Posté en tant qu’invité par Alexis:
Etienne a écrit:
Généralement les réponses de supposés connaisseurs apportent
plus qu’une simple descrition académique de dictionnaire mais
des exemples concrets, voire contre-exemples comme c’est le cas
… et je me disais que de partager cette connaissance avec
d’autres ignorants peut-être moins téméraires que moi qui n’ont
pas osé poser la question était chose utile, non ?..
Tu as raison. Ca m’aura permis de comprendre qu’envers et endroit n’avaient rien à voir, mais n’étaient que le point de vue du côté le plus peuplé. D’ailleurs, avec envers de Belledonne, ça ne marche pas : l’adret correspond à la pente exposée au soleil de midi, donc plutôt le cadran ESE-SSO à mon avis, ce qui correspond pas trop mal à l’envers de Belledonne.
Ceci dit, une definition du dictionnaire est aussi très interessante, on y apprend que ce terme est très répandu en Suisse (Valais, Fribourg et pays Vaudois) et qu’il est l’opposé de envers (la j’avoue que ca ne colle pas avec certaines toponymies françaises, c’est peut-être uniquement en Suisse ou alors il y a fort longtemps, et envers et endroit auraient migré de sens ? Comment comprenez-vous la fin de la définition, vous ?)
Adret, subst. masc.
Versant d’une montagne exposé au soleil, orienté au sud ou à l’est. Anton. ubac :
      1. Jaume a tiré les hommes à l’écart.
      Laissons les femmes, dit-il, voilà : je vais monter aux Sablettes.
      Là, je tâcherai de voir de quoi il retourne. Maurras gardera le côté
      de Bournes, Gondran les ubacs, Arbaud les adrets. Ce qu’il faut
      guetter? Tout et rien : le poids de l’air, le chaud, le frais, le vent, le
      nuage, on peut en tirer enseignement.
J. GIONO, Colline, 1929, p. 72.
      2. Nous étions arrivés sur la lisière, notre lisière, à cinquante
      pas de la grange. Elle était bâtie là, à cheval sur la ligne de crête
      qui sépare d’un trait estompé les deux versants d’ubac et d’adret,
      elle surveillait les gras pâturages situés à l’ombre sans
      renoncer pour cela à jouir du soleil.
R. ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 103.
Étymol. ET HIST. 1927 géogr., Lar. 20e : Adret. Dans les Alpes, flanc d’une vallée orientée au midi. (S’oppose à ubac.)
Terme prov. du sud-est, attesté en ce sens dep. ca 1300, V. de S. Honorat ds RAYN., V, 74 b : deves l’adreg del vinares [« vers le bon côté (exposé au soleil) du vignoble »], prov. mod. adré (adrech, adreit, adret) « côté d’une montagne exposé au midi » ds MISTRAL t. 1 1879, adré; topon. L’Adret (Isère), Les Adrets (Isère, Var), LONGNON, Noms de lieux, 2740; cf. Suisse romande (Vaud., Valais, Fribourg) adrai « versant de la vallée tourné du bon côté; c’est-à-dire du côté du soleil », fréquemment topon. en cette région voir GAUCHAT-JEANJAGUET-TAPPOLET, Gloss. des pat. de la Suisse romande, s.v. À rapprocher de l’a. fr. es adroes de « en face de, face à », 1289, Autun ds GDF.
L’a. prov. adreg, prov. mod. adreit, adret est dans cet emploi dér. de l’adj. a. prov. adreg, adreit au sens de « qui est convenable, juste, bon », RAYN., V, 69 b littéralement donc : « le bon côté, c’est-à-dire celui qui regarde le soleil » opposé à envers (cf. Suisse adroit « endroit, bon côté d’une chose », GAUCHAT-JEANJAGUET-TAPPOLET, loc. cit.). À rapprocher de l’agn. destre « sud », (Baist ds Z. für Deutsche Wortforschung, IV, 1903, p. 262 : légendes de carte de géogr., MICH-RAYN., Itin., 138 : Ceste terre ki est a destre, ça est asaver devers le su) et du calabrais díestru « versant ensoleillé d’une vallée », Rohlfs ds Arch. rom., IX, 1925, p. 156.