Posté en tant qu’invité par Alfred Malaise:
Jusqu’au 4+/5, il n’y a pas de long ressauts verticaux ou surplombants. Disons maximum 15 m. Donc, c’est l’équilibre et la technique qui prévaut. A partir du 5+, c’est sûr qu’il faut en plus du dash et de la conti. Au-delà de 6, il faut une certaine dose d’inconscience et des couilles comme des melons.
Je grimpe du 5 en tête en glace, du 5+/6a en rocher (mais j’ai eu un niveau 7b il y a longtemps et j’ai fait beaucoup de TA: montagne, Dolomites, Verdon, Vercors). Maintenant, je n’ai plus de dash ni de conti, et je n’ai jamais eu des couilles comme des melons.
Donc, la glace « pour les nuls ou has been », en tête dans des niveaux déjà sérieux, c’est possible.
Voici quelques humbles conseils et considérations résultant de ma modeste expérience de 5 saisons de glace, soit une trentaine de cascades et quelques goulottes:
Grimper sans dragonnes: oui, c’est moins fatiguant qu’avec, et on grimpe plus vite en technique, on économise des gestes (croisements).
Dry-tooling: bof. Plutôt contraproductif en dessous de 5. On a tendance à bourriner. OK au delà.
Se vacher pour brocher: non, mais perso, j’ai toujours une longe prête au cas où, mis que je n’ai jamais du utiliser. Simplement, cela me rassure.
Quand je grimpe en monopointe, je suis plus technique et plus fin que quand je grimpe en bipointe.
Grimper en second peut aider à améliorer la technique et la continuité, mais il faut absolument grimper aussi en tête, sinon on se sape le moral à terme.
Utiliser du matériel moderne et bien aiguisé. Les nouvelles BD et Grivel n’ont rien à voir avec les Petzl.
Utiliser des pioches que l’on « sent » bien, pas nécessairement les plus à la mode. C’est une affaire personnelle: forme, poids, ancrage, …
Apprendre à brocher vite et bien, dans tous les types de glace (blanche, sorbet, noire), à faire des abalakov corrects du premier coup.
Ne pas utiliser des broches trop longues. 16 cm est amplement suffisant dans 95 % des cas.
Avoir une broche courte de 10 cm près du point d’attache peut aussi rassurer: on peut brocher vite au cas où on est au taquet.
Brocher à hauteur de hanche. Si on est droitier, brocher au maximum de la main droite, mais être capable en cas de besoin de brocher à gauche (entraînement). Moi, j’ai beaucoup de mal à brocher à gauche au-delà du 3/4. Brocher près du corps, sinon vous créez un couple déstabilisant et vous devez forcer plus.
Avoir le matériel bien rangé et accessible des deux côtés du baudrier. Perso, je porte 5 broches en cartouchière, le reste au baudrier.
Ne pas brocher trop, ni trop peu, et anticiper. Comme en rocher TA: dans les fissures du Verdon, avant l’équipement sur broche, il y avait intérêt à placer les coinceurs avant d’être au taquet. Combien de broches par longueur? cela dépend de beaucoup de facteurs, mais je dirais que si vous devez mettre plus de 6 à 7 broches par longueur (hors relais) dans une cascade comme « les formes du Chaos », alors c’est un peu trop. J’ai une fois suivi une cordée d’espagnol qui brochaient tous les 2 à 3 m dans cette cascade. 6 broches dans la première moitié du dernier ressaut. Ils ne sont pas arrivés à sortir, épuisés qu’ils étaient. Il y a de quoi, ils avaient placé de l’ordre de 60 à 70 broches, sans compter qu’ils avançaient comme des limaçons. Ils n’avaient clairement pas le niveau.
A mon humble avis, dans un mur vertical de 10 m, il faut être capable de passer avec 3 broches: une à 5 m, une à 7/8 m et une pour protéger le rétablissement. S’il vous en faut plus, vous n’avez pas le niveau ou la confiance nécessaire. De toute façon, une broche à 3 m ne protégera rien.
Ne surtout pas enfoncer les pioches comme un malade. Ce que l’on gagne en sécurité d’ancrage, on le perd en double en insécurité du désancrage. La main ne doit pas non plus être crispée sur le piolet, sinon fatigue rapide.
Grimper avec des gants fins et adhérents (si on n’est pas trop sensible au froid) diminue la fatigue et augmente le grip et la confiance. On sent mieux les engins et le brochage est beaucoup plus facile. En ce qui me concerne, c’est primordial. Je perds un niveau si je suis obligé de troquer mes BD Deviant contre mes BD Punisher, pourtant très performants et pas trop épais. Et ce niveau, c’est surtout au brochage que je le perds.
Ne pas se surcharger d’un sac à dos lourd, ni de vêtements trop amples ou encombrants. Perso, je grimpe en softshell et je mets un gilet duvet au relais.
Toutes les techniques foireuses de brochages avec autoassurance, piolet enfoncé jusqu’à la garde, etc… c’est du foin. On broche en glace comme on clippe un piton ou que l’on place un friend en rocher: vite et le plus relax possible, d’où l’intérêt d’un bon placement, bien en équilibre: pieds écartés, bassin contre la paroi, bras tenant le piolet tendu à la verticale, sans devoir lutter contre la moindre force de torsion (signe d’un déséquilibre latéral).
Pour entraîner la confiance et l’équilibre: grimper en second dans des longueurs 2/3 en n’utilisant qu’un seul piolet, voire pas de piolet du tout (mains à plat sur la glace).
Voilà, si j’ai dit des conneries, n’hésitez pas à me le faire savoir.