Posté en tant qu’invité par Kuffner:
Je suis évidemment très triste pour ces camarades passionnés qui sont morts dans cette putain de face.
Et puis j’ai lu et relu les différents commentaires médias, locaux, etc.
Parmi ceux-ci, j’en isole deux.
Le communiqué de la FFME et celui du Maire de Chamonix, Eric Fournier.
En principe, ces deux « sources » devraient connaitre leur sujet et sont plutôt légitimes au yeux d’un profane.
Que lit-on ?
- [b]Que les conditions météo étaient parfaites
- Que rien ne laissait présager un tel évènement [/b]
Plus je les lis, plus je m’interroge sur la pertinence et l’intelligence de tels raccourcis.
Les faces du Tacul et du Mont Maudit sont réputées pour être de véritables pièges à plaque à vent après de fort épisodes de vent orientés O/SO.
N’importe quel topo le signale.
Inutile de lister les accidents sur ces deux faces ces 20 dernières années.
La plaquette de l’ANENA sur les avalanches l’été va même jusqu’à reprendre pour « l’illustration », les pentes concernées.
Depuis 10 jours au moins, le vent souffle très fort (plus de 100km/h) en altitude (la lecture des emagrammes le confirme, le bulletin météo de Chamonix suffit…).
La météo a alterné entre des chutes de neige et des pluies verglaçantes, toujours en altitude.
Donc, si on liste quelques indicateurs de risque :
-
météo du jour : beau avec risques d’orages, mais vent violent (plus de 100km/h) —> peut on parler de bonnes conditions et ces deux sources sont elles déjà montées là haut avec 100km de vent ??
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météos des jours antérieurs : éléments précités au-dessus --> bonnes conditions ??
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dangerosité des faces en question : --> prouvée !
- retours de courses multiples en cette saison (OHM, camp to camp, sites étrangers) --> bonnes conditions quand on lit que la trace disparait instantanément avec le vent et les accumulations de neige et que les demi-tours s’enchainent au sommet du Tacul ??
L’ensemble de ces indicateurs me semble plutôt au rouge qu’au vert…
Mais effectivement, si on regarde le ciel, il fait beau.
Bref, aucune analyse un tant soit peu étayée, voire une absence de réalisme de la part de deux acteurs importants de la montagne.
Pour un marin, cela reviendrait à dire qu’on peut toujours naviguer sans risque dès lors que le ciel est bleu.
Mieux encore, dans les derniers titres, on peut lire : « Le Vent est responsable ».
Avec enfin, une ébauche d’explication intéressante dans laquelle on lit que c’est un lieu où se forme habituellement les plaques, justement après de telles conditions évoquées au dessus.
Mais l’accroche, c’est qu’évidemment, c’est la faute au vent, et en aucun cas une imprudence tragique.
C’est tabou de dire qu’une face est dangereuse, que les conditions étaient plutôt dangereuses, mais que l’attrait du sommet entraine bon non nombre de cordées à s’y engager coute que coute ?
C’est tabou de dire qu’un professionnel* qui emmène un client dans ces conditions flirte probablement avec la faute professionnelle au moindre pépin ?
- je fais partie de cette catégorie, précision faite pour éviter toute polémique