Découverte ossements humains

Nous avons visité voilà quelques semaines la Grotte du Four (Aveyron 11). C’est une cavité méandriforme calcaire très ancienne, peu visitée en raison de son étroiture d’entrée à l’effet répulsif, qui présente la particularité de disposer de strates latérales très marquées à environ 1 m de hauteur. Lors de l’exploration, plusieurs ossements éparpillés en un endroit précis de ces strates attirent mon attention. Au détail, je pense reconnaitre une tête de fémur, des morceaux d’omoplate, une clavicule, une cote cervicale, des vertèbres cervicales et des morceaux de crane d’origine humaine ainsi qu’une mâchoire de mouton, ayant quelques connaissances d’anatomie anthropique et animale. La faible porosité des ossements me fera douter de la datation car je sais que la conservation en milieu argileux est affreusement traite.
Sortis de là, décision prise de contacter M. Picaud, le président du CDS12, afin de lui transmettre les clichés effectués et d’obtenir les contacts nécessaires pour une analyse plus fine de cette découverte.

Ossements humains :

Cervicale avec foramens bien visibles (C3, C4 ou C5 supposé masculin)

Tête fémorale avec grand trochanter bien conservé (supposé masculin) + morceaux de crane

2nde cervicale et clavicule avec tubercule conoide appréciable

Morceau d’omoplate avec glene bien nette, coracoide malheureusement absent

Tête fémorale + morceau de crane avec épaisseur caratéristique + fosse de l’infraépineux d’omoplate (os clair au centre)

Mâchoire de mouton :

Après extraction des ossements, multiples contacts avec un anthropologue local et l’université Montpellier 3 (antenne archéologie), la réponse est tombée : ce sont bien des ossements humains, d’un homme, remontant au début du Néolithique. Effectivement il est supposé que cette cavité « ossuaire » était utilisée comme nécropole par les plus anciens du néolithique ; les corps étaient simplement posés sur les strates lors de cérémoniaux ancestraux.

Ces ossements sont dorénavant conservés par l’université Montpellier 3. Malheureusement, les fouilles sauvages menés dans le passé par des pilleurs d’archéo ne permettront pas d’exploiter au delà cette cavité d’un point de vue archéologique. Le mystère des pratiques d’antan demeurera dans le silence de ces lieux.

Une bien belle découverte pour nous, et surtout une suite des plus passionnantes, bien inattendue lorsque nous avons pénétrer dans cette galerie…
Pour partage et info à ceux qui s’intéressent fortement à ce genre de chose :wink:

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Merci pour les infos et le partage !
Et bravo pour la trouvaille quelque peu incroyable !

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C’est la seule et unique trouvaille de ce type que j’ai pu faire malgré plusieurs années de pratique… C’est vrai que sur le moment, je n’en croyais pas mes yeux, au point de me persuader que je me trompais sévèrement dans mon diagnostic, n’étant pas experte… Mais ce fort doute qui me revenait en tête sans cesse aura été bénéfique pour la suite en fin de compte… :blush:

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Magnifique et exceptionnelle découverte ! Merci pour le partage :smiley:

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Merci du partage de cette découverte.
Comment expliquer que ces ossements ne soient découverts que maintenant ?
(je ne suis pas spéléo)

Et bien, une cavité évolue autant naturellement qu’humainement… Parfois des galeries sont obstruées par de l’argile, il suffit d’un gros coup d’eau pour les désobstruer (ou les obstruer à l’inverse)… Parfois des cavités sont « perdues », c’est à dire qu’on les connaissait fut un temps, qu’elles ont déjà été visitées, puis on ne retrouve plus les entrées en raison de coordonnées peu précises, erronées, d’une perte de mémoire dans le temps… Parfois des parties de réseau sont découvertes bien des années après l’entrée suite à des désobstructions artificielles par exemple… Souvent aussi, à l’époque, les cavités étaient estimées comme des entrées vers l’enfer (aspect religieux), et personne ne s’y aventurait par peur d’être emprisonné par le diable… C’est variable on dira!

Pour cette cavité, de l’historique que j’ai pu retracer, l’entrée était bien connu des habitants des hameaux/fermes locaux à l’époque. Puis suite à des intempéries, l’entrée s’est colmatée il y a environ 30 ans (il y a beaucoup d’eau dans les karstes du secteur). La galerie n’a plus été fréquentée et les couches d’argiles ont été modifiées et déplacées à l’intérieur (vie d’une grotte)… Une désobstruction partielle a été réalisée il y a une vingtaine d’année par un spéléo club local qui avait trouvé un morceau de crane. Suite à cela, des recherches ont été faites par des pilleurs amateurs, le sol a été saccagé (on discerne des parties meubles sur plusieurs alcôves), mais à priori les strates, plus hautes et malcommodes, n’ont pas fait l’objet d’aucunes fouilles malgré la présence d’une bonne couche d’argile déposée et prometteuse. Qu’ont-ils trouvé ces pilleurs? On le saura jamais… Puis la cavité est à nouveau tombée dans l’oubli. Lors de notre visite, nous n’avons vu aucune empreinte humaine récente (traces de chaussures par ex). Cela sous entend que la cavité n’a pas ou que très peu était fréquentée ces dernières années. Par contre, des traces d’argile jeune (boue) sont visibles jusqu’à 2m de hauteur au dessus du fil d’eau, signe que des mouvements d’eau se sont produit assez récemment. Ceci se confirme par une entrée à nouveau fortement colmatée qui ne laisse juste passer qu’un homme allongé en ramping. Autre remarque, une cavité située juste au dessous est quand à elle totalement pleine d’argile et inaccessible en l’état alors qu’elle l’était il y a 20 ans. Les derniers coups d’eau qui ont modifié les premières couches argileuses des strates entourant le lit « mineur » ont sans doute permis de mettre à jour ces restes d’ossements là. Quelques uns étaient semi-prisonniers de l’argile encore.

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Merci beaucoup pour ces explications bien intéressantes, et instructives pour une non-initiée au domaine de la spéléologie. :slight_smile:
Une entrée en mode allongé… il ne faut pas être claustrophobe :scream: ni trop gros !

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L’entrée… faut aimer se rouler dans la boue on dire :laughing: :wink:
Plus sérieusement ma tête en position « droite » ne passait même pas avec le casque… Obligé de l’incliner sinon ripage de nez garanti (type gros peeling gratuit)!

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Et pour mieux comprendre ces histoires de strates et de niveau de boue à 2 m, là on voit bien (strates à droite, niveau de boue visible avec la différence de couleur de la roche « marron sale » en bas et « jaune propre » en haut" :

Et là, la strate des ossements après une petite grimpette :

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Merci pour ce magnifique partage!
Et c’est vraiment bien que cette belle découverte soit préservée et mise en valeur en lieu sur!
Bertrand , spéléo dans sa jeunesse en Dordogne.

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Ça me fout les boules, ta photo de ramping. Rien que de la voir, j’angoisse. On est loin des 400m de vide sous les semelles, en plein ciel, avec la corde qui pend toute droite derrière, comme j’aime !

T’inquiete, on peut aussi avoir 50m de ramping dans 20cm d’eau avec 15cm d’air au dessus, pour aboutir en haut d’un puit de 100m qu’on descend sans voir le fond, avec la corde qui pend et se perd dans les ténèbres… :smile:
A côté de ça, les récits de Jules Verne paraissent bien fades.

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Ou même obligé de ramper en poussant devant soi la bouteille d’air comprimé permettant de respirer…
brrrrr

François, Bubu a tout dit! :wink:
Je ferai dès que possible une sortie où tu rampes dans l’eau d’un très court siphon (3/4m) que tu dois vidanger au préalable à l’aller mais aussi au retour car il se rempli vite. Même court, y a pas les 15 cm d’air pour respirer au dessus en l’état. Ca aussi, c’est pas mal quand tu ne tiens qu’à 4 pattes sur l’amont et l’aval du dit passage pour manœuvrer le foutu seau entre tes 2 genoux au sol comme tu peux… Bon pour l’heure la météo est trop inconstante en montagne pour se faire… patience de mise, comme souvent en spéléo.

Un rêve aussi, un puit de 310m vertical qui ouvre sur un réseau de 12km connus, 19km supposés de galeries étagées en 5 niveaux. Pendu dans l’enfer noir du néant si silencieux… Comme dit Bubu, Jules Verne est fade à côté!

La spéléo est à mon sens bien plus physique que la grimpe. On sort plutôt bien décédé d’un gros réseau, on dira… Et ceux qui plongent, c’est encore autre chose! Je ne pratique pas mais j’aimerai beaucoup tenter… du moins c’est en grande réflexion. En attendant chapeau à ces gars là!

Bertrand (Thosber), très contente que ce partage te plaise! :blush: Merci pour ton message!!

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En y pensant, pour les rampings, voici une salle majestueuse d’environ 400m2 que j’ai visité en mode allongé total du début à la fin (Grotte du lac de Perufas 1 dans l’Hérault 34).

De 1er abord au regard de la photo, on penserait pouvoir y marcher de façon normale :

Ben en fait, le plafond n’est pas très haut!

Près d’1h de ramping en jonglant entre les concrétions, un coup sur le ventre, un coup sur le dos…. un chouette moment car elle est superbe cette cavité! C’est tellement beau qu’il n’y a aucunement lieu de s’angoisser, juste contempler et s’emerveiller suffisent!!

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Très intéressant merci Ivresse.

Je découvre émerveillé tes photos de spéléo mais du coup tu devrais peut-être changer ton pseudo pour ivresseDesc…:smile:

Mais tu as raison!! :grin: Tiens une autre idée pour quand je bloque 1h devant une concrétion en mode « whouaaaahh » --> Ivresousterre!
Non, à vrai dire le pseudo reste pour la mémoire d’un être cher qui me surnommait ainsi pour mes escapades montagne (qui se font toujours)… :wink:
Enfin sinon, côté photos, je suis en plein boulot pour les partager sur le net depuis que Flickr a changé de politique qui a aussi fait changer la mienne…. Ca viendra!!

Pareil que @Francois, je dois être un peu claustrophobe en cas extrêmes. C’est pas tant le vide qui me manque, mais l’espace autour, le plein ciel.

J’aime les 2 extremes en fait, le vide et le plein ciel tout comme les gouffres noirs et étroits… Je dirai que c’est plus le goût du changement qui régie cela, je me lasse vite des choses, faut que ca bouge en fait sinon je m’ennuie vite dans une seule discipline… lolll La spéléo c’est un autre monde, très beau, très technique et très sportif à la fois. Il faut aimer c’est sûr…