Alpinisme : Sport dangereux?

Bonjour mes amis,
Souvent, lorsque je dis aux gens que je suis alpiniste ou grimpeur, j’ai beaucoup de réponses très négatives, en me demandant pourquoi je recherche la mort et que de toute façon c’est un sport où on finit forcément par se faire très peur ou se tuer.
Au début on rigole puis ça fait quand même réfléchir.
J’ai appris l’alpinisme dans les règles de l’art avec une formation dispensée par des guides, aujourd’hui je pratique principalement l’alpinisme rocheux dans mon merveilleux Mercantour, dans des courses classiques et moins classiques jusqu’au niveau TD+. Pour chaque sortie, je prends soin d’étudier le topo, la météo, de trouver des photos et des commentaires sur C2C et de choisir pour les voies techniques des itinéraires avec relais équipés. Au final je n’ai pas l’impression de « risquer ma vie » ni celle de mon second, pas plus qu’en allant grimper en falaise.
J’ai connu des situations un peu périlleuses mais on a réussi à gérer ça au mieux.
J’ai en tout cas l’impression que je prends beaucoup moins de risques que les gens qui tentent de faire des sommets d’alpinisme facile en « randonnée » sans corde ni sans techniques d’escalade.

Qu’en pensez vous? Vous avez déjà été concernés par ça?

Amicalement

Psycho

comme dit dans un autre sujet, il y a alpinisme et alpinisme… dis leur que tu fais de l’alpinisme plaisir, sans engagement et sans risques objectifs, pas d’avalance de serac de crevasses et avec plein de points d’assurance.

Après quand tu pratiques beaucoup, petit à petit la liste de copains/connaissances blessés ou pire s’allonge, c’est terrible à dire mais vrai. Evidemment ski et alpi neigeux sont bien plus dangereux que des grandes voies sur rocher.

Merci Baltringue pour ton message !
Tu as raison, j’ai connu la disparition de quelques gens que j’appréciais, qui ne faisaient pas parti de mes amis proches cependant et d’autres copains qui se sont blessés mais il faut voir aussi ce que les gens font, certaines pratiques étant plus dangereuses que d’autres.

[quote=« Psycho, id: 1762197, post:1, topic:156691 »]je pratique principalement l’alpinisme rocheux dans mon merveilleux Mercantour, dans des courses classiques et moins classiques jusqu’au niveau TD+ (…) itinéraires avec relais équipés.
(…)
J’ai en tout cas l’impression que je prends beaucoup moins de risques que les gens qui tentent de faire des sommets d’alpinisme facile en « randonnée » sans corde ni sans techniques d’escalade.[/quote]
C’est simplement que tu ne fais pas du vrai alpinisme, mais de l’escalade en altitude. :slight_smile:
Combien de fois as-tu eu besoin des crampons pour rejoindre l’attaque ?
Si tu te foule un ongle au milieu de la voie et que tu veux redescendre, combien de temps ça prend pour rejoindre une zone où on a plus besoin de corde (le pied de la falaise le plus souvent) ?
Quel différence avec de l’escalade en grande voie sur des falaises à 1500 ou 2000m ?

disons que c’est une activité où il arrive que les erreurs ou imprudences se payent cash
et que là comme ailleurs, le hasard malheureux peut provoquer des accidents

mais cela ne me semble pas plus dangereux que de rouler en voiture et le risque ne me parait pas supérieur à celui de mourir prématurément (avant 60 ans) de maladie : parmi mes connaissances alpines, ces trois causes de décès sont à égalité

Ce n’est pas une activité sans risque, et comme beaucoup d’activités en milieu naturel il arrive que des situations imprévues se présentent, comme dans la plaisance, la plongée, le vol libre, le VTT…
C’est une activité où on peut accepter (je n’aime pas le mot prendre) plus ou moins de risque, à chacun de fixer ses limites.
En trait d’humour, je dirais que plus on vit vieux et plus on connait de gens qui sont partis, c’est également vrai à la belote.
L’important n’est-il pas d’essayer de vivre heureux, et que chacun respecte le bonheur de l’autre.

Posté en tant qu’invité par Toto:

Salut Psycho,

je suis dans la même interrogation que toi: la prise de conscience, objective ou subjectivement sur évaluée, des prises de risque en montagne. Pas pour les mêmes raisons que toi semble t’il, mais les questions sont les mêmes.

Et il y a de quoi centrifuger le cerveau avec ces questions. Deux lectures:

  • le Petit Traité de l’Abandon d’Alexandre Jolien, qui m’a permis de prendre un de recul et d’accepter la part aléatoire du destin,
  • Erich Fromm. Je suis tombé sur un cour de M. Onfray dessus, mais je n’ai pas encore fini de le lire - il a bossé sur la pulsion de mort.

Voilà, désolé, pas de réponse je n’en ai pas. Je les cherche, pour m’apaiser. Mais je trouve que ce question est sain.

Mathieu

Explique à tes interlocuteurs qu’il ne faut pas confondre « difficile » et « dangereux ».
L’alpinisme, ce n’est pas forcément « prendre des risques », ca peut être « gérer le risque ».

Ca fait 30 ans que je fais de la montagne, je ne me suis pour l’instant rien cassé.
Et à côté de ça j’ai plein de collègue de boulot qui ont eu des accidents de voiture, de bricolage, de ski de piste ou qui sont tombés dans les escaliers…

Qt à la définition de l’alpinisme, je pense que chacun à la sienne.
je ne vois pas pourquoi cela impliquerait forcément piolet ou crampons.
Une GV en altitude, est-ce de l’alpinisme ?
Une GV sur coinceurs, est-ce de l’alpinisme ?
Etc…

Pour expliquer le risque aux incrédules, je reprends la pertinente comparaison utilisée par le grimpeur solo Alex Honnold : c’est comme la conduite automobile !
À savoir qu’il y a des milliers de morts sur la route chaque année. On a tous certainement connu des tragédies de proches. Et même vécu soit-même de petits accidents sans gravité. On a même vu plusieurs fois des voitures gravement accidentées au bord de la route… Et lu dans les journaux le récit des morts sur la route… Pourtant on a continué de prendre la voiture. Pareil en grimpe.

Et lors de la conduite à 90km/h sur route de campagne ou à 110-130 sur autoroute, une minute de distraction ou d’endormissement au mauvais moment et c’est probablement la mort… donc on reste attentif et vigilant. Pareil en grimpe.

Avec la voiture, on a tous appris à gérer la peur de l’accident, à mieux évaluer les risques (probabilités d’accident), à faire la balance entre risque et avantages/plaisir, à se résigner, etc. Est-ce que les automobilistes sont des fous/inconscients parce qu’ils mettent en jeu/péril leur vie au moment de démarrer la voiture ? Parce qu’ils utilisent la dangereuse voiture hors de toute nécessité vitale ?

Il suffit de lire les biographies des grimpeurs de renom pour voir que chacun se pose les mêmes questions.
Il s’agit d’une très bonne question philosophique sur la vie et la mort, que chacun a un jour où l’autre :
« Ce qui donne du sens à la vie donne du sens à la mort »
« Il n’existe pas de destinée, hormis la mort »

[quote=« Lutin, id: 1762253, post:11, topic:156691 »]Il suffit de lire les biographies des grimpeurs de renom pour voir que chacun se pose les mêmes questions.
Il s’agit d’une très bonne question philosophique sur la vie et la mort, que chacun a un jour où l’autre :
« Ce qui donne du sens à la vie donne du sens à la mort »
« Il n’existe pas de destinée, hormis la mort »
…[/quote]

C’est qd-même très différent d’ouvrir des voies nouvelles - de bas en haut - et de faire de l’alpi classique.
Ds l’ouverture, il y a une prise de risque bcp + grande : inconnu des cotations, itinéraires très incertains, réchap difficile, durée incertaine, rocher jamais purgé par aucun passage…

il me semble que certains alpinistes « classiques » aiment jouer ou afficher du risque, bcp plus que nécessaire…

[quote=« Paul G, id: 1762257, post:12, topic:156691 »]C’est qd-même très différent d’ouvrir des voies nouvelles - de bas en haut - et de faire de l’alpi classique.
Ds l’ouverture, il y a une prise de risque bcp + grande […/…][/quote]
Paul,
je voulais dire que quelle que soit la difficulté, quelle que soit l’exposition, quel que soit le risque, nous nous posons tous un jour ou l’autre la question de la mort liée à l’activité, du moins me semble-t-il. C’est une question personnelle sur ce qu’on veut faire de sa vie.

[quote=« vref, id: 1762231, post:6, topic:156691 »]disons que c’est une activité où il arrive que les erreurs ou imprudences se payent cash
et que là comme ailleurs, le hasard malheureux peut provoquer des accident[/quote]

C’est exactement ce que je dit, l’alpinisme sans préparation, c’est du suicide, mais avec une préparation, le risque est bien moindre et largement acceptable.

Et pas mal la comparaison avec la conduite, je m’en servirai la prochaine fois!

Posté en tant qu’invité par Maitre bonsens:

L’alpinisme tient en une phrase : " Ca passe ou ça casse" dicton de Maitre bonsens - écrivain philosophe

Posté en tant qu’invité par Joëlle tacxi:

Ça passe ou ça casse.

N’importe quoi !
Rappelle moi de ne jamais aller en montagne avec toi…

[quote=« Lutin, id: 1762271, post:13, topic:156691 »]

[quote=« Paul G, id: 1762257, post:12, topic:156691 »]C’est qd-même très différent d’ouvrir des voies nouvelles - de bas en haut - et de faire de l’alpi classique.
Ds l’ouverture, il y a une prise de risque bcp + grande […/…][/quote]
Paul,
je voulais dire que quelle que soit la difficulté, quelle que soit l’exposition, quel que soit le risque, nous nous posons tous un jour ou l’autre la question de la mort liée à l’activité, du moins me semble-t-il. C’est une question personnelle sur ce qu’on veut faire de sa vie.[/quote]

Je ne me retrouve pas dans ta philosophie.
Perso, je pense plutôt à ma sécurité qu’à la mort.
Je ne vais pas en montagne pour y mourir. J’y vais parce que c’est beau, et que c’est un jeu rigolo.
Je fais de l’alpinisme, mais je ne cherche aucunement à prendre des risques.
Au contraire, je cherche à les minimiser !
Pour moi, un bon alpiniste est qq qui sait progresser avec le maximum de sécurité, c.a.d. en posant rapidement des protections correctes.

Aucune montagne ne me semble mériter qu’on meurt pour elle…

D’ac. J’aurais plutôt tendance à dire que je suis prêt à mourir en montagne si cela me permet de vivre épanoui, et pour autant je ne suis pas prêt à prendre tous les risques, loin de là.
Fil d’échanges intéressant.

Le plus dangereux dan une course en montagne c’est le trajet en voiture …

Posté en tant qu’invité par maitre bonsens:

[quote=« Joëlle tacxi, id: 1762279, post:16, topic:156691 »]Ça passe ou ça casse.

N’importe quoi !
Rappelle moi de ne jamais aller en montagne avec toi…[/quote]
Désolé de te blesser , c’est pourtant la réalité du moment d’alpinisme :« Ca passe ou ça casse » car rocher , car neige , car glace…

Disons qu’on va en montagne malgré les risques, et non pas à cause des risques. Quoiqu’il doit bien y avoir, par ci par là, quelques caractériels surexcités ou quelques psychopathes illuminés, qui ont mal lu Guido Lammer, et pour qui la mort en montagne est l’orgasme de l’alpiniste.