Deux souvenirs marrants en ce qui me concerne :
- un bivouac en septembre au lac de la Croix dans Belledonne avec un pote et sa fille, eux dans leur tente, moi sous mon tarp.
Pas énormément d’emplacements autour du lac, je déniche une superbe cuvette herbeuse d’une taille pile-poil pour accueillir matelas et tarp. Nuit annoncée belle par les prévisions météo., je m’installe donc sans souci dans mon cercueil.
Orage vers trois heures du matin, une impression bizarre entre rêve éveillé et mal de mer obsessionnel qui finit par me réveiller complétement. Les trois quart du matelas depuis les pieds jusqu’à la poitrine flottent dans quinze à vingt centimètres de flotte.
J’ai passé le reste de la nuit -après avoir remonté le camp plus loin- à faire tourner le réchaud pour réchauffer l’air intérieur et tenter de sécher sac de couchage (plumes), fringues et matelas.
Au matin, le pote s’est gentiment foutu de ma g… en disant qu’il avait vu pas mal d’éclairs en deuxième moitié de nuit alors qu’il n’y avait plus de pluie ni de tonnerre depuis un moment déjà….c’était moi qui brassais en vain, frontale sur la tête.
- au mois de juin de cette année lors de ma traversée Pays Basque - Alpes à vélo par les Pyrénées et le sud du massif Central.
Sur la carte, je repère en fin de journée dans l’Aveyron une cabane forestière en pleine forêt, dans une clairière et avec une source, et accessible par une piste de un ou deux kilomètres depuis la route. J’arrive sur place, une vielle maison aux volets fermés et une grange/débarras à côté. Je vais à la source qui coule à peine, me dépoile et prends ma douche. Savonné des pieds à la tête, j’entends craquer assez fort une branche à une dizaine de mètres derrière moi; pas une petite cassure de branche tombant au sol mais un bon gros craquement, causé au hasard par une personne ou bestiole de poids posant franchement le pied. Je me retourne aussitôt, ne vois rien de particulier ni personne mais entends une sorte de vague grognement répété à travers les arbres…
Je ne m’inquiète pas plus que ça, finis la toilette, retourne à la clairière, monte le camp et mange.
Vers 22h30-23h, je me couche dans les bruits de la nuit qui arrive (aboiements de chevreuils, chouettes etc…). Une minute après m’être glissé dans mon duvet j’entends un grand bruit métallique qui vient de la grange à dix mètres de ma tente.
En allant à la source, j’étais passé devant les portes coulissantes entrouvertes de ce bâtiment mais sans m’approcher plus tellement tout était noir à l’intérieur.
Là, toujours avec le craquement de la douche en tête qui prend d’un coup une toute autre ampleur, j’essuie un monstrueux coup de flip irrépressible (homme des bois, images du film « Délivrance » ou « Massacre à la tronçonneuse » qui surgissent…).
En l’espace d’une dizaine de minutes, frontale vissée sur le front, un coup d’œil toutes les dix secondes en direction de la grange, je plie le camp et mets en vrac tout le matériel éparpillé un peu partout dans les sacoches; et je me tape la piste en sens inverse, en me retournant aussi toutes les dix secondes, puis quinze kilomètres de route heureusement déserte jusqu’au prochain village où je dormirais dans un camping apparemment désaffecté.
J’ai supposé en suivant que le gros bruit métallique venait du toit en tôle de la grange qui refroidissait avec la nuit, mais de toute façon en restant sur place je n’aurais jamais pu fermer l’œil de la nuit, alors dans le doute…