Comment progresser en glace?

Posté en tant qu’invité par Luj:

Bonjour tout le monde

Je suis de niveau moyen en grimpe falaise / grande voie entre 5c/6a depuis 10 ans, n’ayant jamais eu la motivation pour m’y mettre plus sérieusement.

Dans la même logique, je suis dans le 2/3 en glace en tête parce que je flippe ma race de manière assez ingérable, alors que je suis à l’aise dans du 4 en second. Je manque juste un peu de physique pour être bien dans du 5 mais je passe sans tomber quand c’est nécessaire.

J’ai l’occasion de faire de la glace en ce moment, et en tête. Je veux progresser. Est il préférable selon vous :

  • de continuer à me faire peur en tête dans du 2/3, je me fais violence, je me bats continuellement contre mon mental défectueux en espérant devenir de plus en plus à l’aise dans ce niveau de difficulté puis envisager le suivant ?

ou

  • je la joue un peu « à l’ancienne », comme finalement je grimpe bien entre les points et c’est brocher qui me pose de gros problèmes psychologiques (peur débile de me la coller au pire moment alors que mes appuis sont sûrs, léger manque de gainage et de calme pour brocher sereinement), et je me vache à mes pioches pour brocher tranquillou ?

Détail : je suis un aficionados de la grimpe sans dragonne, j’ai une excellente technique pour ce niveau de difficulté, c’est vraiment le mental qui pêche.

Des suggestions pour un trouillard qui en a un peu marre ? Des retours d’expérience ?

L’approche no 2 est peut être une solution pragmatique, mais ça te fera pas progresser ton mental, ci c’est ça l’objectif.

Tu peux améliorer ton mental en faisant du terrain d’av en rocher. Ca t’habituera à grimper entre les points, et c’est quand même moins tendu qu’en glace.

Posté en tant qu’invité par HumbleAvis:

Grimpe en tête en brochant souvent.
Comme cela tu grimperas « safe » même si tu venais à tomber, tu vas améliorer ta gestion du brochage… je pense que ça doit pouvoir te faire progresser et améliorer ton mental car il y a des chances que tu prennes confiance comme ca.

Bienvenue au club, exactement le même problème.

Je peux partir corde tendue dans du 4 avec assurage délicat sans que le leader n’ait de soucis à se faire et, pire, je suis concentrée sur ce que je fais, j’ai confiance en moi et n’ai aucune flippe. Mais quand que je passe devant ça change. L’engagement qui engage l’autre me fait me concentrer, alors que l’engagement qui n’engage que moi me fait partir en live. Vive les joies de la psychologie…

Ma flippe, a l’air d’être la même que la tienne: celle de ne pas réussir à brocher. Je dis bien « peur de ne pas réussir ». C’est donc une anticipation, quelque chose de complètement subjectif et mental comme tu le dis. Car quand je fais part de mes angoisses à mon second, il ne comprend pas : selon lui j’ai mis comme la plupart des glaciairistes modestes mis moins d’une minute pour brocher. Sauf que ces secondes durent des heures pendant lesquelles au lieu de rester concentrée je me dis « merde, j’ai mal au mollets, je ne vais pas tenir, j’arrive pas à amorcer la broche et touti quanti ». Dans ces moments là je deviens irrationnelle. J’imagine que je n’ai pas de marge alors que c’est objectivement faux : dans du 3, je suis capable de désescalader en tête ce que j’ai grimpé (version testée du « je vais pas y arriver » : je redescends, ce qui est moins simple en glace qu’en rocher). Bref, un gros problème de concentration qui d’ailleurs est très variable. Car, et ça c’est la bonne nouvelle, ce type de scénario n’est pas constant; selon les configurations de la glace et l’humeur des gens qui m’entourent, ça ne se produit pas tout le temps. Il a été dès fois où j’ai grimpé en réversible sereinement (en général, dès que je me dis spontanément « j’ai envie » et pas « je dois »).

Je pense quand même qu’il y a des éléments, au delà de la concentration, qui aident. Par exemple avoir des broches neuves et/ou bien affutées fait une grosse différence. J’ai apprécié la différence l’an dernier entre les jeunes Grivel et les vieilles Petzl. Si j’avais une journée à perdre (mais là ce n’est pas du retour d’expérience mais des hypothèses), j’irai bien me mettre au pied d’un mur de glace un peu raide et tester combien de temps je peux tenir en mauvaise posture, m’entraîner à brocher cinquante fois dans la journée. Il est certain que plus tu pratiques (et avec succès), plus ton cerveau enregistres ces résultats objectifs, ce qui mets moins d’eau à ton moulin en cas de flippe. Après, j’aimerai bien (Nanard, on t’appelle!) qu’on me montre comment brocher vaché à son piolet (je suis moi aussi sans dragonnes). On est formaté à l’idéologie moderne selon laquelle le brochage se fait d’une main. Ok, c’est plus esthétique, ça témoigne de davantage d’aisance. Mais je me dis que savoir brocher vachée suffirait pour calmer mes appréhensions. Juste savoir, pas forcément le faire systématiquement. J’ai en effet l’intuition que la connaissance d’une technique suffirait à me rassurer (puisque là est le problème) , un peu comme une bouée de secours qu’on trimballe sur l’embarcation sans nécessairement se la mettre autour du coup en permanence.

Posté en tant qu’invité par vieux sarpé:

brocher vaché à la mode du début des années 80 est considéré comme de « l’artif », pour faire du « libre » en glace il faut brocher d’une main … ceci dit, chacun a bien le droit de faire ce qu’il veut, évidemment.

Autrement, c’est condition physique générale et en faire souvent, voir s’amuser à brocher une demi-journée ou une journée entière ?
les mouvements entraînant à l’équilibre pour bien placer son centre de gravité sont aussi sûrement un plus, car la glace c’est d’abord de l’escalade, où il faut soigner ses équilibres pour s’économiser. Pour éviter la tentation de « bouriner » avec deux engins bien plantés, grimper avec un seul piolet l’autre main à plat en 2/3 est un excellent éducatif, car on se retrouve automatiquement sur les pieds, comme en rocher :wink:

[quote=« Luj, id: 1097910, post:1, topic:105594 »]Bonjour tout le monde

Je suis de niveau moyen en grimpe falaise / grande voie entre 5c/6a depuis 10 ans, n’ayant jamais eu la motivation pour m’y mettre plus sérieusement.[/quote]

Bonjour à toi,

une bonne chose c’est déja que tu as identifié ce qui te posait problème.

En premier lieu, trouve de la motivation pour progresser en escalade d’au moins une cotation. 6a+ 6B.
Tu maitriseras un peu plus les placements, tu auras un petit peu plus de conti.

En deusième, entraines toi dans ce qui t’angoisse: « Brocher ». Pas besoin d’aller dans des murs hypers raides. mais fait le de façon à maitriser la technique que ce soit de la main droite ou gauche.

En toisième, utilise du matériel récent et tu gagneras en efficacité. (broche avec manivelle(grivel ou black D) et des dégaines esploses).

En quatre, soigne la frappe de ton piolet.

Et surtout grimpe en tête en choisissant des cascades progressives ou avec des ressauts afin d’alterner difficultés et repos.

Ensuite tu evolues dans la difficulté avec ta prise de confiance.

Mais grimper même plus dur en second ne te feras pas progresser ton mental.

Et surtout fais-toi plaisir…

Posté en tant qu’invité par Luj:

Intéressant tout ça, merci pour les retours

@Grenouille : en fait c’est tordu parce que dans certains domaines je peux engager le steak sans problème, genre en pente raide, couloir de neige béton improtégeable, progression corde tendue, … disons que c’est un problème de mental assez spécifique à cette pratique.

@humble avis : alors ça c’est une excellente idée, je le note et je tente dès joudi, même si par principe et réalité (vieille blessure au pied) il est absolument hors de question d’envisager la chute

@Rozenn : et oué, tu as mis le doigt dessus, notamment quand tu parles de la capacité à désescalader, ou comment se foutre dans une situation objectivement dangereuse alors que continuer permettrait de rester en sécurité, genre en découvrant que le brochage est super facile au dessus de ce vague ressaut si flippant.

Ton histoires de petites victoires objectives me plaît bien, je vais travailler le truc.

Pour brocher vaché y a pas mal de possibilité du moment que le trou du bas du manche de ta pioche est libre (ce qui n’est pas le cas sur les anciens Quark une fois le repose mains optionnel installé) :

  • tu clippes un mousquif au bas de chacune de tes pioches et tu cabestannes dessus

  • tu as préparé une double vache que tu clippes au bas de tes pioches via mousquif à vis

  • pourquoi ne pas clipper une seule des deux pioches et garder ce lien quasi en tension juste comme sécu tout en essayant de brocher classiquement, d’une main, pendu à l’autre pioche. Comme je broche toujours de la même main ça pourrait le faire.

Bon ben y a plus qu’à retourner à l’école (de glace).

Toutes les suggestions et autres témoignages sont les bienvenus.

Bonne saison à tous, et faisez gaffe !

Posté en tant qu’invité par Troll:

Il faut progresser en rocher, arriver à etre dans le 6a/6b. On ne le dira jamais assez, le rocher c’est la base, ca apprend le mental, les équilibres…

Bcp de bonnes idées dans les posts précédents. J’ajoute une suggestion : des longs circuits de conti sur pan ou mur, en dévers. Histoire d’avoir de la marge au niveau des avants bras quand tu broches, c’est toujours plus facile de se détendre et de se concentrer quand on est pas daubé !

Je peux enfin me mettre à la cascade!!! :smiley:

Posté en tant qu’invité par HumbleAvis:

Un truc que j’ai déjà vu mais jamais testé : passer les brins de la corde au dessus de la lame du piolet que l’on tient quand on broche. Ainsi ça soulage un peu le poids sur le bras quand on broche. Ca à le mérite d’être entre le « je me vache » et « je n’ai rien ».
Attention, il y a deux fois plus de poids sur le piochon et il ne faut pas que la lame soit trop affutée sur le dessus…

Posté en tant qu’invité par HumbleAvis2:

A mon avis, quand on a peur de quelque chose, c’est qu’on ne maitrise pas la technique a 100%
Je suis dans le même cas (6a en falaise, débrouille en montagne et peur du brochage en 1er.)

Donc cette fois ci je pense monter un atelier de plusieurs heures.
Pour cela:

  • prendre un compagnon d’une patience infini
  • monter une moulinette béton sur un pan verticale
  • planter une broche a chaque mètre
  • prendre son temps et encore du temps
  • analyser le type de broche qui te déplait
  • analyser les positions qui te déplaisent
  • analyser jusqu’où ta conti tient
    etc. etc.

Posté en tant qu’invité par Luj:

Il est bien sûr très vrai que la grimpe aide beaucoup pour le physique, le mental, la technique de placement et ainsi de suite. C’est sûr qu’envoyer un néophyte en glace qui grimpe du 7 en TA, il va faire des étincelles. Mais mon souci ne se limite pas qu’à mon niveau en escalade, c’est vraiment un truc mental spécifique à ce support, la glace, et au fait de devoir brocher.

Dis autrement : quand je sens cette peur irrationnelle venir, ça n’a souvent rien à voir avec une quelconque situation de daubage des bras, je suis bien avant ça. Et c’est bien ça qui m’énerve, si encore ce n’était qu’une question de conti, de physique, de bouteille …

Si j’étais à l’aise à 6b/6c je suis certain que le problème se poserait de même un cran de difficulté au dessus en glace, disons dans du 4. Je cherche donc à prendre le problème à sa base. Merci sincèrement pour les conseils orientés grimpe, mais c’est maintenant que je souhaite faire quelque chose alors que la saison a commencé et que je suis bien au coeur du truc.

Par contre sauf danger de mort ou de chute grave jamais au grand jamais je ne me risquerai à faire sauter ma corde au dessus d’une de mes pioches, ce sera toujours plus sécu et à peine plus lent de se vacher directement sur la pioche.

Bonsoir
Pourquoi ne pas mettre tes dragonnes, tu les laisses aux poignets (rentrées dans les manches) et quand tu analyses ta longueur, tu décides si tu les sorts pour brocher ou pas. Ou même au début carrément grimper avec les dragonnes et les enlever dès que tu te sens à l’aise, cela me semble plus simple.
Quand au matériel, il dois être bien rangé sur le baudrier, toujours à la même place (plus facile à trouver) et les broches évidement en bon état (c’est la base).
Ne t’inquiète pas cela va venir, bonne grimpe.

Perso un truc qui m’a bien fait progresser en tête c’est de faire beaucoup de moulinettes (couenne), avant je faisais que des grandes voies (ca reste le plus sympa,à mon avis…).

C’est beaucoup plus facile de donner tout ce que t’as dans le ventre sur 20 ou 30m que sur une longue voie, ensuite quand t’es bien sur une longueur tu seras mieux sur des longues voies aussi (en longue voie je me dis, pense à cette longueur-là, la suite on verra bien plus tard… je parle au niveau difficulté hein, faut pas perdre de vue l’horaire etc. j’en vois déjà qui vont me taper dessus!).

En éspérant apporter mon chtit glaçon à l’édifice!
Bonne glace!

Bon c’est du basique de chez basique mais, oublie pas de brocher avec le bras tendu (celui qui tient le piolet), sinon daubage garanti (comme en grimpe). et je dirais même plus, attends d’être bien pour brocher mieux vaut monter 1m de plus et être bien! (là aussi, c’est à adapter au terrain hein! si tu la sens mal sur 50m, attends pas autant pour brocher :wink:

Bof, je grimpe difficilement du 6a quand je suis en forme, ça m’empêche pas de passer du 4/4+ en tête en glace.

Comme il le dit lui même, le problème de Luj est essentiellement psychologique. De toutes façons, brocher dans du 2/3, ce n’est pas physique, il y a suffisamment de position de repos pour le faire, dans cette difficulté on broche entre deux ressauts, on n’est pas obligé de brocher dans les passages raides.

Je lui conseillerais également de grimper en tête dans du très facile, en brochant le plus possible pour s’entraîner jusqu’à ce qu’il soit à l’aise. Comme le dit Sam le pirate au dessus, avoir de bonnes broches à manivelle bien affutées (Grivel ou Black D sont les meilleures à mon avis aussi). L’important, mais c’est toujours difficile quand on est stressé, c’est d’anticiper, de bien étudier la voie et brocher avant et/ou après le passage difficile, mais éviter d’avoir à brocher dedans.

Quand à moi, je grimpe avec dragonnes, ok ce n’est plus la mode, mais je me sens plus à l’aise comme çà. Au moins, si le piolet est bien planté, pas de chute possible, et moins de fatigue car moins d’efforts pour serrer le manche.

J’ai déjà vu quelqu’un grimper avec des vaches entre les piolets et son baudrier. Il avait l’air débutant donc c’est peut-être pour çà, mais à chaque mousquetonnage, il entortillait sa corde autour de ses vaches, c’était une galère incroyable, et il devait se fatiguer plus à détricoter tout çà tous les 3 mètres que si il n’avait pas mis de vaches.

Bon courage et amuses-toi bien, c’est le plus important

Oui je suis exactement dans le même cas que Dibona et je trouve que ses conseils sont de bons conseils. Un bon niveau de grimpe, c’est surtout utile au dessus de 4sup pour la continuité, ou pour des choses plus acrobatiques avec de vrais problèmes de placement.
PS : tu m’as pris mon pseudo!!! :mad: Je suis le seul et l’unique luj, sans majuscule, membre authentifié par camptocamp :stuck_out_tongue: C’est un scandale!! :mad: :mad: :stuck_out_tongue:

Safe, la chute en glace? A mon humble avis :wink: , non!
Gérard Pailheret l’a spécifié dans ses pages « pédago »: la chute en glace est toujours à considérer comme un accident; rien à voir avec une falaise bien spitée…

Je me demandais si le dry tooling constituait un entrainement intéressant sur le plan physique ? Intuitivement, je dirais oui: les rares fois ou j’en ai fait, c’est très sollicitant au niveau du serrage de pioche, assez tactique pour trouver des points de repos, et même un peu fin pour le placement des pioches.