Alpinisme : Sport dangereux?

Posté en tant qu’invité par gédéon3:

Aller en montagne à cause des risques, ça ne veut rien dire !

Posté en tant qu’invité par bof:

Soyons concrets et lucide : le cimetière de Chamonix est un des plus jeune cimetière de France.

non, mais ce qu’il veut dire, c’est aller en montagne POUR les risques.

Peut être un des cimetières avec le plus de jeunes car tous les cimetières de France ont à peu prêt le même âge.

Cela dit, l’alpinisme est certainement plus dangereux que la pétanque ou les dominos. Mais quand on pratique, on n’y pense pas. On fait son boulot d’alpiniste. Gardez-vous à droite, gardez-vous à gauche, assure sec, du mou sur la rouge, où est le prochain spit, grouille-toi ces connards vont nous passer devant et ça va bouchonner etc. Bref, on n’a pas vraiment le temps de se poser des questions egzitentielles.
Alors dangereux, l’alpinisme ? Sans doute pas plus (ni moins) que la spéléo ou le parapente

Posté en tant qu’invité par bof:

[quote=« Lutin, id: 1762299, post:25, topic:156691 »]

Peut être un des cimetières avec le plus de jeunes car tous les cimetières de France ont à peu prêt le même âge.[/quote]

Tu avais bien compris.

L’alpinisme pratiqué de facon intensive, a un bon niveau moyen de pratiquant amateur, devient rapidement un pratique mortifère !
Il n’y a pas besoin d’être dans l’élite. Un petit niveau de pratiquant amateur TD grande course suffira à accompagner trop régulièrement ses amis au cimetière.
Mais, ce n’est pas pire, ou meilleur, que la wing suit.

Juste un peu d’humour sur un sujet sérieux.

[quote=« bof, id: 1762304, post:27, topic:156691 »]L’alpinisme pratiqué de facon intensive, a un bon niveau moyen de pratiquant amateur, devient rapidement un pratique mortifère !
Il n’y a pas besoin d’être dans l’élite. Un petit niveau de pratiquant amateur TD grande course suffira à accompagner trop régulièrement ses amis au cimetière.[/quote]
Certes, mais pourquoi alors le pratiques-tu assidûment ?

Posté en tant qu’invité par gédéon3:

Enfin moi j’ai toujours entendu dire que les accidents mortels, ça arrivait dans les voies faciles et à la descente. …les histoires de TD, c’est juste de la littérature. …

Et aussi dans des faces neigeuses en été :confused:

Cette phrase m’a interpelée.
Ça fait 40 ans que je vais en montagne, avec une période où j’ai pas mal engagé la viande, seul ou encordé et effectivement, la liste de mes copains morts en montagne est assez (trop) conséquente. Mais en réfléchissant un peu, il se trouve que la plupart, pour ne pas dire presque tous ont eu un accident dans le début de leur pratique (qui correspondait aussi à la mienne), dans ce qui était l’apogée de leur niveau (et de leur prise de risques ?) ; en gros durant les 10 premières années.
De là à dire qu’avec le temps on devient à la fois plus prudent, plus expérimenté, moins assoiffé de performance, moins con (et avec un meilleur équipement) ???

Malheureusement le grand public est encore resté au sensationnalisme des années 50-60.

La comparaison avec la voiture fait long feu, car dans l’esprit de bien des gens on est « obligé » de prendre sa voiture parce-qu’il n’existe pas ou peu d’alternative simple et pratique (tant que l’on ne cherche pas, hein).
Alors que l’alpiniste n’est pas obligé, lui ! Il le fait délibérément.

Du coup ça peut même freiner une évolution professionnelle. « On ne va pas donner des responsabilités à quelqu’un qui prend des risques délibérément ! ». Si, si, je l’ai entendu.
Alors qu’on ne va pas demander à l’assureur de la personne son coeff bonus/malus ni aller vérifier son quota de points de permis.

Selon les milieux, il n’est pas toujours de bon ton de raconter ses WEs.

Merci de vos réponses, c’est sympa de se sentir compris !

Quant à la réponse de bubu, je reviens d’une expédition dans l’Himalaya sur un 6000, je fais des courses mixtes pendant l’hiver, je pratique toute l’année et oui je sais ce que sont les crampons. Merci d’éviter ce genre de remarques qui sont responsables de la dégradation d’un sujet sérieux.
Je préfère seulement nettement l’alpinisme rocheux parce que je préfère la technicité de l’escalade en libre par rapport au mixte et le dry tooling sans pour autant cracher sur ces autres pratiques.

Personnellement je vais en montagne parce que j’ai besoin de ça, parce que j’aime profondément le milieu montagnard sauvage comme on le retrouve dans le Mercantour et ce, aussi bien pour faire une petite randonnée en famille qu’une voie alpine technique.

Posté en tant qu’invité par Toto:

Re bonjour,

voilà une question bien amenée par John D l’aventurier: celle de la volonté de prendre un risque.

Bien que ce que vous dites sur la voiture est juste, c’est à nuancer et de plus en plus de gens font la nuance entre un accident « pas de chance » et un accident où l’on a pris des risques (vitesse, alcool, fatigue, …).
Le problème que les sports de montagne sont généralement perçus comme la seconde catégorie: une prise de risque plus grande que nécessaire. A t’on besoin de crapahuter pour vivre? pour être heureux? D’autres sport sont moins perçus comme tels, à tord: la baignade, le ski de piste, … .

Maintes fois débattue, la question du coup social et économique de ses prises risques parfois considérées comme non nécessaires est une vraie boite de Pandore: doit on payer pour toutes les entorses du genoux apparus dans les match de football, les polytraumatisées des sports mécaniques, les addictions à l’alcool ou au tabac (qui couteraient 240 Milliards d’euro par an en France), etc. Il est bon d’accepter un principe de mutualité universelle, sans créer de catégorie. C’est la seule chose que l’on expliquer au détracteurs de certains milieux précédemment évoqués.

La question qui reste selon moi difficile à répondre, celle du coup sentimental: si l’on doit partir pour notre passion, engendrant probablement quelques moments de tristesse pour nos proches (ami(s), amour(s), parent(s)). Cette prise de risque peut être aussi considérer comme une question d’égoïsme, pour ceux qui restent et qui ne partagent notre passion.

Je serai intéressé de savoir si la réflexion de B.A. est issue d’un long processus ou a été engendrée par un évènement précis. Je n’ai pas 10 ans de montagne, aucun exploit et j’ai pris mes plus gros risques dans des situations débonnaires mais je tends depuis vers la même conclusion, vers une pratique moins unique, plus raisonnée et avec d’avantage d’altruisme dans mes prises de décisions (prises de risques).

Mathieu

Desolé, mais c’est toi qui a écrit que tu considères ne pas prendre beaucoup de risque en faisant des voies P1 ou P2 dans le Mercantour (donc à moins de 3200m, sans glacier sur l’approche ou le retour, peu de névé en été, etc).
Je ne critique pas ces voies, je grimpe principalement ce genre de voie !
Mais je n’ai vraiment pas l’impression de faire de l’alpinisme en parcourant ces voies. Et même quand j’utlise des crampons pour un bout de névé, ça n’ajoute pas de difficultés (juste 400g de crampons alu, mais toujours en baskets : ça n’alourdit pas trop le sac par rapport à une voie à 2000m !).
Entre autre, ces voies sont bien moins engagées qu’une voie où une fois dedans, le plus simple est de sortir par le haut.
Si tu dis à tes potes que tu fais simplement de l’escalade, tu verras qu’il y aura moins d’incompréhension et ils ne te prendront pas pour un fou :slight_smile:

Risque… Ou équilibre entre enthousiasme et lucidité ?

« Pour faire de l’alpinisme, il faut deux choses : de l’enthousiasme et de la lucidité. Accepter de porter un sac, de dormir plus ou moins bien dans un refuge, parfois à un bivouac, d’avoir froid puis chaud, peut-être d’avoir faim, sans doute d’avoir soif, partir en sachant que l’on ne pourra pas arrêter le jeu, c’est-à-dire l’ascension, si tout à coup on en a assez, soit que l’on soit fatigué, soit que le temps devienne mauvais, être tributaire d’un compagnon qui peut-être marchera moins bien, - bref, quitter un confort et des habitudes, c’est cela l’enthousiasme. C’est un beau sentiment, surtout à notre époque qui oublie de plus en plus que l’on a des muscles et une tête qui ne demandent qu’à servir, et dont leur belle fatigue nous procure une paix et même une allégresse intérieures. Marcher, grimper n’est pas du tout un sacrifice, mais l’accomplissement d’une action pour laquelle chacun a, à sa naissance, reçu naturellement ce qu’il faut et qui procure un sain plaisir. Et en dehors de l’action, il n’est après tout ni si dur ni si désagréable d’avoir faim ou froid un moment. A une époque où tout est de plus en plus prévu, programmé, organisé, pouvoir se perdre sera bientôt un délice et un luxe exceptionnels.
Tout autant que de l’enthousiasme, il faut de la lucidité. Ces deux sentiments apparemment contraires se complètent magnifiquement.
La lucidité c’est apprendre à bien connaître ses limites, tout en cherchant à les reculer, et les accepter, c’est-à-dire avant la course ajuster des désirs d’ascension à sa compétence et à celle des membres de sa cordée; pendant la course, être capable à tout moment de faire le point, honnêtement, ce qui est difficile, car il faut alors écarter tout sentiment, toute passion, toute envie de réussir à tout prix pour faire le rapport précis entre les difficultés (éventuellement les dangers) évaluées au plus juste des passages qui restent à gravir et les forces (muscles et tête) de la cordée, afin de décider si l’on peut, si l’on doit continuer ou faire demi-tour. Extraordinaire et merveilleux examen dans le secret de son cœur où la prudence risque parfois de n’être qu’un aspect de la lâcheté, et l’entêtement à poursuivre qu’une stupide et dangereuse déformation de la volonté »
— Gaston Rébuffat,

Pffiou ce Gaston il en avait compris des trucs…

[quote=« B.A., id: 1762321, post:31, topic:156691 »]pour ne pas dire presque tous ont eu un accident dans le début de leur pratique (qui correspondait aussi à la mienne), dans ce qui était l’apogée de leur niveau (et de leur prise de risques ?) ; en gros durant les 10 premières années.
De là à dire qu’avec le temps on devient à la fois plus prudent, plus expérimenté, moins assoiffé de performance, moins con (et avec un meilleur équipement) ???[/quote]

il me semble que c’est connu comme « phénomène » : période de progression assez continue, euphorie des réussites, enchaînement des courses, « spirale de la gagne » en gros, mais en fait accumulation de fatigue, baisse de vigilance, tri plus ou moins inconscient des indicateurs à l’orange voire au rouge (désir trop fort) et ça peut conduire au carton

un certain nombre d’analyses d’accidents mortels en parapente/wingsuit, ski et d’alpi vont dans ce sens, mais pas tous évidemment, c’était pour rebondir sur ce que tu disais

Posté en tant qu’invité par Resine:

[quote=« maitre bonsens, id: 1762288, post:20, topic:156691 »]

[quote=« Joëlle tacxi, id: 1762279, post:16, topic:156691 »]Ça passe ou ça casse.

N’importe quoi !
Rappelle moi de ne jamais aller en montagne avec toi…[/quote]
Désolé de te blesser , c’est pourtant la réalité du moment d’alpinisme :« Ca passe ou ça casse » car rocher , car neige , car glace…[/quote]

Et " ca passe ou ca passe pas donc je rentre a la maison et je reviendrai une autre fois" tu connais ?

Posté en tant qu’invité par bof:

C’est surtout qu’à force de s’exposer, il n’est inéductable d’aller au carton. La durée d’exposition est un paramètre mais également, voir surtout, l’intensité de l’exposition. L’intensité de l’exposition au risque augmente exponentiellement avec le niveau alpinistique.
Bien evidement, il y a également des pépins des personnes tournant dans plus « facile ». Mais, c’est faible par rapport a la proportion des pratiquants.
Quand Moulin faisait ses premières en face N solo hivernale, il engageait beaucoup plus la viande qu’une personne descendant la Vallée Blanche en pleine saison.

J’imagine que c’est la même chose en wingsuit.

l’alpinisme, activité dangereuse,oui car l’exposition est forte et parfois énorme. Cela dit le danger est le plus souvent perceptible, évaluable pour une prise de risque. En ce sens L’alpinisme est peut etre moins dangereux que pour d’autres activités ou le risque ( probabilité d’accident) est moins visible. je pense principalement au ski de randonnée, de la randonnée sur des terrains bien foireux, du VTTengagé…

Très belle citation de Rebuffat, décidément c’est un grand monsieur !

Je trouve qu’avec l’expérience de la montagne, au contraire, on apprends à mieux accepter la frustration de devoir renoncer à une course à cause de la météo ou autre et la prudence prime plus sur l’excitation de la grimpe.

Après l’alpinisme c’est très vaste comme terme, ça englobe tout de l’alpinisme rocheux aux expéditions en haute altitude.

( Quant à l’alpi rocheux, même quand les voies sont rééquipées, il y a quand même un monde entre ça et la grande voie, sachant qu’une voie alpine rééquipée ça veut dire relais sur spits/pitons et quelques points dans les endroits vraiment difficiles juste pour éviter de se tuer mais je ne pars jamais sans mon jeu de coinçeurs. Après en s’engageant dans ce genre de course on doit être habitué à grimper entre les points et à l’engagement d’une course montagne… Un grimpeur seulement habitué à la falaise où à la grande voie se ferait peur. )