Posté en tant qu’invité par Popol:
Ceci me rappelle une petite anecdote concernant le caf d’Annecy.
Nous sommes au mois d’août 1997 au refuge du Couvercle.
J’avais organisé une sortie d’alpinisme dont le but était l’ascension de l’aiguille du Moine par la voie normale. Nous étions cinq du caf *****.
La voie normale du Moine dans le massif du Mont-Blanc est une course de rocher peu difficile (II) idéale pour l’initiation quoique parfois surfréquentée. Elle se parcourt à corde tendue sur un itinéraire zigzaguant dans des blocs au plus facile. Il n’y a pas besoin de matériel particulier pour l’assurage en rocher, passer la corde dérrière des bécquets est suffisant dans ce type de course.
Le soir nous apprenons que le groupe qui mange à notre table, une dizaine de personnes du caf d’Annecy, envisage la même course que nous pour le lendemain.
Leur chef de course se la joue comme se n’est pas permis à l’égard du groupe et plus particulièrement des participantes. Et de raconter les difficultés à trouver l’itinéraire pas évident , mais lui, il connait, et les obstacles à gravir au dessus du vide, mais lui il sait grimper et a une grande expérience de la montagne. Et d’expliquer la pose des assurages, sangles, bicoins et friends…
Comme s’il en était besoin dans cette course.
Sous les yeux ébahis de jeunes et belles grimpeuses débutantes.
Ca fait bien longtemps que je n’avais pas rencontré un tel fanfaron en refuge.
Le lendemain matin le temps est magnifique et lorsque le jour se lève nous sommes sur le petit glacier à la base du sommet que nous convoitons.
Nous passons la rimaye et prenons pied sur les rochers dans un large couloir haut de 300 mètres environ. D’après le topo lu la veille, il nous faut emprunter une cheminée tout de suite à droite. Mais nous avons déjà dépassé ladite cheminée et nous montons encore dans l’espoir le la trouver un peu plus haut. C’est ainsi que nous gravissons ce couloir jusqu’en haut et toujours pas de cheminée. L’escalade étant facile malgré un rocher peu solide, nous ne nous inquiétons pas. Nous quittons le couloir par une vire sur la droite et nous arrêtons pour boire un coup.
Le groupe du caf d’Annecy qui nous avait emboîté le pas nous rejoint.
Leur chef de course en profite pour me réprimander de n’avoir point suivi la voie normale et d’avoir emprunté ce couloir au rocher délité.
Je lui réponds qu’il n’était pas obligé de me suivre !!!
Il grommelle dans sa barbe et nous double avec toute sa clique.
Nous repartons et nous dirigeons vers l’arête sud-est afin de ne pas déranger notre groupe du caf d’Annecy qui a rejoint la voie normale à notre gauche.
Cette arête nous conduit au sommet au prix d’une jolie escalade avec quelques pas de III et IV et quelques gendarmes à traverser et à contourner.
Une longue pause au sommet nous permet d’admirer le paysage dont la beauté m’émeut toujours autant.
Puis c’est la descente. Nous dévalons rapidement les blocs au plus facile, le rocher usé par les traces de crampons nous montre que nous sommes bien sur la voie normale. Cependant nous sommes étonnés de ne pas rencontrer notre groupe du caf d’Annecy. Bientôt nous arrivons en bas de la montagne. Nous désescaladons la cheminée que nous avions cherchée en vain ce matin. Un petit rappel pour passer la rimaye et nous regagnons le refuge.
C’est là qu’on apprend l’incident arrivé ce jour même à un membre du groupe du caf d’Annecy. Après une première erreur d’itinéraire le groupe avait rejoint l’itinéraire normal du Moine mais s’en était rapidement éloigné pour s’attaquer à l’arête sud-est.
Un des premiers de cordée avait alors fait une petite chute en gravissant un des gendarmes de l’arête. Il ne s’en était tiré qu’avec quelques écorchures et contusions, mais le groupe avait alors décidé de redescendre sans demander son reste.
Sans commentaire.