Bulletin avalanche du 27

Posté en tant qu’invité par Ivan:

pour la suisse… (www.slf.ch)
Ils disent
" Les endroits presentant le plus grand risque d’avalanche sont les zones ou le fondement de neige ancienne a fait l’objet d’une
metamorphose constructive. "
-métamorphose constructive, c’est quand il y a un fort gradient, soit quand il y a une couverture neigeuse fine oubien qu’il fait très froid.
Donc les pentes dangereuses sont ~: en haute altitude ou dans les zones protégées du soleil.
Or j’ai l’impression que les couches instables actuelles sont les pentes ou il y a eu de la neige en septembre qui n’a pas fondue. (Les grains font roulement à bille). Et dans ce cas là, la métamorphose n’a pas été constructive mais destructive. (Le gradient est faible et il fait chaud)
J’ai vu une plaque à vent du style (exposée N, 2200m) ce samedi, (déclenchement à distance).
Et vous, vous en dites quoi?
Si c’est la métamorphose constructive qui prévaut, c’est quoi les indices dans l’environnement qui vont vous faire éviter certaines pentes?

Posté en tant qu’invité par philippe:

Peut être formation de givre de surface sur la vieille neige qui n’a pas fondu dans les versants N? (effet Nigg de Werner Munter?)
philippe

Posté en tant qu’invité par Ivan:

C’est bien possible.
Mais dans ce cas j’ai pas vu le givre et ça me tape sur le système. Comment j’aurai pu remarquer qu’il y avait du givre? Les cristaux sont éclatés par la couche de neige, et la couche devait être mini si c’est cette alternative.

Posté en tant qu’invité par catherine:

… les termes « métamorphose constructive » et « métamorphose destructive » sont abandonnés ici en france, car générateurs d’idées fausses sur une éventuelle stabilité du manteau neigeux, ça me fait à chaque fois bizarre de les relire …

<<… Si c’est la métamorphose constructive qui prévaut …>>
eh bien sur une plaque à vent bien dense constituée de grains fins bien soudés, le problème restera la plaque (avec risque de déclanchement à distance, etc …) et peut empirer avec l’évolution de la neige au niveau des ancrages, donc augmentation du risque accidentel, éventuellement risque de départ naturel.
Donc en présence de « métamorphose constructive » (création de faces planes voire gobelets) le risque n’est pas uniquement dans la neige « poudreuse ».
La présence de plaques peut parfois se deviner (présence éventuelle de corniche, repérage des accumulations, étude du relief en fonction des épisodes de vent …) malheureusement pas toujours (cf. les nombreux accidents). Les indications d’épisodes de vents fournies par les bulletins météo sont à suivre de près, mais il faut avoir à l’esprit que parfois le vent peut varier localement et créer des plaques à des endroits inattendus.

Il y a eu un article de A.Duclos dans « neige-avalances » au sujet de la recherche de strates fragiles dans la couche de cisaillement d’avalanches de plaques (strates pas toujours présentes), je vais regarder ça ce soir, je te dirai.
catherine.

Posté en tant qu’invité par Bill:

Explication de texte : La phrase que tu cite du bulletin de Davos se traduit ainsi : « Les endroits les plus dangereux sont les zones où l’on trouve une sous-couche de neige sans cohésion (grains à faces planes et/ou gobelets ».

En effet, comme l’indique Catherine, la métamorphose constuctive (terme abandonné en France) est la métamorphose de fort gradient qui « construit » des faces planes de plus en plus grosses puis des gobelets (alors que la cohésion se détruit).

C’est donc bien ton sentiment : Les endroits dangereux sont les pentes où il y a de la neige de septembre (je rajoute aussi le peu qui est tombé en octobre) qui n’a pas fondue. En effet dans ces pentes, les longues périodes de beau temps de l’automne 2001 on permis la transformation de cette neige en faces planes/gobelet. Maintenant qu’il a neigé par dessus cette neige sans cohésion, la neige récente est très instable (Il a plus neigé sur la Suisse que sur la France).

Il est donc normal d’avoir vu un départ de plaque en versant nord. Par contre, il ne s’agit pas nécessairement de ce j’appelle une plaque à vent : La forte instabilité qui a permis le déclenchement à distance est probablement dû à la sous-couche et non à l’action du vent (toutes les plaques ne sont pas des plaques à vent).

Posté en tant qu’invité par philippe:

Pourquoi mini? Il y a eu une haute pression pendant presqu’un mois sur les Alpes , non? (j’ötais pas la en octobre, mais c’est ce qu’on m’a dit). De qoui former un beau givre de surface?
philippe

Posté en tant qu’invité par catherine:

Yvan parle de plaque à vent en versant Nord : si ça se trouve, c’en était une gâteau : plaque à vent (grains fins etc …) sur des gobelets !
Pour ce qui est des plaques friables, ce n’est pas du tout dû au vent, effectivement, c’est peut-être comme le fait remarquer Bill, ce qu’a eu Yvan.
La neige fraîche présente une certaine cohésion (feutrage) puis par faible gradiant perd d’abord un peu de sa cohésion (particules reconnaissables) pour en retrouver avec l’apparition de grains fins. Si une telle couche repose sur une couche sans cohésion (gobelets, faces planes, givre de surface, neige roulée) alors on a une plaque friable (avec entre autre la caractéristique de déclanchement à distance, fractures linéaires) alors qu’on a l’impression de skier dans de la super poudre. Lors du déclanchement, on voit le manteau neigeux se transformer « en peau de crapaud ». On le voit très bien sur la cassette du film réalisé par le caf et l’anena.
Il peut y avoir une plaque friable sur de la poudreuse, j’ai déjà vu ça, mais impossible de distinguer les cristaux à l’interface, ils se mélangeaient trop aux 2 strates de poudreuse; à la coupe, on avait l’impression qu’il n’y avait qu’une seule strate, mais on différenciait très bien les 2 couches au test de la pelle : la 1/2 supérieure partait seule !
En fait, cette fois-là, il avait dû reneiger sur du givre de surface.
Normalement, d’après ce qui est dit dans la doc, la dangerosité de ces strates fragiles disparait lorsqu’il y a une bonne couche de neige fraîche par dessus car les contraintes exercées par le skieur se diffusent dans le manteau neigeux et sont alors minimes au niveau de ces couches fragiles.
… au vu de certains films d’accidents, où les skieurs/surfeurs en avaient plus qu’aux genoux avant que ça ne déclanche … il doit en falloir une bonne couche pour étouffer le danger et pas le skieur …
catherine.

Posté en tant qu’invité par Ivan:

Vu la fracture qui passait de 40 cm tout à gauche jusqu’à 10 cm tout à droite, c’était une plaque à vent dans ce cas précis.
Pour l’anticyclone, je me suis dit que la neige avait fondu sous les chaleurs du mois d’octobre (2000m d’altitude). Mais c’est vrai que dans une deuxième phase ça s’était refroidit.
par contre, je n’ai pas de couhe très tendre dessous la plaque si ce n’est la vieille neige. Comment faites-vous sur le terrain pour déterminer s’il y a une couche de gobelet. Les cristaux sont écrasés par la neige au-dessus maintenant et ils ne ressemblent à plus rien.

Posté en tant qu’invité par julien:

non les gobelets ca ne s’ecrasent pas! on retrouve des gobelets intacts a 3m de profondeur!

Posté en tant qu’invité par philippe:

Parce qu’ils se sont formés là ou parce qu’ils résistent à l’écrasement des trois mètres susjacents?
philippe

Posté en tant qu’invité par catherine:

d’après ce que j’en sais, les gobelets sont des structures en glace très solides, donc ça doit résister pas mal à l’écrasement.
d’autre part, ils ne se forment qu’en présence de fort gradient, ce qui ne peut se produire en général que près de la surface, ou peu profond dans le manteau neigeux (à moins qu’il n’y ait un courant d’air ?). Donc, des gobelets à 3m ont dû être formés à moins de 3m, et être recouverts ensuite par toute cette neige …
… il est où Bill ? il doit avoir plein d’infos là-dessus …
catherine.

Posté en tant qu’invité par philippe:

Je « pense » aussi que les gobelets résistent bien à l’écrasement. Par contre il me semble, d’après mes lectures actuelles, que ces satananés goblets peuvent se former à n’importe quel interface, quel que soit sa profondeur, du moment que le gradient est suffisant (p.ex. une importante couche de neige froide au-dessus d’une chaude au milieu du manteau neigeux?). Si les gobelets ne se formaient qu’en surface, ou à proximité immédiate, il ne devrait pas poser trop de problèmes quant à l’estimation du risque, vu qu’ils auraient été visibles un certain temps…
Au secours Bill!
philippe

Posté en tant qu’invité par julien:

si je me trompe pas, les goblelets ont une structure pyramidale et sont tres resitsant à l’ecrasement…pas de cohésion = pas compactable.

Posté en tant qu’invité par Bill:

Coucou, c’est Bill.

1 - Vu la fracture que tu décris, le vent a dû souffler. Mais ce que je voulais dire, c’est que l’instabilité de la plaque n’est probablement pas due au vent (Pour moi, la définition de la plaque à vent, c’est de la neige ventée reposant sur de la neige fraîche non ventée; une définition qui se discute) mais à la sous-couche constituée probablement de « vieille » neige en faces planes ou gobelets.

2 - Au mois d’octobre, il a fait très chaud mais au delà de 2000 m en versant Nord, comme il faisait beau, la neige n’a pas fondu malgré les températures positives de l’air vu que la neige était à l’ombre; elle était donc beaucoup plus froide que l’air (Neige à l’ombre par ciel clair : 10 à 15 degrés de moins en surface de la neige que dans l’air). Les périodes de beau temps, même s’il fait doux en automne et hiver forment faces planes voire gobelets en moyenne montagne(sauf en sud).

3 - Les gobelets se forment toujours en surface : En général au niveau du sol en début de saison quand il y a peu de neige. Parfois aussi au-dessus d’un manteau neigeux épais s’il y a une bonne couche de neige humide en-dessous.

4 - Pour l’estimation du risque, le nivologues savent s’il y a des gobelets, même quand il sont enfouis, grâce aux sondages du manteau neigeux. L’estimation du risque n’est pour autant pas toujours facile : Si les gobelets ne sont pas généralisés (Notamment à cause du vent), si la couche est très mince ou bien s’ils sont enfouis sous environ 1 m de neige (Sous 50 cm ça craint, sous 2 m ça craint plus ou presque, sous 1 m ça craint moyennement).

5 - Sous plusieurs mètres de neige, les gobelets résistent en effet comme les autres grains, à l’exception de la neige fraîche. Il est vrai que je ne m’étais jamais posé la question. Un gobelet, c’est avant tout de la glace (c’est solide la glace), comme les autres grains. Certe la pyramide creuse doit être un peu fragile, d’où peut-être les fameux « woom » lorsque la couche se tasse brusquement au passage d’un randonneur (la couche s’écrase un peu), mais le reste du grain résiste.
En cas de gobelets au sol (le cas le plus fréquent), si le sol n’est pas lisse, les gobelets ne se trouvent souvent pas sur les bosses, rochers, etc. Une couche de 3 m de neige a une cohésion qui lui confère une certaine rigidité (si on creuse dessous, ça ne s’effondre pas) qui lui permet de ne pas reposer complètement sur la couche de gobelets.

Ouf!

Posté en tant qu’invité par Anne:

J’ai lu avec intérêt vos échanges de spécialistes sur les plaques et autres phénomènes nivologiques …
J’ai une question : quand de la neige fraiche tombe sur une sous-couche « béton » (état de la neige aujourd’hui un peu partout, au moins jusqu’à 3000 m et sans doute au-delà)ça donne quoi ? Des plaques de partout ?? (car on se demande quelle cohésion il peut y avoir sur cette glace, qui ne risque pas de fondre une fois enfouie sous un épais manteau neigeux ()).
(
) qui se fait attendre certes !

Anne

Posté en tant qu’invité par Bill:

Une sous-couche béton type croûte de regel n’offre en général pas un très bon plan de glissement pour de la neige fraîche, du moins n’est pas très favorable aux départs de plaques. La raison en est peut-être qu’elle n’est pas aussi lisse qu’une plaque d’eau regelée. Pourtant sur le parcours d’une avalanche, on trouve souvent cette surface. La raison en est simple : c’est la seule couche qui a pu résister au mouvement, une fois l’avalanche déclenchée.

Posté en tant qu’invité par catherine:

il me semble quand même que si de la neige fraîche tombe par temps très froid sur du béton, il y aura dans un 1er temps une très mauvaise cohésion de cette neige fraîche sur la couche béton, d’où risque de départs spontanés.
c’est ce qui est arrivé à une copine il y a 3 ou 4 ans dans le couloir nord du colon, et elle a été emportée par une belle coulée car le couloir a fait collecteur. Pourtant, il n’y avait que 5 cm de neige fraîche.

Posté en tant qu’invité par philippe:

Et une jolie couche de verglas qui brille au soleil? Question cohésion, ca doit pas etre topphilippe

Posté en tant qu’invité par Bill:

Le problème est de savoir si la sous-couche béton est cause de l’avalanche ou non. C’est pour ça que j’ai mis « en général » : j’ai des doutes dans certains cas. Dans celui que tu cite, s’agissant d’une avalanche spontanée, n’y a-t-il pas eu départ dans une accumulation par le vent bien plus haut que ta copine, sous la crête? La croûte ne serait peut-être alors pas en cause (départ spontanée d’une plaque à vent surchargée par le transport de neige par le vent).

Posté en tant qu’invité par Bill:

La couche elle même a une bonne cohésion, le problème est de savoir l’adhérence des chutes de neige à venir. Si la neige est précédée de pluie ou de neige humide, ça peut bien « coller ». Sinon, faut voir. Je pense que tu es désigné volontaire pour aller étudier ce problème de près. On peut dire quand même que dans la plupart des départ des plaques, il y a une couche « fragile » en cause, qu’il y ait croûte ou non.

En tous cas, à Chamonix, du verglas point n’y en a… La fort foehn a tout nettoyé!