le « non » devrait être maintenu. D’autant plus, et il faut être objectif, qu’il s’agit de risques totalement inutiles car ils ne concernent que le plaisir de celui accompagné, donc en soit n’ont aucun enjeu nécessaire immédiatement, et peuvent être différés.
A l’inverse de métiers tels que marin pêcheur, secouriste, scaphandrier, cordiste, forces de l’ordre, militaires, etc…, bref, de toute personne qui prend / gère régulièrement des risques dans son métier, mais, pour la nécessite collective, pour l’intérêt général, dont beaucoup d’autres personnes dépendent.

Car en face de toi tu n’as pas un élève, un patient,…mais…, un client !!! Tu vends une prestation, point. Et tu as besoin de vendre pour vivre socialement. Qui plus est, si ton(ta) conjoint(e) a un travail précaire, que tu as des enfants, etc, etc,…

D’une manière générale on pourrait même se demander, in fine, si être guide ne devrait pas rester seulement une activité fédérale : être bien formé oui c’est évident, avec des exigences élevées bien entendu, mais, dénuée de tout intérêt mercantile qui tôt ou tard vient « violer » le raisonnement, le bons sens, et le renoncement. Si on le fait sans devoir attendre cela pour vivre, pour manger, alors on restera probablement plus lucide et raisonné car la logique du renoncement ne viendra pas se heurter à la logique légitime de travailler et de gagner sa vie…au risque non seulement de la perdre, mais surtout de la faire perdre à autrui, pour in fine quelque chose qui peut attendre car pas du tout important et nécessaire en soit, là, maintenant.
On peut dire : on va faire faire du « facile » au client, mais, la définition du « facile » est très subjective, liée à un contexte, des conditions variables, et de plus, si facile cela est, alors il n’y aura peut être pas la nécessité stricte d’avoir un guide pour faire ça !

Tous les « loisirs », bien qu’essentiels, et ce, pour diverses raisons, ne se valent pas dans l’absolue nécessité d’être fait…quand on le veut…et parce qu’on paye…, au détriment de quand on le peut !

Le risque zéro n’existant pas, seule la variable économique peut être « contrôlée », sauf, si cette variable devient la raison pour laquelle on se lève chaque matin…, pour aller…travailler !

Bien entendu, il s’agit là d’une réflexion, et on peut totalement ne pas partager ce point de vue, dont le but est de discuter, d’échanger, et non de polémiquer.

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Oxyom, on discute avec des amis et nous sommes d’accord à l’unanimité - tes interrogations attestent une excellente maturité et ta motivation première est juste, tu est fait pour ce métier, fonce !

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Hello @Oxyom,

Avant de commencer, je précise que je ne suis pas guide et donc probablement pas le mieux placé pour te répondre. En revanche, je trouve tes questionnements intéressants, voici donc quelques éléments.

J’ai l’impression qu’on pourrait résumer tes questions à « quoi qu’il advienne, comment faire pour ne rien regretter ? ». Ma réponse est que si tu as sincèrement fait de son mieux et mis toutes les chances de ton côté, tu ne peux plus regretter quoi que ce soit. Car peu importe le résultat (échec ou réussite à l’examen d’entrée), si tu as fait tout ce que tu pouvais, bah… littéralement, tu pouvais pas faire mieux. Réciproquement, si tu y va à moitié, tu pourras toujours te dire « Ah, si seulement j’avais bossé un peu plus… ». Donc, sur ce genre de problème, il me semble qu’on a toujours intérêt à faire les choses bien.

Ensuite, de deux choses l’une :

Soit tu rates l’examen d’entrée. Tant pis, t’as fait de ton mieux, mais ce n’était pas suffisant, fin de l’histoire. T’as tenté, ça n’a pas marché, c’est la vie ! On a tous des échecs, et c’est même plutôt bon signe : quelque part, celui qui n’est jamais en échec, c’est surtout quelqu’un qui n’essaie jamais rien. Si tu échoue, t’auras probablement quand même appris des choses et ça ne t’empêchera pas pour autant de continuer à avoir une pratique épanouie en amateur.

Soit tu réussis : tu passes le proba, tu rentres dans la formation, et là, tu ouvres un nouveau champ des possibles. Par exemple, rien n’empêche de passer le guide mais de ne pas en faire ton activité principale (je connais plusieurs guides qui ont un autre métier, ce qui leur permet de ne bosser en tant que guide qu’une partie de l’année). Rien n’empêche de rentrer dans la formation… et de réaliser que tu t’es trompé, que ça ne te convient pas, et d’abandonner là. Ou, au contraire, de confirmer ton envie d’exercer en tant que guide. Bref, tu ouvres un nouveau monde, dans lequel se poseront de nouvelles questions (qu’il sera pertinent de se poser en temps voulu, mais pas maintenant en tout cas!).

Au final, j’ai l’impression que tu as tout à gagner à présenter le guide, plutôt que de t’arrêter au milieu du gué. Présenter l’aspi n’engage à rien, non ?

Dans tous les cas, bonne montagne ! :blush:

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