Hello,
Je cherchais des témoignages correspondant à mon cas (arthrose cheville supportable pour l’instant et pas de traitement médical particulier depuis plusieurs années), et étant tombée sur vos témoignages j’en profite pour partager le mien, qui est un peu long, accrochez-vous, et qui se trouve dans les commentaires d’un autre sujet (fracture de l’astragale, et après), si cela peut servir. Je n’ai pas pu mettre le lien donc je copie-colle tout ici.
J’ai 34 ans et une arthrose de la cheville (talus/calca) diagnostiquée il y a 5 ans.
octobre 2017 : accident de bloc, je saute sans bien amortir d’une hauteur un peu excessive. je ne peux pas poser le pied et me procure des béquilles.
aux urgences on me dit que c’est une concussion qui sera rétablie sous une semaine.
ne pouvant toujours pas me passer des béquilles, je vais voir un médecin du sport qui me diagnostique une entorse et de la rééducation.
ayant toujours des douleurs vives après un mois et demi de rééducation, j’obtiens une IRM révélant une fracture du talus. trop tard pour immobiliser.
suite à ce diagnostic je reprends progressivement la marche sans béquilles, puis sur de plus longues distances, puis en randonnée itinérante, pendant toute l’année 2018. J’ai des raideurs lorsque ma cheville se « refroidit » et ai mal à la course. je consulte un ostéopathe qui se focalise sur une raideur musculaire.
en janvier 2019 , je fais une nouvelle IRM qui révèle une arthrose post traumatique entre le talus et le calcanéum. « qu’est-ce que vous faites avec ce gros sac à dos ? Il ne faut plus porter de poids maintenant ! »
à partir de là, il y a quelques traitements possibles mais surtout une adaptation de mon mode de vie pour essayer au maximum d’éviter l’arthrodèse (fusion des deux os autour de l’articulation endommagée), qui est inévitable lorsque la marche n’est plus possible, mais réduit la mobilité et endommage les articulations alentours.
j’ai donc subi une injection de cortisone faite pour supprimer l’inflammation (très efficace à la première injection mais destructeur et moins efficace si fait à répétition) puis de PRP (plaquettes riches en plasma), dont l’effet n’est pas encore 100% prouvé, sensée « lubrifier » l’articulation sur une durée allant jusqu’à deux ans et demi.
je me suis ensuite fait fabriquer des semelles chez une podologue, permettant de stabiliser le talon pour le faire travailler moins en latéral, d’orienter l’effort de marche vers l’avant du pied pour réduire les chocs, de soutenir un peu la voûte plantaire et de mettre un peu plus d’espace à l’extérieur du pied à l’endroit toujours douloureux où la fracture s’est produite.
et j’ai commencé à prendre des gélules non remboursées car effet non prouvé, mélangeant curcuma (anti inflammatoire) et chondroïtine (alimentant le cartilage). Que j’ai arrêté un ou deux ans plus tard, sans constater de différence.
ça c’est pour la partie médicale.
Côté mode de vie :
j’ai remplacé toutes mes chaussures et chaussons d’escalade serrés par des chaussures assez larges pour ne compresser mon pied à aucun endroit. J’ai constaté que la compression du pied avait un impact direct sur l’état de ma cheville.
j’ai changé de chaussures de marche, on m’en préconisait des très rigides, mais les plus adaptées se sont révélées des chaussures à tige haute mais permettant de bien désolidariser l’avant et l’arrière du pied avec une semelle assez souple, afin d’éviter d’embarquer et faire travailler le talon au moindre caillou sous l’avant du pied.
j’ai repris progressivement l’escalade, et ai eu la joie de dépasser mon niveau pré-accident. Je me débrouille pour avoir de bons assureurs pour amortir les chutes en tête et ne faire aucune voie exposée nécessitant d’amortir un choc avec le pied.
je fais de plus en plus de vélo (de route). ça m’a remusclée en douceur, et ça favorise la récupération : après une activité qui crée des douleurs, mieux vaut une sortie vélo qu’une journée sans bouger.
je pratique la randonnée de façon modérée (3h à 2j grand maximum, de temps en temps) en faisant porter le poids à mon/mes partenaires de sortie. le poids dans le sac à dos est un des pire facteurs d’inflammation : j’aurai plus mal en 1h de marche avec 10kgs que 6h en ne portant rien ou quasi rien (eau, déjeuner, petit matériel, 5kgs grand max)
j’ai bizarrement pu pratiquer l’acroyoga sans trop de problème (porter des personnes sur mes bras et pieds, même avec torsions et pas mal de poids, n’a pas semblé poser problème)
le ski c’est aussi avec modération (1j max ou 2j très tranquille e neige douce et petit déniv) car ça ne fait pas du bien non plus
et pareil pour la danse, en adoptant au fil du temps des stratégies et une proprioception pour solliciter le moins possible cette cheville
j’ai arrêté le roller, la course, et tous les sports nécessitant de courir.
la nage était douloureuse au début mais me fait du bien maintenant.
j’avais déjà une alimentation assez saine, mais de manière générale j’ai fait en sorte de réduire ou supprimer produits animaux (notamment concentrés en lactose), sucre, fortes concentrations de gluten, alcool et café, et de manger des légumes et des oméga 3 (huiles d’olive, de colza non cuite, toutes les noix/amandes/graines). Je dis réduire car au final je suis encore assez accro au sucre et au café ! Et il faut éviter les traitements trop punitifs, y aller en douceur. Aujourd’hui je sais vraiment beaucoup mieux cuisiner qu’à l’époque et je me régale.
je me suis créé une routine permettant de bien travailler la souplesse du pied et du reste du corps
en cas de douleurs, je fais un cataplasme d’argile ou utilise une botte de compression réfrigérante, et m’assure de bouger doucement (vélo) le lendemain).
je vais rarement voir l’ostéo pour vérifier qu’il n’y a pas de raideurs dues à une trop forte compensation de l’autre jambe
Côté mental : j’ai commencé par prendre un gros coup de vieux, et étant mordue de sport, comme probablement tous les participants de ce forum, avec une dose de fierté (au départ, hors de question de me faire porter mes affaires, plutôt renoncer…), j’ai d’abord dû faire le deuil de pratiques sportives qui constituaient une grande partie de mon identité.
J’ai aussi dû changer de programme car j’avais l’habitude de me faire mal et de demander au médecin ce qui était autorisé, à partir de quand, comment. Là on m’a dit que je devrais décider seule en écoutant mes sensations et en décidant du seuil de douleur indiquant si j’avais « dépassé les bornes » ou pas. Sachant que je ressens en général peu de douleurs par rapport au bilan clinique, il m’a fallu apprendre à écouter les « signaux faibles » de mon corps.
Et puis j’ai fini par m’habituer, par oublier un peu, par apprendre à demander de l’aide ou communiquer sur mes limites plus facilement, et j’ai le plaisir de constater que ça va de mieux en mieux, année après année.
En synthèse : des injections et semelles m’ont permis de repartir avec davantage de mobilité, et l’adaptation de mes chaussures, et des activités avec du sport doux pour la cheville, des étirements ainsi qu’une bonne hygiène de vie me permettent pour l’instant de réduire les douleurs et de retrouver des capacités supplémentaires d’année en année. Pourvu que cela continue !
Bon courage à tous les pieds cassés !