intéressant, notamment les deux interventions.
Des conjectures après un accident
Depuis des années je fais le même exercice à chaque accident. Je regarde les photos et je cherche à savoir si j’aurai deviné le danger, si il y a des indices qui m’auraient fait faire demi-tour. Eh bien la réponse est quasiment toujours la même, Non. J’y serais allé aussi.
Je connais pourtant la théorie, je m’intéresse au sujet depuis plus de 25 ans, j’ai des centaines de sorties derrière moi, j’ai été face à deux avalanches, j’ai des amis pro qui se sont fait prendre, alors la conclusion…
Nos théories c’est bien, mais la montagne ne les connaît pas.
Parfois ça pète quand il n’y a aucun indice, souvent ça tient alors que tout indique que ça devrait partir. En clair, on ne maitrise pas grand chose, expert ou pas, l’analyse permet juste de diminuer les risques.
Terray misait sur l’instinct, il prétendait qu’après avoir passé toutes ses journées dans la neige, par tous les temps, dans sa jeunesse, aucune avalanche ne pouvait le surprendre. Pourtant les chamois se font prendre aussi.
Les conjectures c’est pour que les vivants se rassurent, pas sûr que ce genre d’accident, aussi bien analysé soit-il, évitera les suivants. Mais c’est important que chacun exprime sa théorie, des fois le plus béotien découvre ce que l’expert n’avait pas vu.
Un truc à savoir, c’est que les avalanches sont imprévisibles, en l’état actuel de l’art. On peut juste prévoir un risque (qu’on accepte ou pas) et essayer de le minimiser avec les différentes méthodes à notre disposition.
Ceux qui m’agacent prodigieusement sont les previsionnistes a posteriori « fallait s’y attendre parce que etc. » Des prévisions comme ça, j’en fais à la pelle tous les matins. Suffit de demander, en plus , c’est gratuit.
Moi j’ai arrêté par manque de PQ.
Il me semble assez légitime d’essayer de comprendre les raisons ayant conduit à un tel drame.
Chacun d’entre nous pouvant se retrouver confronté à ce genre de situation, imaginer TOUTES les hypothèses sur les causes me paraît être la meilleure solution pour limiter les risques futurs :
dans ce cas précis c’est encore plus important au vu de la fréquentation du secteur !
D’ici quelques temps une « vérité judiciaire » apparaîtra, mais nous ne connaîtrons pas le détail des éléments analysés et ça ne nous avancera guère dans notre pratique personnelle.
L’article suivant m’est apparu éclairant même si/parce qu’il évoque la préparation de la course et en particulier la lecture du BRA.
Dans toute formation au risque d’avalanches la lecture du BRA l’analyse de ce bulletin est mise en avant (y compris, j’imagine, les formations dispensées par Robin BONNET, guide) .
Pour le moment tout le monde à évoqué le niveau de risque mais personne le contenu de ce bulletin …
Et pourtant il y avait une indication précise concernant cet endroit particulier.
Si si, dès le 6e post de la discussion de laquelle est issue la présente digression : Avalanche dramatique sur le glacier d'Armancette (9 avril 2023) (le 9 avril à 21h52, donc avant l’article de Montagne Mag)
Encore une dernière fois…
Le soucis n’est pas de s’interroger ou de discuter, c’est pas le meilleur moment à chaud sur un forum public, mais on est tous d’accord que c’est une démarche positive dans l’absolue quand c’est bien fait…
Le problème c’est la remise en cause par Bubu ou d’autres de ce qu’ont constaté les personnes sur place (départ d’une plaque en surface, qui a mobilisé ensuite la couche fragile enfouie et provoqué l’avalanche sur toute son ampleur), alors que c’est le seul élément concret et factuel dont on dispose aujourd’hui.
Et les discours plus que borderline qui vont avec.
On passe de l’analyse à la « fake news » et au trumpisme.
@Modo_Forum_FR je ne peux que regretter une fois de plus que vous laissiez passer ça…
Les insinuations sur ma manière de faire ou de penser, je vous laisse avec
« les rapports d’expertise » d’accidents d’avalanche, sont-ils rendus public / consultables sur l’internet après la fin de l’enquête?
Encore une fois, je critique un avis rapporté dans un article du Figaro, où il n’est pas du tout mentionné :
- que l’auteur de l’avis soit allé sur place,
- ni même qu’il dispose d’infos issues de personnes allés sur place (même si on soupçonne qu’il en a, mais rien n’est dit à ce sujet).
Dans ces conditions, je n’ai pas de raison de lui faire plus confiance que n’importe quelle personne qui connait un minimum les mécanismes de formation et déclenchement des plaques.
Son hypothèse est plausible, mais une approche bayésienne d’après les infos disponibles que j’ai rassemblées dans mes différents posts ne donne pas cette hypothèse comme la plus probable.
Si c’était une vieille plaque en place depuis décembre, comment expliquer que personne ne l’a déclenché lorsque la couche fragile était beaucoup moins enfouie, alors qu’il y a eu des dizaines voire centaines de passages depuis au moins fin janvier ?
C’est possible, mais c’est beaucoup moins probable que l’hypothèse d’une couche fragile formée à partir de la couche tombée mi mars, puis recouverte des grosses chutes de fin mars et début avril.
Pas de manière systématique, mais tu peux te rapprocher de l’ANENA qui possède de très belles archives de RETEX… Ou déjà simplement t’abonner à leur revue, qui en propose un par numéro, avec commentaires
Pour celui-ci en particulier il est probable que le fond des choses ne sera pas connu avant longtemps étant données les batailles d’assurances prévisibles :
Très très triste pour les victimes collatérales !!!
Je ne suis pas sûr.
Bcp de victimes, mais essentiellement des morts, dc plutôt simples pour les assureurs.
Ce que les assurances n’aiment pas, ce sont les handicaps, bcp + chers et qu’il faut parfois provisionner sur le long terme.
J’ai l’impression que dès qu’il y a des décès c’est le blackout…
Par exemple j’ai suivi de près l’accident qui a fait 7 morts au Pigne d’Arolla il y a pile 5 ans : il y a eu, une fois l’affaire classée, un document d’une page établi par le tribunal avec le résumé des événements mais aucun accès aux nombreuses expertises. On a seulement les témoignages de deux rescapés.
Les profils nivologiques réalisés lors de l’expertise sont visibles là : http://www.data-avalanche.org/synthesis/#mont_blanc
Merci, j’avais oublié qu’il y avait des profils nivo en cliquant sur les petits hexagones…
3 profils ont été réalisés autour de la zone de départ :
Comment lit on ce genre de graphe ?
Par exemple, pour celui à 3500m :
- chiffres de l’échelle verticale : le zéro est au niveau du sol ou en surface ?
- échelle horizontale en haut (de 1 à 5, vers la gauche) : ca correspond à quoi ?
- le trait rouge / bleu vers 210 : correspond à quoi ? la couche fragile ?
- que signifie PST négatif en bas ?
c’est une localisation d’avalanche très classique sur l’Alphubel, c’est là que la pente est la plus forte.
Au niveau du sol.
On voit que les couches contenant des gobelets, datant du début de l’hiver voire de l’automne, sont bien en dessous de la base de la plaque.
Reste à trouver la date de la couche contenant du sable.
La dureté de la neige.
C’est la base de la plaque qui est partie.
A gauche et à droite, ce sont 2 tests de la colonne réalisés dans la zone autour de la plaque (zone restée en place). Le trait rouge correspond à la base du bloc qui est parti (s’il n’y pas de trait rouge c’est que rien n’est parti, test négatif).
Test de propagation à la scie. Les 3 tests sont négatifs.
Il y a eu un épisode de sable au début du mois d’avril - du sable sur les voitures à Sallanches - et il y en a eu un autre en février. Compte tenu de la quantité de neige, je pense que le sable date de début avril et la plaque de la mi-mars. Une couche fragile persistent (PWL) s’est formée pendant l’anticyclone de février avec environ 2 mètres de neige depuis le mi-mars.
Je ne vois pas quelque chose d’incompatible est ce que dit avec ce que dit Pierre Muller.
Ce qu’il s’est passé c’est qu’une petite coulée de neige froide est partie très haut, et a provoqué une surcharge dans une zone fragile. Cette neige a dû appuyer sur ce qu’on appelle la gâchette qui a fait partir une vieille plaque.
Gâchette que le poids d’un skieur (incomparable avec celui de la neige) n’aurait probablement pas suffit à déclencher.
Ca fait penser à une cascade comme mentionné dans les BERA de Savoie :
Elles sont faciles à déclencher mais restent généralement peu épaisse (cassure 20 à 40 cm) et mobilisent peu de neige. Cependant un départ de ces relatives petites plaques peut localement provoquer, en cascade, une épaisse et vielle plaque reposant sur de vieilles sous-couches de grains anguleux. Elles sont, elles, généralement très difficiles à déclencher mais peuvent exceptionnellement provoquer une avalanche de grande ampleur.
Pensée aux victimes