Alpinisme : un besoin de formation bien réel ?

En alpinisme, il y a toujours eu en rapport très professionnel, voir conflictuel, entre guides et encadrants bénévoles. Mais nous étions arrivés à une relation à peu près équilibrée, avec des sorties encadrées par des encadrants bénévoles, dont les compétences avaient été validées par des guides lors de stages Initiateurs (en gros …).
Mais, comme je le disais plus haut, dans de plus en plus de clubs, cette logique est remise en question. Pour diverses raisons …

Parfaitement d’accord. Il y a souvent plusieurs réponses techniques possibles à un problème dans des contextes différents, mais certaines seront plus adaptées que d’autres. C’est en croisant les formations et les « écoles » que les pratiquants pourront acquérir de plus en plus d’expérience et de solutions techniques.
A associer à un esprit critique sur lui-même comme sur les formations qu’il peut acquérir.

La raison principale est très certainement l’évolution juridique de la notion de responsabilité attribuée de façon systématique au Président du Club qui est désormais obligé de se protéger en balisant toutes les organisations qui relèvent de sa compétence, à commencer par la qualification des encadrants, et la distinction entre les sorties club inscrites au calendrier et les sorties privées entre membres.
On a beaucoup perdu en spontanéité (donc moins, voire plus de sorties improvisées riches en nouvelles rencontres et nouvelles découvertes), on a perdu des bénévoles compétents, mais non diplômés, et on a gagné des « bénévoles » forcés d’accepter les contraintes imposées, mais qui comptent leurs sous et leurs heures au détriment d’une réelle passion à transmettre.

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Comment te dire que cette vision est très belle, mais quand tu connais la réalité du métier de guide en terme de rémunération, de précarité, d’usure du corps, et de responsabilité sur le terrain (chaque année des collègues décèdent au boulot)… C’est assez osé d’attendre que les guides aillent faire bénévolement de la formation à des personnes très souvent CSP :face_with_raised_eyebrow:

Par contre on est un certain nombre à faire du bénévolat auprès de publics défavorisés, via par exemple 82-4000 solidaires ! Ça fait beaucoup plus de sens;)

Concernant les clubs, le plus gros soucis est le manque d’encadrant c’est clair… Pas simple de trouver du monde avec les compétences, la dispo, et l’envie.
Quand j’encadrai bénévolement avant le guide j’avais parfois 20-30 candidats…
Et le temps des collectives à 10 est heureusement terminé…

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C’est toujours comme ça que ça fonctionne dans de nombreux clubs :wink: Après dans des clubs sans encadrants bénévoles, car les personnes s’usent plus vite que la formation de nouveau encadrants, comment tu fais ?

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Il faut dire que l’évolution de la réglementation et les contraintes administratives ne sont pas faites pour favoriser l’encadrement bénévole.

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Je suis pas complétement d’accord : l’évolution est effectivement plutôt négative, mais elle a le mérite de mettre un cadre.
Et pour moi ce sont les présidents qui ont beaucoup de responsabilité dans certains clubs, car rien n’oblige un encadrant à avoir le diplôme fédéral. Un parcours de formation solide et validé à la fin par un guide est un argument solide devant un juge en cas de problème. Ça permet de récupérer pas mal de personnes rebutés par la formation fédérale très lourde et longue, coûteuse, d’un niveau parfois très contestable.

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Il existe au sein de beaucoup de clubs CAF un fonctionnement gérontocratque autour d’un noyau immuable de piliers qui s’estiment incontournables.
A partir du moment où il est possible de mettre en place un programme annuel à peu près étoffé, avec assurance pour ces piliers du club d’y avoir leurs places réservées, peu importe qu’il manque des bénévoles, on ne va pas se fatiguer à valider des candidats non diplômés officiellement (peu importe leurs compétences réelles ou leur vécu avec un professionnel). « Pour changer, on fait comme avant ». Ce mode de fonctionnement contribue aussi à faire fuir les bénévoles potentiels (malheureusement surtout les plus jeunes), mais n’affecte pas les nouvelles inscriptions dont le turnover est important (malheureusement pour le club).

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Pour autant que ce soit une réalité dans certains clubs, ce n’est pas pour autant une généralité. J’ai surtout observé une difficulté à trouver des personnes prêtes à accepter la charge de fonctions impliquant certaines responsabilités. A ce titre, des retraités présentent une maturité et une disponibilité qui peut expliquer leur sur-représentation dans de nombreux clubs.

Souvent, ces personnes n’ont aucune volonté à suivre un stage de validation, quand bien même la totalité des frais serait pris en charge par le club.
Peut-être aussi une certaine crainte à voir leur expérience, admirée dans leur club, confrontée à l’évolution des savoirs et techniques plus actuelles …

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Certes, le public qu’on trouve dans les clubs spéléo est beaucoup plus varié (ie nettement moins typé CSP+) que ce qu’on trouve dans la majorité des clubs montagne. Ça peut motiver à donner de son temps.

Concernant la précarité/difficulté de rémunération que tu évoques, on la retrouve chez les DE spéléo.

Mon message est une constatation d’un fait. Ils doivent trouver un intérêt personnel à cet investissement.

On est bien d’accord, mais cet aspect n’est visiblement pas incompatible avec la faculté qu’ont certains de se rendre incontournables, en particulier pour les sorties, tout en ne prenant jamais aucune fonction au sein du club.

S’engager à suivre une formation fédérale, surtout si elle est financée par le club, engage le futur bénévole (ce qui est légitime), mais il perd de facto beaucoup de sa liberté, en particulier sa liberté d’encadrement bénévole.

Après l’un n’empêche pas l’autre ?

Je veux dire, utiliser un guide lors de sorties de club, où les bénévoles n’ont pas le niveau / lorsque la sortie est trop risquée ( me semble que c’est souvent le cas ). Donc une complémentarité.

Mais je pense à des clubs alpins « normaux », avec des ambiances conviviales et du respect et pas trop de monde.

J’ai l’impression que vers Grenoble ( et probablement ailleurs) c’est assez particulier, je ne connais pas, mais tout a l’air de masse, avant tout la performance, le respect pas top ( environnement et des personnes, de la nature ), des chemins mal entretenus, du business, etc.

Personnellement l’annonce de ce fil je vois aussi comme du marketing. A la base. Mais si c’est vraiment le bordel je peux comprendre.

C’est pas tout à fait faux. Mais il faudrait apprécier activité par activité, car les motivations ne sont pas communes ; ce n’est pas simple.
Je pense également qu’il faut considérer :

  • Grenoble et ses environs proposent un large éventail de sites pour toutes les activité de montagne et de fait cette destination est très convoitée par les amateurs d’activités de nature, des étudiants jusqu’aux travailleurs de la Tech, des personnes disposant de temps libre, enseignants par exemple. Cela induit une forte demande à laquelle les clubs ne peuvent pas toujours répondre.

  • La motivation des encadrants bénévoles n’est pas non plus homogène ; de celles et ceux qui veulent transmettre à d’autres parfois motivés par un avantage lié au statut (réductions dans les refuges, valorisation dans sa sphère privée ou auprès des encadrés, disposition de matériels et équipements…)

Il y a sans doute d’autres aspects à considérer.

Donc, oui, il y a un créneau qui s’ouvre et par conséquent des initiatives commerciales qui fleurissent.

Mais y a pas des clubs alpins associés à chaque « village », petite ville aux alentours ?

J’ai de la peine a m’imaginer, c’est vrai que Grenoble c’est une très grande ville quand même. 150’000, mais 450’000 avec agglomération. Et le tout entouré de montagnes … Ça doit pas être évident comme cohabitation.

C’est quand même très particulier, je connais pas beaucoup d’énormes villes au pieds des montagnes, donc pareil pour tous les problèmes spécifiques à ça :sa:

Ben j’imagine, ça doit être un mélange de tout
… Je m’imagine toujours un club alpin comme plutôt petit, avec des bénévoles qui veulent partager leur savoirs. Et les guides comme des locaux qui aiment la montagne et veulent juste vivre de ça. Et avec des petits salles d’escalade toutes pourries pour s’entraîner xD

Et du coup je comprends mieux comment ça peut finir avec des « refuges » plus vraiment refuges par exemple.

Et la ville est toujours en expansion ? Et me demandais pour la pollution, comme entouré de montagnes ( je sais que Sion en Suisse, même si 10 fois plus petit quasi, ça souffre bcp de ça a cause des montagnes autour ).

Et la montagne est très mis en avant comme « produit » ? Ou pas forcément, et certains s’en fichent ?

Y a quand même des villages aux alentours ? Ou c’est vraiment proche de tout Grenoble ? Et n’importe qui peut se dire -> tiens, je vais aller faire de la randonnée. C’est similaire aux problèmes qu’il y a dans les Calanques ?

Toutes les montagnes ont leur spécificité et doivent être belles. Mais parfois en venant sur le forum, j’ai vraiment l’impression d’être dans un autre monde ( pourtant j’ai visité des montagnes partout sur terre, et je trouvais toujours que ça restait plutôt Villageois ). Après en France je suis allé que au sud ( de Lourdes, frontière avec l’Espagne quasi, oublié le nom, et ça m’avait l’air normal ). Et vers Argentière, ça avait aussi l’air petit.

Faudrait que j’aille voir par moi même une fois. Mais ça me donne plus trop envie. Pourtant je suis sur que c’est magnifique. Mais c’est dur d’aller visiter un endroit, si on sait que ça risque d’encore + saturer l’endroit ?

Je connais pas la taille du massif, et y a sûrement des endroits sauvages, ça doit pas être si petit non plus.

Mais un demi million de personnes au même endroit quasi, aux pieds des montagnes, j’arrive toujours pas à m’imaginer. C’est assez unique comme cas.

Y a d’autres exemples similaires sur Terre ? Et y a une raison particulière ?

On est très loin d’un club par village.
Pour le CAF, Grenoble et agglomération = 11 clubs affiliés FFCAM. 34 pour tout le département de l’Isère, 29 pour la Savoie, 36 pour la Haute-Savoie.
Si on ajoute les clubs FFME qui sont très loin d’avoir une activité alpinisme, on doit pouvoir multiplier par 2, guère plus.

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Oui, il faut venir voir par soi-même, il y a encore de beaux endroits pas trop fréquentés, plein de belles personnes à rencontrer. Chacun s’assemble avec son pendant et comme dans toutes les grandes villes il y a des chemins de traverse.

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Mais y a pourtant 4 massifs ? 0.o ( je me renseigne, je découvre, c’est étrange ).

Oui, je pense que la ville en elle même a une belle histoire aussi, donc ça doit être intéressant ( même hors montagnes). Y a même + de mosquées que d’église catholiques ( bon, je suppose qu’ils comptent que les grandes églises sur wikipédia ), c’est très étrange ( mais normal en y réfléchissant ).

Euh, c’est quoi la différence entre le CAF, FFCAM et FFME ?

Mais ça me parait peu comparé à la (haute)savoie.

Et y a des raisons pour ça ? Je veux dire, pour le peu de clubs alpins. Y a quand même l’air d’y avoir beaucoup de montagnes. C’est + axé sur le tourisme ? Ou c’est juste que ça saoul les gens ?

Ah, mais je viens de comprendre à quel point y a des stations touristiques connues a côté de Grenoble :sweat_smile:

Et montagnes aussi.

Et je comprends mieux le noms capitale des Alpes. J’avais pas compris que c’était lié à la fréquentation / emplacement aussi. Au moins j’évolue xD

Oula …

Donc la FFME de nos jours a un plus grand « pouvoir » que le CAF ? C’est eux qui gèrent toutes ce qui est compétition ? Que soit soit escalade au JO, mais aussi trail ( ou rien à voir ) ? Et le ski aussi, ou c’est la fédération française de ski ? ( Ah, mais la FIS c’est international ).

Mais y a une grande différence de mentalité du coup entre FFME et CAF ? Tu peux être guide de montagne FFME ? Le FFME verra l’alpinisme/escalade sous un œil performance, le CAF comme le CAS par exemple ? Après y a des liens entre les deux ? L’escalade sur glace c’est la FFME aussi ?

Désolé pour toutes les questions.

Je veux dire par là, y a des gens de la FFME ( disons des jeunes passionnés d’escalade ), sur les mêmes voies en extérieur que des gens « normaux » ( caf ou même pas ? ). Ou ils restent en salle plutôt ?

Et y a aussi des militaires ? Ça fait parti d’autre chose encore, ou c’est lié ?

La FFME propose aussi des stages d’alpi (et même ski de rando, je pense). L’avantage (pour certains) c’est qu’on peut s’inscrire dans un stage sans engagement à l’année.

Hahahaha xD

Mais tu peux pas t’inscrire à un CAF et y aller quand tu as envie / besoin ? Mais oui, ça peut être pas mal pour les stages je pense