Posté en tant qu’invité par strider:
(suite du récit…)
Les paroles d’Albert furent appliquées à la lettre. Roger descendit en clopinant le sentier en direction du village et quelques heures plus tard, Jean-Loup le Tavernier et Pat le catalan revinrent triomphant de la cime de la Glandouille.
-Ha bé c’est sur, hé! Ca ressembleu point aux Pyrénées!
-Et les spantiks, elles allaient bien?, demanda Albert
-Ha bé c’est de l’amoureu de godasseu que cetteu paireu de chaussurreu-là!
-Et tes raquettes, Jean Loup, pas de souci?
-Pas de problème même dans les devers à 50° face à la pente, dit Jean Loup, cet hiver je vais encore doubler en descente les skirandonneurs!
-Ha bon, avec cette paire de raquette?
-Les meilleurs du marché, les TSL « j2futuratrust », affirma Jean Loup, les plus chères aussi, près de 400 euros la paire!
-Houla, en effet!!, dit Albert scotché
-Ha bé c’est le prix d’uneu paireu de Spann’tiques!!
L’après midi suivante fut radieuse. Le Mont Blanc se pavanait dans un ciel bleu profond comme l’univers.
-Ils sont partis où, Jean Loup et le gars du sud?, demanda Fabien
-Ils sont redescendus, dit Albert
-Déjà?
Dring!!
-Refuge de Prébaveux, j’écoute!..non, on ferme le refuge ce ouiquende…c’est un refuge CAF, il y a toujours un local d’hiver!..il y a tout gaz, cuisinère…le fantôme? Quel fantôme, il y a un fantome dans ce refuge?..non, non je vous assure que le fantôme il va jamais dans le refuge d’hiver…pourquoi?bah, euh, il y fait trop humide, il aime pas ça, voilà pourquoi!..oui, oui, c’est ça…euh, au fait, vous n’oublierez pas de payer dans le tronc commun, hein!..aurevoir!
-Haha, j’espère qu’ils vont pisser dans leur froc, de peur du fantôme!!, ricana Damien
-Du moment que j’ai le chèque dans la petite boîte, pour le reste, ils se démerdent!, dit Albert
Deux jours plus tard, toute l’équipe était devant la trappe au beau milieu des toilettes.
-Bon les gars, au boulot! Et dans l’ordre, on enlève d’abord les cadavres de Beaujo, puis les boîtes de conserve, puis le reste et ensuite on nettoie le sol, ok? Le but : éradiquer la nuisance olfactive!! Bon je vous laisse quelques minutes vous démerdez avec tout ça, moi j’ai un truc à régler dans la cuisine, je reviens!
Albert courru rapidement vers la cuisine. Le vieux Roger était tranquillement assis sur la table. Albert ferma toutes les portes et déplaça un meuble sur la bouche d’aération
-Je n’ai pas envi de me prendre vot’ poussière tandis que je traite avec les clients!, cria Albert à ses petits jeunes, alors que la lumière disparu de la bouche, scellée pour de bon.
-Ok , chef!
La dernière porte fermée, Albert se tourna vers le vieux Roger et lui servit un verre de Jurançon.
-ha ben c’est pas de refus!, qu’il fit, le vieux Roger
-Bon parlons affaire, dit Albert, je dois t’avouer que notre petit marché a fonctionné à merveille.
-T’as bien gagné ta saison hein, pas vrai?
-Quasiment deux fois plus que dans mon ancien refuge de haute montagne. C’est plus que je pensais quand je t’ai contacté bien avant que tu démissionnes et que vous avions conclu notre marché.
-Donc je récupère combien de pognon?
-Je te dirai la somme exacte bientôt, dit Albert, Je te ferai un chèque chaque mois pendant les cinq années qui viennent, comme dit sur notre contrat.Mais comme je te disais, c’est plus que la somme convenue.
-Ca va bien arrondir ma retraite, çô, hé, hé!!
-Tu as très bien joué ton rôle, je dois l’avouer et j’ai souvent bien rigolé, dit Albert, le coup des deux gars beurrés, c’était très drôle! Ils l’ont bien mérité d’ailleurs, à déconner comme ça dans mon refuge, non mais!
-J’ai tenu jusqu’à la fin de la saison!!
-Ouais, c’était presque inespéré! Maintenant grace à toi j’ai lancé la promo de mon refuge, c’est ça qui compte, dit Albert en lui servant un second verre de Jurançon, Tu sais que j’ai déjà la moitié de réservations pour l’année prochaine soit après dégonfle et annulations déjà trente pour cent de recettes assurées!
-Qu’il est bon ce Jurançon!
-Ha ce coup du fantôme, quand tu m’as parlé de cette légende, quelle idée, j’en reviens pas! Et tous ces dupes sur cédeucé, ha, ha, ha!, ricana Albert
-Ca marche toujours bien, ces histoires-lô!
-Au fait, dis-moi tu n’es quand même pas resté dans la pièce du bas à longueur de journée, non?
-Bien sur que non, pardi, je rentrai souvent chez moi en journée, tu sais par le chemin dans la gorge que personne ne connaît, tu vois?C’est le genre de ch’min que n’connaissent que ceux qui savent où il s’trouve!
-Ch’ta!! faudra que tu me le montres, c’est pas scabreux quand même?
-Point du tout d’puis que j’ai mis une petite corde fixe, hé, hé!Et tu gagnes plus d’une demi-heure à la montée.Le vieux Roger il a plus d’un tour dans son sac!
-Mais alors les boîtes de diots?
-Pour le renard, pardi!C’est un bon copain, ce renard! J’espère qu’il tiendra l’hiver, ct’asticot-lô!
-Ha,ha! Le renard!! Euh, par contre le matin où tu as fait pété des bouteilles dans la cave, là j’ai pas compris, mes gars ont flairé l’alcool, ils ont eu des soupçons!
-J’ai glissé sur le sol en me réveillant, tu sais, la chiure de chauve-souris! Et je me suis retenu sur l’étagère à bouteilles, elle s’est cassé la gueule mais j’ai eu l’temps d’esquiver.
-Heureusement c’était à 4h, ça ronflait tellement dans les dortoirs qu’ils ont rien entendu!Tu parles à à plus de 60 décibels par gorges!
-Ma réserve personnelle toute en miettes, p*#§¤§ de con! J’ai ragé sec!
-Allez un petit verre de Jurançon pour te consoler!
-C’est pas de refus!
-Albert?, demanda une voix depuis la salle à manger
-J’arrive!, dit Albert, et il s’adressa à Roger : Tires-toi!
Roger prit la bouteille, sortit du refuge en godillant, à la recherche de son raccouri par la gorge dont il me mit guère de temps à trouver, son orientation étant quelque peu instinctive étant donné le contexte.
Albert ouvrit la porte donnant sur la salle à manger.
-Oui?
C’était Damien. Le malheureux ressemblait à un spéléologue après trois jours d’exploration dans une cavité argileuse.
-On les met où les bouteilles?Il y en a qui sont pas pétées et c’est des crus qu’ont plus de vingt ans!
-Hé bien c’est simple, les crus on les laisse, les cadavres tu les mets dans le réduit derrière où on les redescendera progressivement. Je vous rejoins, les gars, pas de souci.
Albert pris de soin de finir le verre de Jurançon laissé par le vieux Roger.
-C’est vrai qu’il est bon ce Jurançon!Bon allez maintenant au boulot!
dring!!!
-Refuge de Prébaveux, j’écoute!..ha c’est toi Pat!
-Oui, dit le catalan au bout du fil, jé mé soui dit que jeu voudré revenir l’annéeu prochaineu!
-Ha mais il y a pas de souci!
-Je compteu vénir avec un ami boulanngé et un étoudient’ deu Savoie, jeu ne leur point encoreu demandé mé jeu soui sureu qu’ileu vont accepter! Ca va allez, hé?
-Ho bah moi tout me va! Pour quand?
-Le quinzeu aout !
-Ha désolé Pat mais c’est complet!Le lendemain?
-Ha bé va falloir que je vois avecqeu mes erretété et l’Boulanngé et l’étoudiente mais j’ réserv’eu quand mêm’ !
-Ok pas de souci, pat!
-Bé jeu te dis à l’année prochaineu!
-C’est ça, à l’année prochaine!
-Aurévoir!
-Au fait, Pat, tu n’oublieras pas tes spantiks, on sait jamais, dans les Alpes, en aout, il peut toujours neiger!!
FIN