De la prise de risques?

Salut à tous,

Encore un sujet récurrent…Voilà, de sortie ce matin par des pentes sans danger puisque SLF annonçait dans la région des Préalpes Fribourgeoises un risque 3 à 1800m et en toute orientation… Quelle surprise ( :rolleyes: ) en voyant toutes les faces de notre beau Teysachaux tracées dans tous les sens!
Je précise que le souffle a été plutôt fort, le relief en porte les stigmates et qu’il a neigé entre 30 et 40cm en deux jours.

Et comme c’est maintenant partout pareil, je me pose quelques questions:

Quels critères doivent être considérés dans ce genre de situation avalancheuse?

Le bulletin?
L’éclaircie du week-end?
+/- 200m ?
Le sixième sens?
Les vents?
M’en fou?
Mon airbag?
Il y a du monde?
L’immortalité?
La pente?

Pour avoir fait toutes les faces de cette montagne des dizaines de fois depuis une vingtaine d’années et y avoir vu plusieurs accidents (d’ailleurs j’ai failli y passer l’autre jour par danger limité), aujourd’hui, je n’y aurais pas mis les skis.
Pourquoi ce sentiment de sécurité sur quelques sommets pris d’assaut par des foules en délire?? :mad:
Je commence à penser que je deviens un vieux con et que je devrais plus profiter de la belle neige (merci de ne pas me le redire :stuck_out_tongue: )

Choix individuels, fonction de l’appréciation du risque, de l’entrainement sécu, de la taille du groupe…
A mon avis, il n’y a rien à juger.

Si tu t’es fait plaisir ds ta sortie, pourquoi regretter ces pentes là ?

Hello,
On peut faire à la Munter et calculer le potentiel residuel de risque de celui qui ouvre :
–> Le sommet se trouve à 1909 sur une limite de 1800 donc c’est entre 2 et 3, mais comptons 8 pour un risque 3.
–> Les pentes sont à moins de 40 degré ca fait une reduction de 2.
–> Pente regulierement parcourue on peut encore compter 2
–> petit groupe encore 2.

  • Voilà le risque d’avalanche mortelle est faible et d’après la méthode on peut y aller. D’ailleurs, est-ce-q’il y a déjà eu un mort au Teysachaux ?
  • Le risque d’une blessure grave ou d’une coulée au Teyssachaux est clairement là par risque 3 et il me semble qu’il y a d’assez fréquents accidents (mais vu qu’il n y a pas de recensement des accidents …).
  • De plus, on parle des premières personnes à passer … après 20 passages ca me semble ok d y passer meme par risque 3.
    Personnelement je ne l’ouvrirais pas par risque 3 parce que je n ai pas envie d’être pris dans une avalanche même petite.

pour ta dernière remarque, je cite une phrase écrite par un guide de par ici…

« Réflexion de vieux con? De con peut-être, mais c’est ce qui m’a permis de devenir vieux. » Et j’ai trouvé ça tellement juste!

Mieux vaut réfléchir comme un « vieux con » et être « trop » prudent. Alors bien sûr, cette fois-là il n’y a pas eu d’accident… Mais ça aurait pu arriver.

Qu’est-ce qui fait prendre aux gens des risques?

  • Certains n’en ont rien à foutre, tout simplement.
  • Certains, malgré la sensibilisation, ne se rendent pas compte du danger (je pense peut-être là plutôt aux « freeriders du dimanche »…)
  • L’effet de groupe. En groupe, on se sent plus « sécure » alors qu’au final on prend plus de risques à plusieurs.
  • La frustration, à mon avis, fausse le jugement… ça fait pas mal de temps qu’on a du mauvais, et surtout, à part le dimanche 21 février, ça fait un mois et demi qu’il fait mauvais le week end… On jamais totalement beau, ou alors il y a beaucoup de vent… les gens se ruent donc dehors dès la moindre éclaircie.
  • Le manque d’expérience dans l’évaluation du risque
  • L’illusion de sécurité apportée par un endroit connu. Je ne connais pas Teysachaux mais si c’est un sommet « connu », genre « autoroute » où les gens vont facilement, facile d’accès, pas trop possible de se perdre, etc. Ben les gens auront plus tendance à le considérer comme safe en toutes circonstances

Voilà à quoi je pense mais il peut y avoir encore plein de raisons!

Et puis aussi, parfois les gens prennent des risques parce qu’ils se trompent… Et puis, il y a aussi une part d’instinct. Chez certains, il est très développé. D’autres ont beaucoup de chance. On ne peut pas s’y fier à 100% je suis d’accord, mais certaines personnes « sentent » quand même plus les choses… Et par conséquent se fient à leur instinct et prennent peut-être parfois des risques qui peuvent paraître « inconsidérés » aux yeux des autres.

Cela dit, je pense qu’il y a beaucoup d’inconscients… Je travail à Verbier. Ya genre deux semaines j’ai été choquée: le jeudi, il neigeait, il y avait du vent, du brouillard, on ne voyait rien. Le vendredi: grand beau. Je suis arrivée au job à 7h, les pistes n’étaient donc évidemment encore pas ouvertes. Et bien… TOUT était déjà tracé, dans tous les sens! ça veut dire que des gens ont été hors des pistes sans visibilité et dans des conditions exécrables… Enfin voilà, certains ont de la chance!

Oui, mais l’accident auquel je pense n’a pas eu lieu sur la voie normale.

C’est une considération générale. Dans la 1/2 journée qui suit une chute de neige, c’est déjà tracé de partout. Il devrait donc se passer qq chose, or dans 99% des cas, il ne se passe rien. Qu’en conclure ? Que l’avalanchologie est une science bien incertaine…

Salut à tous,

[quote=« Paul G, id: 1815297, post:2, topic:162334 »]Choix individuels, fonction de l’appréciation du risque, de l’entrainement sécu, de la taille du groupe…
A mon avis, il n’y a rien à juger.

Si tu t’es fait plaisir ds ta sortie, pourquoi regretter ces pentes là ?[/quote]

Non, je ne juge pas, je pose des questions.
Monstre plaisir avec ma sortie! et sans regret puisque je peux y être tous les jours.

[quote=« cosi, id: 1815308, post:3, topic:162334 »]–> Les pentes sont à moins de 40 degré ca fait une reduction de 2.
–> Pente regulierement parcourue on peut encore compter 2[/quote]

Je suis d’accord avec ton résonnement.
Deux points, les pentes du haut sont à plus de 40° et la pente sud n’est pas fréquemment parcourue (quoi que de plus en plus)

[quote=« sangria, id: 1815311, post:4, topic:162334 »]pour ta dernière remarque, je cite une phrase écrite par un guide de par ici…

« Réflexion de vieux con? De con peut-être, mais c’est ce qui m’a permis de devenir vieux. » Et j’ai trouvé ça tellement juste![/quote]

ça c’est cool!
Et j’ai vu pareil à Verbier! Mais là-haut, c’est normal, c’est une concentration de spéciaux.

Je connais pas Teysachaux (cela dit c’est un nom qui revient souvent ici, va falloir que je me renseigne !!) mais à mon avis le phénomène est le même partout :
il y a les premiers qui tracent prudemment seuls face à l’éternel, puis les suivants qui veulent faire leur trace (à la descente) à côté et ainsi de suite de telle sorte que les derniers vont faire des trucs que les premiers n’auraient même pas imaginer en repoussant toujours un peu plus les limites (mais la prise de risque est toujours limitée). Ajoute à ça que celui qui trace a une perception bien plus complète du manteau neigeux que ceux qui vont venir après et qui peuvent se sentir en confiance de manière injustifiée.
Bref il faut voir comment ça se fait avant de s’offusquer de voir des traces partout.

je m’étais fait le même genre de réflexion l’année dernière, en voyant pleins de sorties rentrées chez le voisin de skitour, dans des pentes à 40 et plus par risque 4 avec des comm’ « neige 4*, conditions au top ». me suis fait pourir, puis verrouiller le topic …

Risque 4 le jour de cette sortie sur skitour … Perso, je n’y serais pas allé et je ne m’en serais encore moins vanté sur les réseaux sociaux

Il y a le même phénomène en hors piste, ce qui donne des accidents en fin de journée, quand des gens vont tracer les derniers recoins qui ont été soigneusement évités le reste de la journée.

Si on s’offusque tout le temps qu’il y ait des traces partout, sans qu’il y ait d’accident, alors qu’on juge que le risque est trop élevé, il y a 2 possibilités :

  • soit il y a des dizaines (centaines ?) d’inconscients mais qui ont vachement de bol,
  • soit on se gauffre complètement dans son évaluation du risque ! (*)
    Bien sûr qu’il y a surement des jours en risque 3 où c’est risqué dans ces couloirs, c’est à dire où c’est difficile à savoir si ça va partir ou non une fois au sommet de la pente. Mais ça ne signifie pas que tous les jours en risque 3 sont dans ce cas, sinon il y aurait des dizaines d’accidents dans ces couloirs.
    Et si on observe ces couloirs tout tracés des dizaines de fois, on peut faire des stats et affiner son évaluation du risque.

(*) En fait on ne se gauffre pas : en fonction des infos disponibles sans aller sur place (depuis le parking ou depuis chez soi), on peut juger que c’est trop risqué, et c’est tout à fait normal (si on est dans le mode « dans le doute, je n’y vais pas »). Mais avec les infos récoltées en montant, depuis le sommet du couloir, et sur les premiers virages, on peut affiner le risque et éventuellement juger qu’il est assez faible. En sachant que ce jugement dépend de l’expérience de chacun, on n’aura pas le même jugement pour qqun qui vient la première fois sur la montagne et qqun qui y va 3 fois par semaine par tous les temps.

Tu t’es pourtant bien vanté sur skitour et c2c de ne pas y être allé :slight_smile:

Ce n’est pas Alain Duclos qui a dit « il ne faut pas confondre 20 ans d’expérience et 20 ans de chance » ? :slight_smile:

Bah c’est pour ça que tu préfères le ski de fond non ? :stuck_out_tongue:

Oui, c’est vrai. Mais :

  • Avoir 20 ans de randos derrière soi ne garantit pas que l’on a su en apprendre assez pour améliorer significativement l’évaluation du risque, par rapport qqun qui débute.
  • Avoir 0 an de randos derrière soi garantit qu’on n’en sait pas assez.

Ce n’est pas parce que certains skieurs qui ont de la bouteille font n’importe quoi, que tous les skieurs qui ont de la bouteille font n’importe quoi. On a le droit de réfléchir, et entre autres de prendre du recul sur ceux qui ont de la bouteille et se sont plantés.
Mais dans tous les cas, ce n’est pas en restant cloitrer chez soi qu’on apprend qqch.
C’est sûr que si tu évites tout le temps toutes les pentes assez raides pour être sujettes aux avalanches (en gros que tu te contentes de faire du ski de fond sur pistes sécurisées), tu n’auras pas de problème d’avalanche. Mais dans ce cas cette discussion ne te concerne pas.

François: oui ça c’est sûr que c’est incertain (la certitude de l’incertitude, c’est-y pas beau! :lol: ). Après ya aussi le fait qu’en station et même en hors piste accessible depuis les stations, ya beaucoup de minages… Ce qui ajoute peut-être aussi à la diminution du danger je sais pas…

Et pi bon, après c’est toujours la même chose: il n’y a pas vraiment de justice. Quelque part je me dis que ya bien quelque chose comme le « destin » qui doit exister, parce que bon… Certains prennent toujours plein de risques et y passent jamais, et d’autres qui ont de l’expérience vont se faire coffrer.

Mollotof: ha ouais quand même… Moi non plus, par risque 4, j’aurais pas osé aller je pense… Enfin je sais pas si c’est l’effet de la photo mais ça a pas l’air tout plat!!

Je me suis posé les mêmes question ce weekend. Compte tenu du risque 3, que nous avons interprété comme un « gros » 3, et compte tenu de notre petite expérience, nous avons choisi une sortie sans pentes >30° sur et proches de notre itinéraire (sauf à la descente mais ces passages raides se situaient bien en dessous de la limite d’altitude du bulletin, et en forêt dense). Presque personne sur tous les itinéraires aux alentours qui présentent des pentes plus raides, et beaucoup de monde sur les sorties « tranquilles », ce qui me fait penser que notre décision n’était peut être pas seulement due à notre statut de trouillards inexpérimentés!
Quand je dis presque: vu un skieur qui montait tout seul dans une pente raide, juste au-dessus d’une plaque partie spontanément la veille (juste un peu recouverte par la neige de la nuit) et en-dessous d’une pente qui est connue pour être dangereuse, et là je me suis demandé, est-ce que ce skieur ignore le danger - consciemment ou pas - ou pense-t-il que c’est sûr, et si oui, pour quelle raison? Les autres pentes raides tracées c’était du hors piste dans la station voisine, en plein dans les orientations et altitudes concernées par le rsique 3 … qu’est-ce qui motive ces décisions?
C’est peut être encore une fois dû à mon manque d’expérience, mais quand on sait qu’il y a de grosses accumulations qui se sont formées avec le vent et la neige, que ces accumulations sont en parties recouvertes et donc cachées par la neige de la veille, qu’est-ce qui fait dire « ok ça m’à l’air bon » ? Je comprends qu’on s’engage (pas forcément à raison) dans une pente plein de traces, mais que se passe-t-il dans la tête du premier de la journée?

Il y a quand même quelques bricoles à faire entre « toutes les pentes assez raides pour être sujettes aux avalanches » et du « ski de fond sur pistes sécurisées », non?
Rien que sur c2c, il y a 2815 itinéraires en S2 référencés (si je comprends bien l’aide du topoguide, S2 ça veut dire pas de pentes >25°). Ou si on restreint à la cotation 1.3 max, on arrive à 521 itinéraires. En enlevant tous ceux qui passent près de pentes >30°, je pense qu’il nous reste quelques centaines de sorties possible par toutes conditions.
Cela dit, j’ai peut être raté le second degré dans ta phrase :wink:

En général, rien.

(Euh… je plaisante, hein. Mais faut dire que la perche était un peu trop tentante.)

[quote=« Francois, id: 1815477, post:17, topic:162334 »]

En général, rien.

(Euh… je plaisante, hein. Mais faut dire que la perche était un peu trop tentante.)[/quote]

Ma foi je pense que c’est malheureusement une des réponses! :slight_smile:


Ah ben si, c’est plat c’est l’itinéraire de montée ! La descente est plus pentue !! (et est régulièrement tracée par risque 4)

Ouais enfin je voulais que c’était raide quoi :stuck_out_tongue: