Posté en tant qu’invité par Producteur:
Alain Robert fait de l’escalade comme d’autres font la Star’Ac.
Par narcissisme, pour être reconnu, pour être aimé, pour être connu.
Certains trouveront ses motivations totalement méprisables, un pauvre type qui compense son problème narcissique par le spectacle au lieu d’aller suivre une bonne psychanalyse. Mais après tout, à chacun ses solutions et si c’est ainsi qu’il trouve son équilibre, tant mieux pour lui (à défaut de rendre le personnage intéressant, sympathique, admirable ou respectable) : il y en a tant d’autres qui font cela.
Le problème, c’est que parallèlement l’image d’Alain Robert glisse vers celle d’un phénomène de foire dérisoirement clownesque. Ce n’est pas un type brillant en communication, en expression. Il n’a pas de propos. Il n’y avait qu’à le voir chez Cauet, ou sa seule ressource a finalement consisté à faire le pitre en grimpant sur des poutrelles, comme un gamin de 12 ans. Je n’imagine pas que les qualités sociales et l’intelligence relationnelle d’Alain Robert lui permettent de « raiseauter » et de fréquenter les gens qui comptent dans les milieux médiatiques. Il reste un marginal et cela doit lui convenir. Enfin, il y a quelque chose de triste chez lui, alors que Jean-Claude Van Damme, par exemple, sait au moins jouer de sa supposée bêtise pour faire rire. Sur ce point seulement, la comparaison avec JCVD n’est pas si mauvaise : Alain Robert non plus n’est pas un modèle ; probablement, aucun gamin ne souhaite lui ressembler.
D’où peut-être la nouveauté du côté de son manager, associer un message politique (si possible pas trop consensuel) à ses ascensions afin de les légitimer et de donner un peu plus de sérieux au personnage. C’est du business, c’est un travail de com’ et, à défaut d’être novateur, ce n’est pas forcément fait sans intelligence.
D’autres se prennent à la fascination et à l’émotion, avec des frissons d’angoisse devant le risque et la mort. Ca fait des lignes dans les médias. Sur ce point, Alain Robert a au moins réussi à se faire médiatiser et à s’inscrire durablement dans les esprits, ce qui n’est vraiment pas une mince affaire et ce qui manifeste une habileté que possèdent peu de grimpeurs, d’aventuriers ou de marginaux. Et puis indéniablement, les « exploits », eux, sont bien là … tant que d’autres ne s’y lancent pas et les rendent ainsi un peu moins exceptionnels. Qu’on le veuille ou non, dans son registre Alain Robert a fait et fait des choses que personne n’a tenté ni réussi.
On parlait du dopage et du sport, avec Alain Robert on pourrait parler du sport et de la société du spectacle.