Posté en tant qu’invité par Francois:
Mes biens chers frères,
Il me paraît tutile, à l’orée d’une saison de ski s’annonçant prometteuse, pharamineuse et farineuses, vu que les gentianes sont hautes et qu’on voit le clocher de l’église, il me paraît tutile, dis-je, de faire quelques petits commentaires sur la guerre des Gaules, je veux dire sur les chances de survie en avalanche. Les études sur ces chances de survie sont toutes plus zou moins fondées sur la courbe de Brugger, appelée aussi courbe de survie. Cette courbe a été établie par Brugger et Falk et confirmée à plusieurs reprises. Que dit cette courbe ? Très grossièrement, son aspect est celui d’une moitié de courbe de Gauss. On y lit que la probabilité de survie pour une victime totalement ensevelie (i.e. la tête sous la neige) est de 91% au premier quart d’heure, 34% à 35 minutes et 20% à 90 minutes. Ceci appelle quelques remarques :
1/ Généralement, dans la plupart des zarticles, dépliants etc… la courbe de Brugger est présentée sèchement, sans commentaires. Pour que des statistiques soient utilisables, il faut savoir comment elles ont été établies. Sinon, on peut leur faire dire n’importe quoi.
2/ Que pense le clampin lambda en tombant sur cette courbe ? Il pense " Ah ben ! 91% après, un quart d’heure, c’est pas mal ". 91% ce n’est pas 100% et on peut voir l’affaire par l’autre bout de la lorgnette : 9% de chance d’y rester, ce n’est pas négligeable et, pour moi, parfaitement tinacceptable.
3/ Rien ne dit qu’on sera retrouvé dans le premier quart d’heure. " Retrouvé " signifie localisé et dégagé. Des exercices faits par des skieurs entraînés et motivés, encadrants dans un club, montrent qu’il est très facile de perdre du temps : palabres, sonde qui se débobine, manche de pelle qui se clipse mal…et on perd trois ou quatre minutes. D’où l’intérêt d’avoir du matériel solide, performant et en parfait tétat.
4/ Dans les bons livres, on nous indique comment est établie cette courbe de Brugger. On y lit notamment que " la probabilité de survie est de 91% dans le premier quart d’heure, pour les victimes toujours vivantes à l’arrêt de l’avalanche ". Voilà qui met quelques bémols et qui tempère un optimisme béat. En effet, il faut savoir que 25 à 30% des victimes ensevelies sont mortes à l’arrêt de l’avalanches (traumatismes divers etc…). Le fameux 91% devient donc 91%x0.7=63.7%. Toujours pour le premier quart d’heure naturellement. Voilà qui devrait amener à réfléchir…
5/ Il s’agit là des victimes retrouvées vivantes. Certaines décèdent durant leur transport, d’autres quelques jours après, d’autres encore se retrouvent en fauteuil ou en légumes…je ne sais pas si on a des chiffres à ce sujet ?
Bref, globalement, pour une victime ensevelie, les chances de s’évader vers un monde meilleur ou de continuer à trimer dans cette vallée de larmes sont de 50-50.
Conclusion : évitez les zavalanches.
Mes biens chers frères, mon homélie est terminée. Je vous remercie de votre attention et de votre patience.
Portez vous bien et que Dieu vous ait en sa Sainte Garde.
[%sig%]