Vu tous les efforts fait, essaie le probatoire pour pas avoir de regrets. Il y a mille façons de pratiquer ce métier… voies normales, grandes courses, voyages lointain, écoles caf, rocher… tu trouveras sûrement qq chose en adéquation avec ton profil.
Devenir guide ou changer de projet ?
Si tu te poses cette question, tu as probablement une partie de ta réponse. Les courses demandées pour le guide n’ont rien d’exceptionnelles. C’est peu ou prou la pratique classique d’un alpiniste amateur un peu averti.
Je ne peux rien apporter sur quoi que ce soit d’autre, mais si tu choisis de poursuivre, petite mise en garde sur l’escalade car tu parles d’avoir un niveau 6b/+ à vue, il me semble que l’examen probatoire c’est dans le 6c/7a à vue. Pour ne pas se louper avec le stress faut sûrement compter un bon 7a à vue, voir par exemple ce retour d’expérience. Tu dis que « c’est quelque chose qui serait facile à travailler en t’y mettant vraiment » mais pour le coup passer de 6b/+ à 7a à vue c’est à ne pas négliger à mon avis.
Salut,
Ton questionnement fait du sens, par contre ça m’interpelle sur le fond :
Penses tu vraiment qu’il est impossible de faire la liste et se préparer au probatoire sans se mettre en danger ? Tu parles de rocher pourri, de ski de pente raide, d’arêtes expos; comme si c’était le quotidien de ce qu’on te demande de faire en montagne. Mais tu peux sans soucis répondre à tous les critères de la liste avec des itinéraires en beau rocher, et un niveau d’engagement très classique. Par exemple en terrain montagne des courses comme la rothorngrat. En ski tu peux tout faire sans engager la viande ni en termes de risque de chute, ni en termes de gestion du risque avalanche. En cascade et mixte c’est plus pénible à gérer par rapport aux conditions et fréquentation, mais idem rien n’oblige à prendre des risques inconsidérés.
Donc si tu as cette impression est ce que :
- c’est parce que tu as un niveau d’engagement accepté très bas, et alors il faut se poser la question de si tu as vraiment l’envie et le mental pour mener à bien la formation, et pratiquer le métier (car même si tu choisis tes courses, les conditions, météo et les clients peuvent rendre éprouvant des classiques faciles
), car les 3 ans de formation c’est encore intense moralement…
- ou bien parce que ta pratique est restée un peu « chaotique » dans le choix des courses et la gestion de la sécurité ? Dans ce cas ça vaut le coup de t’interroger sur les ressorts de ces prises de risques, et sur le moyens à mettre en place pour retrouver un engagement plus normal !
C’est clair que ma pratique a été chaotique, des vraies galères, l’apprentissage sur le tas, des accidents…
Ça s’accumule, ça s’accumule et ça déborde aujourd’hui je pense.
Petits traumatismes sur petits traumatismes (parfois des gros) beaucoup d’histoires à raconter, le mental s’est effrité avec les expériences vécues.
Ma situation quand j’ai commencé l’alpinisme a changée aussi, sorti d’une adolescence difficile, célibataire, aujourd’hui tout va très bien avec tout le monde, l’avenir s’annonce radieux.
J’entends des histoires hebdomadairement, avant ça ne me concernait pas, puis on vit, et au fur et à mesure on se rend compte qu’on n’est pas invincible, que ça n’arrive pas qu’aux autres.
Quand ça touche des amis, des aspis, des guides.
Cet hiver a été particulièrement mauvais en plus.
J’ai peut-être besoin de faire une bonne pause pour rafraîchir mon esprit et retrouver le plaisir en montagne, à 27 ans j’ai encore 10 bonnes années devant moi si un jour l’envie revient
Je passe quand même de très bons moments en montagne, et je continuerai d’en passer
Hello tes écrits sont intéressants à lire. Je te souhaite le meilleur dans ta vie.
Pour apporter ma p’tite contribution, je peux te conseiller de voir un psychologue ou psychiatre. Ça peut te permettre de poser tes émotions (tu as l’air d’en balader bcp), de te poser de bonnes questions (ptet des mauvaises aussi lol) et je crois que ça peut te faire avancer plus sereinement dans tes projets.
Comme bcp on dit, lances toi dans le probatoire, tu auras pas de regret mais en travaillant sur tes émotionse en //. Ça te renforcera sur le côté compétition
Bonne suite
Tout est dans le « quasiment ». Tu le dis toi-même, on a malheureusement tous des copains et connaissances blessés ou morts en montagne.
De tous les montagnards, les guides sont la catégorie la plus exposée. Même un guide « pépère » a une probabilité importante de perdre la vie en montagne, ne serait-ce que par sa fréquence de pratique. Je pense qu’il ne faut pas se voiler la face la dessus.
Guide est et restera toujours un métier ou on engage son intégrité physique et on l’on doit faire face à une grosse charge mentale. Au delà de l’aspect physique et technique, c’est ce qui fait sa spécificité. Certains s’en accommodent très bien, d’autres finissent par ne plus vouloir s’engager.
Et la différence fondamentale avec la montagne en amateur, c’est que cet engagement est obligatoire pour assurer son moyen de subsistance. Cela complique encore l’équation.
Mon petit conseil à 2 balles 50 : sois à l’écoute de tes sentiments profonds. Tu es jeune, si tu le veux vraiment, tu as encore le temps de faire les choses tranquillement, finir ta liste de course sereinement et pourquoi pas t’inscrire au proba. Mais si finalement tu ne le sens pas, tu n’auras de pas regret à avoir, le chemin que tu auras parcouru vaudra toutes les récompenses du monde.
Les guides avec qui j’ai discuté ne gagnent clairement pas leur vie avec le haut niveau. Certains se font encore plaisir avec des courses dures mais ce qui remplit le compte en banque c’est clairement des sorties de niveau débutant à moyen. Je pense que le niveau demandé vient surtout de la marge dont tu as besoin ainsi que l’expérience du haut niveau pour l’aspect pédagogique.
Je ne pense pas qu’on te demandera cela pour la formation. Par contre ça peut-être des situations amenées par la pression des clients. Perso c’est ce qui m’aurait gêné le plus dans le métier de guide : faire des sorties par mauvaises conditions à cause de la pression des clients.
Alors tu as ton projet professionnel à regarder, mais sinon tu peux très bien continuer à emmener des gens en montagne sans être guide (dans un club ou comme tu l’as fait jusqu’à présent).
C’est quand même une des qualités attendues d’un guide non de ne pas y céder, même si ça plaît pas sur le moment.
Après il doit y avoir de nombreuses situations où c’est pas tout noir ou tout blanc et où la décision est difficile.
Quand c’est juste une sortie à la journée et la neige est bonne, ça doit être facile à dire non, mais par ex. en raid, quand le demi-tour implique plusieurs heures en taxi (comme dans le cas de l’accident du Mercantour dont le guide responsable vient de se faire condamner) ça doit être un peu dur tout de même.