[quote=« J2LH, id: 837126, post:61, topic:83491 »]C’est le risque suisse qui est optimiste par rapport à l’échelle de risque européenne ou le risque français qui est pessimiste ? Je ne crois pas que les accidents de ce week-end montrent que le risque 4 est pessimiste en France.
Dire que le risque 4 français est sans départ spontané dangereux non seulement c’est faux mais en plus dans 9 cas sur 10 les accidents ne sont pas dus à des départs spontanés donc on s’en fout un peu des départs spontanés.[/quote]
C’est un truc bien connu, qui traîne dans un certain nombre d’ouvrages, pour expliquer la différence entre les bulletins français et étrangers : le risque 4 français comporte approximativement un tiers de situations qu’ailleurs en Europe on évalue habituellement à 3 parce qu’elles ne comportent pas de risques de départ spontanés dangereux, c’est à dire de se faire prendre par un truc venu d’en haut sans qu’on ait touché à rien de fragile, et qu’en principe c’est le critère du passage du 3 au 4 dans l’échelle européenne.
C’est dans ce genre de situation qu’en France on dit couramment « 4 prévu, 3 constaté » parce que on n’a effectivement rien constaté de ce genre mais qu’on a quand même annoncé 4 : un cas typique, la situation nivo lors de la catastrophe de la crète du Lauzet, et ce guide expliquant dans « Libé » qu’en fait ce qu’on avait constaté c’était « que » du 3, et pas du 4, vu qu’il n’y avait pas eu de départs spontanés dans la journée.
Le passage du 4 au 5 se fait quand à lui sur l’ampleur des départs possibles spontané ou pas et les menaces sur les habitations et les voies de communication.
Par contre je me rappelle de ce WE de mars 1982 où ça partait spontanément dans tous les coins en continu, avec le soir 19 morts au compteur (55 pour l’année, c’était avant la généralisation des ARVA). Nous étions en stage de chefs de course, on a fait des exercices de secours avec montage et descente de traîneaux de fortune en restant bien tranquilles sur les pistes de St Sorlin, sans même traverser d’une piste à l’autre. On aurait pu aller au refuge de l’Étendard, le passage est relativement sûr car on n’a jamais vu de coulées sérieuses sur l’arête de Comborsière à cause des cailloux, mais bon, on n’aurait rien pu y faire. Mais ce jour là on a vu des collectifs de quatre CAF différents s’engouffrer dans une combe dominée par une immense plaque prête à partir, et les pisteurs de la station voisine, un peu interloqué, poster un guetteur avec jumelle et radio et mettre le PGHM de Modane en pré-alerte. Quand la plaque est partie, l’hélico est arrivé en qq minutes, et finalement le bilan n’a été que d’un mort et 24 blessés …
Pour les questions de modération, ben, je déteste bien sûr tout ce qui ressemble à de la moralisation, encore pire la pénalisation : l’alpinisme n’est pas, par définition, une activité raisonnable. Même si on peut essayer d’avoir une pratique le plus possible raisonnée. Mais raisonner n’est pas moraliser : il n’y a pas de faute à exercer sa liberté et à faire ses choix, parce qu’il n’y a pas de règles certaines.