Censurer l'humour misogyne ?

donner son opinion ou se revendiquer « être dans l’air du temps » ?

Les femmes ont une âme depuis je ne sais plus quel concile et le droit de vote depuis 1947. Elles peuvent même être chef de famille, je crois bien. Elles peuvent avorter, alors que nous on ne peut pas.
Vous voyez bien que ça évolue !
Reste les salaires. Alors là, pas touche. On ne rigole plus. C’est du sérieux. Droit de vote, IVG, l’âme, d’accord. Mais les salaires… faudrait pas exagérer, non plus.

2 Likes

Et donc, on est « dans l’air du temps » jusqu’à quel âge?

Une bonne copine à moi a publié ce dessin sur son facebook, car ça la faisait marrer…

Est-ce misogyne ? Est-ce qu’on peut en rire ?
Est-ce que cela fait sourire que les mecs ? (apparemment pas …)
Quid de l’auto-dérision ?..
Parfois, quand je repense à l’Attentat contre Charlie Hebdo, j’ai des doutes…

Je ne sais pas…

5 Likes

Alors en premier lieu, ce post n’est pas adressé spécifiquement à Martin, je réagis juste à cette phrase de façon plus générale.

Personnellement, je trouve beaucoup plus intéressant le féminisme moderne, intersectionnel, qui découle du féminisme matérialiste, en opposition au féminisme essentialiste (selon lequel il y aurait effectivement des « natures » différenciées selon les genres, et tout ce qui en découle).
Les réflexions sur les constructions sociales, systémiques et historiques collent (je trouve) beaucoup plus à la réalité des faits observables, en plus d’offrir plus d’outils pour tenter de déconstruire et de modifier, le temps faisant, les choses particulièrement problématiques.

Pour rester sur la thématique du sexisme en particulier, on vit dans un monde où l’immense majorité des référentiels et des modèles dominants sont masculins. Pour le coup, des études là-dessus, y’en a un tas. Les choses ont lentement évolué, bien sûr, et la situation est moins pire aujourd’hui qu’elle ne l’était auparavant, parce que les consciences, les pratiques ont évolué et les nouvelles générations ont intégré d’autres réflexes de pensée, grâce au travail fait sur de nombreuses années.
Un travail qui a notamment été porté par le « féminisme moderne », radical, militant. Comme dans un certain nombre de domaines, la radicalité des marges contribue à faire évoluer les idées dans le temps. Et ici, la « radicalité », c’est simplement, comme le dit une phrase-slogan que je trouve adaptée à la situation, « Feminism is the radical notion that women are people » (Marie Shear, 1986). Toute le problème social est contenu dans cette phrase grâce à sa provocation qui n’en est pas vraiment une. Si tu considères le rapport de genres hommes/femmes (pour rester dans un schéma binaire) comme un rapport de classe, par exemple, alors ça ouvre des réflexions sur l’état des choses. Et l’état des choses, c’est que même si les conditions se sont améliorées, on n’a pas (collectivement) atteint l’endroit où ces luttes ne seraient idéalement plus nécessaires. Là encore, y’a pas mal d’études sur le sujet, les femmes restent encore une « classe » infériorisée (pas inférieure) économiquement et socialement.

Du coup, l’humour, et ben ça intègre ces rapports là aussi. A mon avis, on peut effectivement rire d’à peu près tout, si on est dans des rapports de confiance certains avec la personne d’en face, et encore, pas tout le temps. Et sur un site de montagne publiquement fréquenté par des milliers de personne, ce n’est certainement pas le cas.
L’humour ne doit pas faire oublier la sensibilité, et si on parle d’humour potentiellement blessant, alors se pose la question : qui veut-on blesser et pourquoi. Et personnellement, je n’ai absolument rien contre le fait d’offenser certaines catégories de personnes à travers de l’humour. Mais cette catégorie de personne, ce ne sera clairement pas les femmes ou autre groupe social en prenant déjà assez dans la gueule au quotidien. On ne rit pas de la même façon des exploiteurs et des exploité-e-s, des dominants et des « dominé-e-s », tout simplement parce que qu’on le veuille ou non, les implications ne sont pas les mêmes.
Ensuite l’autodérision sur la base de l’appartenance à un groupe social, c’est encore un autre sujet, et y’a de toute façon pas de réponse exacte. Mais c’est bien d’avoir la sensibilité de se poser la question.

L’accumulation de clichés crée la tendance, malheureusement. Et même si on veut que l’humour soit léger (c’est son but, faire rire, alléger la vie), ce n’est souvent pas le cas pour tout le monde. Alors je me dis plutôt : de qui veut-on rire et pourquoi ?

(Edit orthographique)

11 Likes

Bel exemple d’humour (non sexiste!) :joy:

Cela s’appelle l’humour noir, Coluche, Desproges et bien d’autres ont excellé dans ce genre d’humour. Un des plus beaux à mon sens avec l’auto-dérision. Je les trouve tous les deux très beaux car le rire vient adoucir le pire.
Quant à l’humour qui cingle, l’humour intentionnellement méchant dont tu parles, il n’est pas fait pour faire rire ou sourire son interlocuteur mais plutôt pour lui faire grincer les dents. C’est un détournement de l’humour en quelque sorte car l’humour appelle l’humour. Il se communique.
Il n’y a pas non plus d’humour sans impertinence. Et ça commence tôt l’impertinence. Le bambin de 3 ans qui se marre avec des mots comme " caca, pipi""

1 Like

Tu penses à un altimètre féminin particulier ?. :wink:

Tu voulais parler de Blanche Gardin, excellente en effet sur les blagues sexistes.

2 Likes

Oui bien sur la grande Blanche, un prénom de sommet de montagne, on ne peut que l’adorer !
Désolé pour les fautes de clavier, c’est lorsque ma femme me gueule dans les oreilles « qu’est ce tu fout encore sur ton ordi »
ça me perturbe et je fais des fautes
Bon, j’arrête là, promis …

2 Likes

On appelle ça l’ironie.

Merci Maître !
Fais gaffe, l’ironie est elle aussi contagieuse :wink:

C’est une sage décision, tu finis en beauté

Une blague sexiste. En espérant ne froisser personne. Non, en fait je m’en fiche …
295696946_571033661126272_7594370254675698880_n
(Vous l’avez la vision du gars qui ricanne bêtement après avoir vu la tête dégoûtée de son pote ?)

2 Likes

Oui je sais bien. D’où ma question « qui et pourquoi ». Et merci, je connais mes classiques et les apprécie d’ailleurs. :slight_smile:
Mais 1. C’est désormais un poil daté et 2. Les humoristes de profession, il me semble que c’est un cas un peu spécifique par rapport à l’humour au quotidien (qui n’appelle pas toujours l’humour, mais aussi parfois simplement la cruauté : il y a une différence s’il dénonce une situation en la nommant ou s’il enfonce les gens qu’il prend pour cible).

2 Likes

Ah … Desproges, Coluche… la belle époque, on pouvait sainement rire de tout dans le respect, sans aucun sexisme ni machisme !

1 Like

Les Badinter (78 et 94 ans), Edgar Morin (101), quand ils parlent, te semblent d’un autre temps ? Et tu as déjà entendu des entretiens avec Claude Lévi-Strauss, sur la fin de sa vie (mort à 101 ans) ? Leur vision du monde est (et était), me semble-t-il, très actuelle. Mais tu entends peut-être l’air du temps comme « être à la mode » ? Et dans ce cas, en effet, ils ne sont pas dans l’air du temps ; mais la mode passera, et leur pensée restera.

6 Likes

Ah tu vois !

Je ne trouve pas tant.
Prends l’humour noir de Coluche, de qui parle-t-il ?
Des moches, des bègues, des pauvres, des alcoolos, des malades… L’humain a peu changé. C’est l’histoire d’un mec, tu la connais, non parce que des fois y a des mecs, des mecs quoi

Votre débat m’interpelle, j’aurais bien envie de pouvoir comprendre pourquoi je trouverais chouette de pouvoir faire de l’humour sur tout plein de sujets du moment que c’est fait joliment (drôlement, même ?!)

Je réalise grâce à ta question que le sujet même du post prête à confusion : sexisme et misogynie ne sont pas exactement du même acabit, nan ?
Selon le dico, le premier « discrimine » quand le second « hait ou méprise » : ça change la donne, hin ?!!!

Peut-être que de là va découler la finesse de ce qui sera drôle, ou de ce qui sera lourd ?..
Celui qui distinguera les sexes sans en mépriser un pourra exprimer des préjugés ou lieux-communs, et nous entendrons en sous-entendu que c’est fait pour faire sourire ? (la fameuse « intention » à distinguer des « faits », qui sera le « ton » de la blague ?)

ça par exemple, c’est une super bonne blague.
Parce qu’elle a réussi à te faire croire que le dévers tenait au tour de biceps alors qu’elle a juste la flemme.
D’une pierre deux coups : tu te sens valorisé, et elle se la coule douce.
Joli coup, tu la féliciteras pour moi.
(j’me permets parce que c’est toi, et donc que tu lis l’intention amicale dans les propos moqueurs).

Raconte, on peut se moquer des handicapés ?
Parce que sinon va falloir me bannir, j’ai largement explosé mon quota.
Déjà que j’suis pas tendre avec les nanas… Y a d’la censure dans l’air.

Merci !!!

2 Likes

Non, je ne vois pas. J’ai laissé tomber mes lunettes dans la Loire.

1 Like

L’humour et la moquerie, est-ce la même chose ? :wink:
Il me semble par exemple avoir déjà qualifié une de tes récentes perfs d’avoir été réalisée littéralement d’une main de maître. Humour il y a, mais en aucun cas moquerie de ma part.
Ensuite, l’autodérision, c’est autre chose. Perso, il ne me viendrait pas à l’esprit de me moquer des handicapés. Sauf cas spécifiques avec des gens avec qui les choses sont très au clair.
Après, ce ne sont que des réflexions sur ce que moi j’en pense, y’a aucune injonction dans ce que je dis, tout bêtement parce qu’à aucun moment je ne prétend avoir la moindre réponse.

Mais je trouve que ça vaut la peine de se poser des questions, compliquées, intéressantes, sans réponse définitive. On n’est pas dans de la science dure. Mais ces questionnements nous font évoluer, donc pourquoi pas :slight_smile:

1 Like

Vas-y tu t’es foutu de ma gueule et t’as même pas été censuré ?
Franchement, y a du laisser-aller.

Sinon, la version sérieuse : je découvre (grâce au dico, encore) que la moquerie n’est pas si « maltraitante », dans la mesure où il s’agirait juste de « s’amuser de quelqu’un ou quelque chose ». Tu t’amuses, nous nous amusons que je n’ai qu’une main, mais pas des moindres ! Oui, amusons-nous en, je le revendique…
Les choses qui prêteraient trop à pleurer si l’on s’y attardait, je préfère qu’elles nous fassent marrer dès que l’opportunité se présente. Pour compenser un peu, quoi.
Comme dirait une grande sage, « le rire vient adoucir le pire. » (je la garde :wink: )

Suis tombée là-dessus. En mode vrac de comptoir, j’aime bien cette notion : « Rire, c’est rire avec. Se moquer de, c’est rire contre ».

4 Likes