Analyses de "presqu'accidents"?

Posté en tant qu’invité par Bis47:

Bonjour,

Oui, j’avais déjà lu auparavant un article au moins de OPMA.

Je viens de relire presque tout. Que Dieu nous préserve du jargon des psychologues et des abstractions des philosophes ! ;=)

Chacun a sa propre perception de la prise (ou de l’acceptation) du risque. Il y a des objectifs certainement, qui en valent bien « le risque ».

Personnellement, ce qui me dérange, c’est quand les risques naturels sont aggravés par une mauvaise information, ou une mauvaise formation. Evidemment, informer et former, j’ai été longtemps très impliqué professionnellement. Donc … rechercher la bonne info, pour commencer. L’expérience personnelle est importante, mais forcément limitée. Elargir sa base de connaissance, réfléchir au delà des idées reçues est indispensable.

J’ai vu de très près un accident stupide (2 morts), causé par un manque flagrant d’information et de formation. Un accident banal, au scénario « exemplatif », un véritable cas d’école. Sauf à dire : « Ils n’avaient qu’à ne pas monter dans un avion », ces morts étaient totalement innocents. Pas l’instructeur (qui s’est en effet senti responsable), pas les autorités de tutelle, évidemment intouchables, mais coupables d’immobilisme, de paresse crasse, d’étroitesse de vue … et d’un orgueil incommensurable masquant difficilement leur totale incompétence. J’ai encore la haine, trente ans plus tard.

Information et formation : les bases de la prévention.

L’expérience partagée, la plus large possible et exploitée au mieux : c’est là l’essentiel de l’information …

Voilà … J’ai vu que le Club de Grenoble avait mis en place une commission dont voici les lignes d’action (je cite) :

  • inventorier et cataloguer les dangers, les risques et les dispositions préventives existantes,
  • compléter ces dernières si nécessaire,
  • pérenniser la démarche.

C’est presque le propos initial de cette discussion … : un outil pour mieux cerner les dangers, les circonstances aggravantes, les enchaînements … découvrir aussi des dangers mal perçus … La démarche de « prévention » est une démarche universelle.

Posté en tant qu’invité par tetof:

Paul, le lien n’était pas pour un sujet particulier.
La plupart des articles de l’OPMA sont interessants. Ils permettent de recadrer notre pratique personnele dans le cadre plus générale de l’alpinisme et ses évolutions.
Parler des accidents et de leur préventions necessitent au préalable de bien poser la problématique « prise de risque ».

Je suis arrivé à la conclusion personnelle que la formation ne réduisait pas necessairement les risques. La formation ainsi que tous les autres outils (GPS, etc…) te permettent d’enviseager des courses plus difficiles. Je peux me tromper mais les risques augmentent de façon exponentiel avec la difficulté de la course alors que l’expérience augmente plutot de façon linéaire, voir plafonne. C’est paradoxale mais tous ce qui te permet de monter le niveau va augmenter les risques et ta probabilité d’avoir un pépin.

Pour être en sécurité, il faut progresser, se former, acquèrir de l’expérience et SURTOUT ne pas vouloir monter le niveau des courses. Accepter de tourner à un niveau X alors qu’on a un niveau X++ n’est pas la chose la plus facile et je connais guère de personne le faisant.
On est bien d’accord, je ne parle pas de niveau 4a, 6a ou 9a mais bien du niveau de la course.

Posté en tant qu’invité par JLC:

Bonjour,

J’ai environ 5-6 témoignages par an. C’est apparemment peu (pour un club de 2000 licenciés), mais il est bien évident que je n’ai pas connaissance de tous les événements : il n’est pas facile de dire comment et pourquoi on a eu tel incident, et puis, le « manque de temps », le report à plus tard, etc… (bien humains) font que je manque une partie des infos. L’essentiel est que les témoignages recueillis sont tous intéressants.

Pour compléter ma remarque sur le manque d’implication des pouvoirs publics et des assureurs dans la prévention :
il ne s’agit pas de se voir imposer des diktats, ce qui peut effectivement être un risque si des allocations de moyens donnent lieu à des contreparties contraignantes. La montagne doit rester un espace de liberté … par conséquent aussi de responsabilité.
Mais :
_ les assureurs n’ont-ils pas intérêt à voir baisser le nombre d’accidents en montagne, ne serait-ce que, de façon intéressée, pour diminuer les financements de secours ? oui sans doute, mais j’imagine que le gain estimé n’est pas encore suffisant pour « rentabiliser » le financement de démarches de prévention ; ce qui n’est pas le cas, comme il a judicieusement été évoqué, pour les accidents de la route, bien plus nombreux et coûteux.
_ les maires, responsables juridiquement des accidents qui peuvent survenir sur leur territoire communaux, n’auraient-ils pas intérêt à mener un peu plus d’actions (balisage au départ des randos, leaflets avec des conseils dans les offices du tourisme,…) ? ça ne me semble pas relever d’une « pression », mais de conseil et d’information. Savoir que tel secteur de rando est très aérien n’interdit pas d’y aller, mais permettrait à certains (familles,…) de choisir un objectif plus en rapport avec leurs capacités.
_ en mai 2006, suite à un hiver particulièrement meurtrier à cause des avalanches, le ministère des sports a annoncé des mesures pour accentuer la prévention, analyser les causes d’accidents, en exploiter les résultats, etc… M’étant intéressé au sujet, je puis vous dire que « la montagne a accouché d’une souris »…

Il est clair pour moi qu’une démarche de prévention des risques, pour laquelle je m’implique, dépasse nettement le cadre de l’activité bénévole, si on veut la mener largement, dans le temps et dans l’espace.
Donc, ça demanderait quelques moyens, orientés vers l’information, l’éducation, la formation.
Il ne s’agit pas de dire que rien n’est fait, puisque, par exemple, les formations délivrées par les fédérations sportives sont subventionnées. Mais il y aurait tellement mieux et plus à faire !
J’ai souvent l’impression qu’on attend « le gros pépin », médiatisé, pour prendre des dispositions de bon sens.

[%sig%]

Posté en tant qu’invité par Marc Lassalle:

Pour compléter ton intervention, il semble malheureusement, même au sein des clubs, que l’on souhaite occulter tout ce qui parle d’accidentologie ou de situations à risques.

Exemple vécu : dans mon club de parapente, l’ancien Président (remplacé depuis la dernière AG) n’a jamais voulu évoquer en Assemblée Générale annuelle du club les problèmes des accidents survenus aux pilotes du club au cours de l’année écoulée.
« C’est bien sûr la faute des pilotes accidentés et il n’ y a rien à dire sur le sujet » !

Je crois au contraire qu’au sein des clubs, nous aurions tout à gagner à échanger sur les accidents survenus dans l’année et aux situations accidentogènes auxquelles se sont retrouvés confrontés les uns ou les autres (sans conséquences).
Je suis convaincu que de tels « débriefings » seraient très utiles à la sécurité de tous.
J’ai bien l’intention de remettre le sujet sur le tapis lors de la prochaine AG du club.

A+ Marc

Posté en tant qu’invité par Paul G:

Marc Lassalle : « l’ancien Président (remplacé depuis la dernière AG) n’a jamais voulu évoquer en Assemblée Générale annuelle du club les problèmes des accidents survenus aux pilotes du club au cours de l’année écoulée. »

J’ai ressenti quelque chose de similaire. J’ai traversé plusieurs clubs (montagne !) qui avait eu des accidents mortels en collectives.
J’ai été frappé d’avoir des attitudes très différentes.

Au CAF d’Annonay (une avalanche avait fait 3 morts et plusieurs blessés graves), plusieurs personnes m’ont raconté de manière détaillée l’accident. Les récits étaient concordants, et tout le monde – présents ce jour là ou non – semblaient en avoir tiré des enseignements.

Dans d’autres clubs, les récits allaient très vite vers « c’est la fatalité, un mauvais concours de circonstances, il n’y a rien de plus à dire ». Et les histoires divergeaient… Parce que ces accidents ont laissé des souvenirs douloureux, on semble refuser de regarder les choses en face. A mon niveau, j’ai ressenti des non-dits, et des tensions dans ces clubs là. Et je crois que sur le long terme, ce passé « pèse » sur le club.

Ca relève un peu de la psychanalyse de groupe, +/- bien menée selon les cas…