Débat sur le traitement médiatique de l'accident du Taillon

Posté en tant qu’invité par Charles:

jo64 a écrit:

Petite rectif. à Gavarnie ce n’est pas le PGHM ce sont les CRS
qui assurent les secours.

Certes, mais ce sont les gendarmes du PGHM qui sont passés à la télévision car eux seuls ont les pouvoir d’officiers de justice, d’où leur présence (et non des CRS) lors du drame à Gavarnie
Les CRS de Gavarnie (très sympas d’ailleurs) que nous avions appelés vendredi, nous avaient plutôt rassurés sur les conditions en face nord, mais restaient dubitatifs sur la face ouest. Il s’est avéré finalement que les 2 étaient en très bonnes conditions. On ne peut véritablement juger qu’une fois sur place.

Posté en tant qu’invité par Circus:

Quelques réflexions :

  • cet accident n’est pas le fait d’une imprudence ni le fait de conditions mauvaises, on est tous d’accord.
  • dire que les Espagnols « engagent », c’est-à-dire que quelques uns, dans une porportion difficile à quantifier mais en tout cas supérieure à celle des Français, ne respectent pas toujours les règles de sécurité élémentaire, constitue à la fois une généralisation abusive et une vérité (elle est de plus inapplicable dans le cas de l’accident du Taillon) : certes on ne peut pas dire que TOUS les Espagnols « engagent », mais nous avons tous été confrontés à certains de leurs comportements dangereux.

Pour ma part :

  • deux fois dans une face j’ai grimpé avec des Espagnols qui se sont roulés un joint (une fois au départ et une fois à un relais ; dans chaque cas, aux aiguilles de Comalestorres) alors qu’ils grimpaient. Cette absence de frein moral à l’égard du cannabis est directement responsable d’un accident à la Pena Telera, ayant fait 2 morts.
  • j’ai eu la chance (et le bonheur !) de grimper avec un espagnol, Gonzalo M.G. : il préférait grimper avec des Français pour des questions de sécurité !!

Dire ceci n’est pas un jugement dépréciatif à l’égard de nos copains d’outre-crêtes et n’entache pas la mémoire des trois morts du Taillon. Perdre des confrères en montagne fait toujours mal, que ce soit par erreur, hasard ou pêché d’orgueil. Et un peu d’humilité nous oblige à reconnaître que, pour au moins une ou l’autre des trois raisons citées ci-dessus, nous nous sommes déjà retrouvés dans une situation susceptible de finir par un résultat identique au leur.

Toutefois, j’avais mis le lien au début pour voir un peu quelles sont nos réactions par rapport aux deux points de vue exprimés dans la lettre/réponse du site de Thivel.
Nous sommes tous un peu hors-sujet, là, non ? ;-))

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par pastriste:

Charles a écrit:
s.

Certes, mais ce sont les gendarmes du PGHM qui sont passés à la
télévision car eux seuls ont les pouvoir d’officiers de
justice, d’où leur présence (et non des CRS) lors du drame à
Gavarnie
Les CRS de Gavarnie (très sympas d’ailleurs) que nous avions
appelés vendredi, nous avaient plutôt rassurés sur les
conditions en face nord, mais restaient dubitatifs sur la face
ouest. Il s’est avéré finalement que les 2 étaient en très
bonnes conditions. On ne peut véritablement juger qu’une fois
sur place.

ah je me disais que j’étais pas fou que c’est bien le PGHM qui avait été trés critique sur tout cela…sur france 3 .

suis pas sur place j’ai 360 km qui me sépare du Taillon , ça nous faient trés chaud question gazoline pour aller vérifier sur place .

nous c’est plutot Haute Ariège , Couseran, luchonnais , et vallée d’Aure ou de Campan.

et c’est vraiment terrible de notre coté à l’est de la chaîne…

alors le Taillon ça fait figure de cas à part …d’ou mon étonnement .

Posté en tant qu’invité par Charles:

Circus a écrit:

Nous sommes tous un peu hors-sujet, là, non ? ;-))

Euh oui, effectivement on a débordé légèrement. Désolé!
Pour ce qui concerne les médias et leur traitement de l’information (quelqu’elle soit) ça fait depuis un bon moment que j’ai perdu ma crédulité.
Un média, c’est comme une épicerie: l’épicier, il faut qu’il vende sa camelote. Si le bio est à la mode, il vendra du bio et participera un peu plus à l’amplitude de cette mode. Et bin les médias c’est pareil. Ils vendent du sécurité maximum et plus ils en vendent, plus les gens marchent dedans. A la fin, on en arrive à se demander si c’est l’information qui fait le média ou si ça n’est pas finalement le média qui génère l’information!

Posté en tant qu’invité par J2LH:

Charles a écrit:

A la fin, on en
arrive à se demander si c’est l’information qui fait le média
ou si ça n’est pas finalement le média qui génère
l’information!

C’est comme pour tout, les médias créent un besoin et le vende.

Posté en tant qu’invité par Stef:

Heu! la je ne suis pas tout a fait d’accord.
IL y a une alternance d’une semaine de ‹ garde › entre la compagnie des CRS et celle du PG de pierrefite.
C’est d’ailleur pour ca, que ce sont les gars du PG qui ont eu ce putain d’accident avec ce putain d’helico lors d’une excercice de sauvetage du la NO des Astazous cet ete

Posté en tant qu’invité par Dani:

Je fais de la montagne avec pas mal d’espagnols, des français et des suisses. En Espagne, en France, en Suisse et en Italie.

Et franchement, je ne sais pas d’ou vous en tirez ces stéréotypes, puisque je vois des fous et de prudents partout pareil… mais bon… je vais essayer d’apporter quelque chose au débat depuis un autre angle.

  1. Les alpinistes qui voyagent loin pour faire de la montagne le weekend souvent est parce qu’ils vont chercher des voies spéciales (mythiques, difficiles… etc), sont des passionnés,
    et souvent des gens assez forts en général, et avec expérience.
    Donc, ils se foutent dans des endroits ou d’autres n’osent pas.
    ça vaut pour tous les anglais, les catalans ou les cheques qui débarquent a Cham suite a un vol
    EasyJet a Geneve, aller-retour le weekend. Mais aussi pour les barcelonais qui font 7 heures de voiture pour aller faire de l’alpi a Gavarnie.

  2. Il y a un coté « commitment by investment ». C’est a dire, le gars qui fait 7+7 h de voiture, ou qui a dépensé 300 euros d’avion, ne veut pas rater sa course et il prend plus de risques
    que celui qui peut revenir lendemain. Et ça vaut pour les forts et pour les moins forts.

Mais si vous allez faire de la montagne là ou il y a bcp d’espagnols,
la cascade a Cavallers, ou la grimpe a Montserrat, ou la peu de phoque
a Vallter vous trouverez tous les types de grimpeurs. Des braves et des trouillards, des engagés et des prudents, des forts et des moins forts…

PS: Pour le corps mort dans les plaques au vent j’attends les explications de J2HL pour comprendre
pourquoi est ceci tellement dramatique :wink:

Posté en tant qu’invité par Paul G:

J’ai une question sur cet accident en particulier.
Y-a-t-il eu un survivant ou un témoin direct ?
Qu’est ce qui permet de dire que cet accident n’est pas le fait d’une imprudence ?

En général, les morts ne parlent pas, et on ne sait pas trop ce qui s’est passé. Et ici ?

Autant je suis d’accord qu’il faut respecter les victimes et ne pas leur faire porter toutes les erreurs du monde, autant je n’aime pas qu’on fasse pencher l’incertitude vers la fatalité. Je crains qu’elle ne soit que rarement responsable de nos accidents…

Posté en tant qu’invité par Francois:

Je suis assez d’accord avec toi. Un accident n’arrive pas par l’opération du St Esprit. Il y a des causes. Il y a qq chose qui s’appelle « l’arbre des causes » que les préventionnistes utilisent pour connaître les causes, justement, d’un accident. Et cette procédure permet souvent de détecter les erreurs qui sont à la source d’un accident.

Posté en tant qu’invité par jo64:

Ok, je n’avais pas vu le reportage TV, je me basais juste sur le poste de secours tenu par les CRS, sympa comme tu l’écrivais.

Posté en tant qu’invité par jo64:

Oui ce sont bien des gars de Pierrefite mais pas PG c’étaient des CRS, je peux d’autant mieux en parler que le seul (un proche de ma famille) qui ait perdu la vie, hors pilote et mécanicien, est un CRS, lieutenant de police, et excellent grimpeur.

Posté en tant qu’invité par Ithyphalle:

Francois a écrit:

Je suis assez d’accord avec toi. Un accident n’arrive pas par
l’opération du St Esprit. Il y a des causes. Il y a qq chose
qui s’appelle « l’arbre des causes » que les préventionnistes
utilisent pour connaître les causes, justement, d’un accident.
Et cette procédure permet souvent de détecter les erreurs qui
sont à la source d’un accident.

Qu’il y ait des causes est une chose, que la probabilité de réalisation du risque soit quantifiable en est une autre, que ce risque soit parfaitement maîtrisable en est encore une autre. A moins de rester au lit, et encore …
Pour anecdote, j’ai connu le cas d’une famille entièrement décimée par la chute d’un arbre sur leur voiture. Cela s’est passé sur une petite route (communale ?) avec une circulation dérisoire. Cet arbre centenaire était le seul arbre perdu dans la plaine au bord de cette route. J’ignore si quelqu’un était capable de prédire la probabilité qu’avait cet arbre, le seul sur cette petite route très peu fréquentée, de tomber sous un coup de vent, pas une seconde avant, pas une seconde après, mais au moment précis où cette famille passait en voiture.
Dans d’autres cas, c’est tout le contraire. N’y en a t-il pas parmis vous, qui sur une vire se sont apperçu après coup qu’ils assuraient le second sans être vaché ? Par oubli ou parce qu’on n’a pas clippé correctement le mousqueton ?
Il m’en est arrivé dans le même genre en tout cas.

C’est peut-être cette part d’imprédictibilité, et d’impossible complète maîtrise, qu’on appelle hasard ou destin, à défaut de saint-esprit.

Alors, en cas d’accident, je me garderai de présumer d’une quelconque responsabilité, avant d’avoir eu connaissance des faits avérés par une enquête.

Posté en tant qu’invité par Ithyphalle:

Circus a écrit:

Toutefois, j’avais mis le lien au début pour voir un peu
quelles sont nos réactions par rapport aux deux points de vue
exprimés dans la lettre/réponse du site de Thivel.
Nous sommes tous un peu hors-sujet, là, non ? ;-))

Mon opinion est que de nos jours, on trouve trop peu de bons journalistes, avec à la fois, les compétences, la rigueur intellectuelle alliée à l’exigence et la déontologie.
Ils se contentent bien souvent de flatter l’attente de sensationnel et le voyeurisme de leurs publics (clients ?).
Je suppose qu’on doit aborder ça en 1ère année de science-po ?

Posté en tant qu’invité par guillaume:

comment peux tu demander à stéphane s’il va souvent dans les pyrénées et après dire que ton domaine est la haute ariege et le couseran???Si tu y étais aussi souvent que tu le laisse penser tu saurai si stephane y est souvent…:wink:

Posté en tant qu’invité par Francois:

Ithyphalle a écrit:

C’est peut-être cette part d’imprédictibilité, et d’impossible
complète maîtrise, qu’on appelle hasard ou destin, à défaut de
saint-esprit.

Alors, en cas d’accident, je me garderai de présumer d’une
quelconque responsabilité, avant d’avoir eu connaissance des
faits avérés par une enquête.

Alors on est d’accord.
Il ne s’agit pas de prévoir quoique ce soit (si on pouvait prédir les accidents, il n’y en aurait pas). Ni de trouver des responsabilités. Il s’agit seulement de remonter à des causes afin de déterminer des erreurs éventuelles (je prends des précautions pour les susceptibles !) afin de ne pas les reproduire. Maintenant, il existe toujours ce qu’on appelle les impondérables…

Posté en tant qu’invité par Mid:

En ce qui me concerne, je trouve que l’information la plus neutre est celle purement factuelle que l’on retrouve dans les communiqués de police. J’ai un exemple récent en Valais, ici : http://www.vs.ch/Public/doc_detail.asp?Language=fr&ServiceID=4&DocumentID=16472

"Cervin : chute mortelle de 3 alpinistes
Un accident mortel s’est produit au Cervin durant le week-end. 3 alpinistes ont perdu la vie.

Le mardi 30 janvier 2007, une femme qui se trouvait à la cabane du Hörnli, située au pied du Cervin, a annoncé à la centrale du 144 la disparition de trois alpinistes.

La colonne de secours de Zermatt a organisé un vol de recherche avec la Cie Air-Zermatt. Les dépouilles des trois alpinistes ont été rapidement découvertes au pied du Cervin.

Selon les premiers éléments de l’enquête, il ressort que trois alpinistes, accompagnés de la femme qui a transmis l’alerte, se sont rendus du lac Noir à la cabane Hörnli le jeudi 25 janvier 2007. Le lendemain, les trois hommes ont entrepris l’escalade de la face Nord du Cervin. Ils ont été observés une dernière fois dans la face le samedi alors qu’ils avaient établi un bivouac. Pour des raisons encore indéterminées, ces trois alpinistes ont fait une chute de plusieurs centaines de mètres durant le week-end. Ils étaient encordés.

La femme précitée a bénéficié d’un appui psychologique.

Les trois hommes n’ont pas encore été formellement identifiés.

POLICE CANTONALE VALAISANNE"

Les journalistes, même si ils peuvent croire avoir une connaissance correcte de la montagne, ne sont que rarement des spécialistes du domaine. Ils devraient donc s’en tenir à ces faits. Dès qu’ils recherchent des compléments d’information, ils risquent de déformer ce qu’ils entendent (involontairement, par manque de connaissance), d’autant plus qu’ils sont poussés, quoi que l’on dise, à écrire des textes qui soient « vendeurs ».

Quand je vois comment des « théories de bistrot », dans les populations « alpines » mais pas forcément alpinistes, concernant des accident en montagne, peuvent déformer la réalité, je n’ose pas imaginer comment un journaliste plus ou moins au fait des réalités alpinistiques pourra traiter un tel sujet…

Posté en tant qu’invité par Dani:

Francois a écrit:

Il s’agit seulement de remonter à des causes
afin de déterminer des erreurs éventuelles […] afin de ne pas les
reproduire. Maintenant, il existe toujours ce qu’on appelle les
impondérables…

Et la chance ?

Il y a tout juste un mois, le guide de montagne Sébastien Gay perdait la vie dans un accident de speedflying, alors accompagné par son épouse, la freerideuse professionnelle Géraldine Fasnacht. Hier soir, elle évoquait la fatalité: « C’est la faute à pas de chance. »

Posté en tant qu’invité par Circus:

A mon sens aussi y a pas de fatalité.

Si tu perds l’équilibre, c’est ta faute, même si tu ne l’a pas fait exprès.

Mais en fait, ce qui m’intéresse dans cet échange de courriel, c’est la question des sacs en platique en photo (et je trouve la comparaison avec la SR intéresante). La réalité d’un accident en montagne, c’est quand même de la viande froide dans des sachets plastiques, in fine…

Pour faire simple, j’approuve Rémi lorsqu’il reproche à la Dépêche du Midi une enquête (journalistique…) bâclée sur les causes de l’accident. En revanche, je ne le suis plus lorsqu’il pointe du doigt le traitement morbide de l’affaire : La photo illustre à mon sens une réalité qu’on n’aime guère regarder en face.

Posté en tant qu’invité par J2LH:

Circus a écrit:

En revanche, je ne le suis plus lorsqu’il
pointe du doigt le traitement morbide de l’affaire : La photo
illustre à mon sens une réalité qu’on n’aime guère regarder en
face.

Est-ce que les journaleux publient les photos des noyés sur les plages l’été ?
Non, la montagne c’est spectaculaire, c’est vendeur et les accidents ne sont encore suffisament rares pour ne pas passer inaperçus comme les accidents domestiques ou les accidents de la route. Alors ça fait vendre, surtout quand c’est agrémenté de photos morbides qui n’apportent rien puisque l’article dit qu’ils sont morts (que veux tu ajouter de plus ?)

Posté en tant qu’invité par Dani:

Je suis allé voir dans le dictionnaire:

ACCIDENT1, subst. masc.
Événement fortuit, sans motif apparent et sans lendemain, qui affecte une personne ou un groupe de personnes, en interrompant le déroulement normal, probable et attendu des choses.

FORTUIT, UITE, adj. et subst.
Qui se produit par hasard.

Chercher des responsabilités, des erreurs, des causes prévisibles dans un accident…
ben… on peut le faire, mais pas en français.

Vous savez pour quoi on dit que sortir face ou pile quand on jette une pièce en l’air c’est un évenement au hasard ?
Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas des causes (la position et la vitesse de la pièce quand elle sort de ta main… etc), sinon parce qu’elles sont impondérables, impossibles de mesurer.